Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Danemark (suite)

Le rococo français est introduit par Nicolai Eigtved (1701-1754) au palais du Prince de Copenhague, actuellement Musée national. Également dans la capitale et du même architecte, le château d’Amalienborg est le monument le plus important du siècle. Avec le Français Nicolas Henri Jardin (1720-1799) [châteaux de Bernstorff et de Marienlyst], le néo-classicisme fait une apparition précoce. Élève de Jardin, Caspar Frederik Harsdorff (1735-1799) est l’auteur de la chapelle funéraire de la cathédrale de Roskilde.


Sculpture

Le Français Jacques François Joseph Saly (1717-1776) fut appelé en 1752 pour ériger une statue équestre de Frédéric V sur la place d’Amalienborg : inauguré en 1771, le monument est un des plus beaux du genre. Saly exerça par ailleurs une grande influence comme directeur de l’Académie. Au néo-classicisme appartient l’œuvre de Johannes Wiedewelt (1731-1802), qui séjourna à Rome (monument funéraire de Frédéric V à la cathédrale de Roskilde).


Peinture

La figure principale de la période rococo (de 1730 à 1760 environ) est le Suédois Carl Gustav Pilo (1711-1793), qui arrive à Copenhague v. 1740 et y demeure trente ans. Son style libre, aux couleurs allègres, évolue vers 1760 au contact du Français Louis Tocqué (1696-1772), alors au Danemark. Vigilius Erichsen (1722-1782) travailla en Russie et devint le portraitiste préféré de Catherine II.

Il subsiste peu des importantes décorations néoclassiques exécutées par Nicolai Abraham Abildgaard (1743-1809). Dans ses portraits, Jens Juel (1745-1802) poursuit la tradition rocaille, mais c’est comme paysagiste qu’il influencera les artistes de la période suivante.


xixe siècle


Architecture

Christian Frederik Hansen (v. 1756-1845) est l’architecte néo-classique par excellence. L’historicisme — mélange des styles du passé — caractérise la seconde moitié du siècle, avec Johan Daniel Herholdt (1818-1902) et Martin Nyrop (1849-1921), auteurs respectivement de la bibliothèque de l’université et de l’hôtel de ville de Copenhague ; ce dernier édifice, toutefois, marque aussi le passage vers une conception plus originale.


Sculpture

La figure dominante est celle de Bertel Thorvaldsen*, qui, directeur de l’Académie royale des beaux-arts de 1833 à 1844 (date de sa mort), fait l’essentiel de sa carrière à Rome, où son atelier est le rendez-vous des artistes nordiques.


Peinture

La première moitié du siècle constitue l’âge d’or de la peinture danoise. La figure principale en est Christoffer Wilhelm Eckersberg (1783-1853), qui travaille avec J. L. David à Paris. Portraitiste et paysagiste d’une délicate précision, il eut pour élève, notamment, Christen Købke (1810-1848). L’historien d’art N. L. Høyen (1798-1870) donna leur programme — des paysages typiquement danois — aux peintres romantiques : Peter Christian Skovgaard (1817-1875), Johan Thomas Lundbye (1818-1848).

Après avoir fréquenté à Paris l’atelier de Léon Bonnat, Peter Severin Krøyer (1851-1909) alla travailler à Skagen — la pointe la plus septentrionale du Danemark — en compagnie de Michael (1849-1927) et Anna (1859-1935) Ancher. L’influence de l’impressionnisme s’exerce sur Theodor Philipsen (1840-1920) ainsi que sur un groupe de peintres travaillant en Fionie : Poul Simon Christiansen (1855-1933), Fritz Syberg (1862-1939), Johannes Larsen (1867-1961). Mais la personnalité la plus originale est celle de Jens Ferdinand Willumsen (1863-1958), peintre, sculpteur et céramiste proche du symbolisme.


xxe siècle


Architecture

Dans la première partie du siècle, le style historique s’épure en se tournant vers la tradition nationale : le type de l’église campagnarde danoise, exploité dans un sens expressionniste, inspire la monumentale église de Grundtvig à Copenhague, de Peder Vilhelm Jensen Klint (1853-1930).

Le fonctionnalisme s’impose durant les années 30, notamment avec Poul Henningsen (1894-1967), influencé par Le Corbusier, et Poul Holsøe (1873-1966). La brique, chère aux Danois, remplace parfois le béton, ainsi à l’université d’Århus, commencée en 1931 par Kay Fisker (1893-1965) et C. F. Møller (né en 1898). Arne Jacobsen (1902-1971) est l’architecte le plus célèbre, Jørn Utzon (né en 1918) le plus étonnant sans doute, s’inspirant de Frank Lloyd Wright et de la tradition japonaise (Opéra de Sydney, en Australie, dans sa conception première, 1955-1965).


Sculpture

Au naturalisme de Kai Nielsen (1882-1924) [décor monumental de la Blågårds Plads à Copenhague, 1916] et de Gerhard Henning (1880-1967) succèdent les tendances d’avant-garde représentées par le peintre et sculpteur Henry Heerup (né en 1907) et par Robert Jacobsen (né en 1912), mondialement connu pour son traitement du fer. Søren Georg Jensen (né en 1917) et Ole Christensen (né en 1932) taillent souvent dans le granité leurs formes abstraites, comme Erik Thommesen (né en 1916) dans le bois. Jens Flemming Sørensen (né en 1933) expérimente les rapports entre solides et liquides.


Peinture

Impressionnisme et fauvisme exercent leur influence sur le Suédois Karl Isakson (1878-1922), installé au Danemark, sur Harald Giersing (1881-1927) et Edward Weie (1879-1943). Oluf Høst (1884-1966) et Jens Søndergaard (1895-1957) sont fidèles à une expression romantique de la nature. L’expérience cubiste ouvre la voie de la rigueur constructive à William Scharff (1886-1959) et à Vilhelm Lundstrøm (1893-1950). Le surréalisme, introduit en 1930 par Vilhelm Freddie (né en 1909), est mal accepté ; les théories de Vassili Kandinsky et de Paul Klee auront plus d’influence.

Durant la Seconde Guerre mondiale se constitue un groupe d’artistes qui s’inspirent de l’art primitif et de la libre créativité des enfants : ce sont les représentants danois de Cobra*, Henry Heerup, Egill Jacobsen, Ejler Bille, Carl Henning Pedersen, Asger Jorn. Depuis 1947, Richard Mortensen (né en 1910) a joué à Paris un rôle important dans le développement de l’abstraction géométrique, suivi au Danemark par de nombreux artistes. Plus isolé, un Mogens Andersen (né en 1916) plonge dans la nature les racines de son langage non figuratif.

D’après I. V. R.-N.