Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
D

Daimler (Gottlieb) (suite)

Daimler s’associe alors avec l’ingénieur allemand Wilhelm Maybach (1846-1929) et, des ateliers de Cannstatt, sortent, successivement, une voiture hippomobile équipée d’un moteur monocylindrique (1887), puis un quadricycle à tubes (1888) en même temps qu’un petit tramway à quatre places. En 1889, il s’intéresse aux bateaux à vapeur et, grâce à un nouveau moteur à deux cylindres en V, breveté la même année, il réalise des vedettes rapides utilisées pour les liaisons entre les installations portuaires et les navires ancrés plus au large.

En 1926, la Daimler Co., installée à Untertürkheim, absorbe la Benz & Co. et prépare la sortie de la longue lignée des Mercedes.

J. B.

➙ Automobile.

Dakar

Capit. de la république du Sénégal, à l’extrémité la plus occidentale de la côte atlantique de l’Afrique.


Avec 650 000 habitants dans ses limites administratives, c’est la première ville d’Afrique occidentale d’expression française, une des plus importantes de cette partie du continent (dépassée seulement par les grandes villes du Nigeria).


Milieu et développement

La situation et le site de Dakar sont exceptionnels. La presqu’île du Cap-Vert abrite l’une des plus importantes rades naturelles de la côte atlantique d’Afrique, immédiatement au sud de la zone saharienne, ce qui vouait Dakar au rôle de porte de l’Afrique tropicale, première escale et entrepôt pour le commerce maritime ; point de l’ancien continent le plus rapproché de la côte d’Amérique du Sud, Dakar était appelé à servir d’escale pour la navigation maritime et les transports aériens sur l’itinéraire menant d’Europe au Brésil et à l’Amérique du Sud tempérée.

La presqu’île se compose d’une extrémité rocheuse, ancienne île constituée de formations sédimentaires tertiaires et de coulées volcaniques (basaltes et dolérites), reliée au continent par deux flèches de sables, l’une épaisse au nord, l’autre mince au sud, séparant une zone marécageuse aujourd’hui consolidée. Pendant la saison sèche (d’octobre à juin), la presqu’île n’est pas atteinte par l’harmattan (vent sec et brûlant) qui souffle dans l’intérieur, mais elle est balayée par l’alizé marin, frais et humide ; la proximité du courant froid des Canaries aidant, le climat est ici relativement doux (air humide, pas de chaleur excessive en dehors de la saison des pluies), fait exceptionnel en Afrique tropicale.

L’îlot de Gorée, possession des Hollandais au début du xviie s., conquis par la France en 1677, fut le premier noyau de l’agglomération. Le site de Dakar, sur le continent, au sud de l’extrémité rocheuse de la presqu’île, fut occupé en 1857 ; la ville fut érigée en commune en 1887. Gorée y fut annexée en 1929 et est devenue aujourd’hui un centre touristique et résidentiel. La loi du 19 janvier 1964 a inclus dans les limites urbaines l’ensemble de la presqu’île du Cap-Vert, y compris les villages ou anciens villages de l’intérieur (jusqu’à Sébikotane) et l’agglomération de Rufisque.

Dès la fin du xixe s., avec la construction du chemin de fer Dakar - Saint-Louis et les premiers aménagements du port, Dakar se substitue à Saint-Louis (sur l’embouchure du Sénégal, d’accès difficile en raison de la « barre ») comme principal port donnant accès au Sénégal, puis à l’hinterland soudanien (vallée du Niger : chemin de fer Dakar-Thiès-Bamako-Koulikoro, achevé en 1923).

À ce rôle de plaque tournante dans les communications et de centre commercial, Dakar ajoutera en 1902 le rôle de capitale administrative de l’Afrique-Occidentale française. Elle ne le perdra que pour remplacer Saint-Louis comme capitale du Sénégal en 1957-1959.

Le noyau de la vieille ville, au voisinage du port, occupait l’extrémité sud de la presqu’île : quartier des affaires européennes au sud du port ; quartier européen du « Plateau » à l’extrême sud, vers le cap Manuel (mi-administratif, mi-résidentiel, avec le palais présidentiel et l’Assemblée nationale) ; un quartier mixte au centre (moyen commerce européen, libano-syrien et africain ; habitations de moyen standing).

En 1914-1918 avait été créée au-delà, vers le nord-ouest, la Médina, faubourg africain regroupant les habitants de villages détruits à la suite d’une épidémie de peste ; plus tardivement, au nord du port fut créée la « zone industrielle ».

En 1946 encore, l’extension urbaine se limitait à une ligne allant de l’anse de Soumbedioune à l’anse de Hann.

Au cours des vingt-cinq dernières années, le tissu urbain a plus ou moins gagné toute la presqu’île. La Médina, à l’origine agglomération de paillotes, de baraquements en planches ou en tôle séparés par des allées sableuses se recoupant à angle droit, sans éclairage ni voirie, dotées tout au plus de quelques bornes-fontaines où les femmes venaient faire la queue dès l’aube, a gardé son plan géométrique mais s’est construite en « dur », viabilisée, et le peuplement européen s’y est infiltré. Tandis que la ceinture extérieure du Grand Dakar s’est elle aussi urbanisée (université et résidences de luxe de la corniche, notamment à Fann), les bidonvilles ont été rejetés vers l’extérieur et occupent d’immenses superficies, loin sur la route de Rufisque, où se prolonge également la zone industrielle. Au voisinage des aéroports (aéroport militaire d’Ouakam, aéroport civil de Dakar-Yof), les anciens villages de pêcheurs-agriculteurs (N’Gor, Ouakam, Yof) associent à leurs anciennes activités le rôle de dortoir ; hôtels et établissements de luxe en sont relativement isolés et, le long de l’autoroute qui joint la vieille ville à l’aéroport, un rideau d’arbres cache aux visiteurs la vue des bidonvilles. Dans l’isthme, l’énorme village de « déguerpis » de Dagoudane-Pikine et les anciens villages, orientés vers les cultures maraîchères, conduisent à Rufisque, dont le rôle portuaire a pris fin après la Seconde Guerre mondiale et qui est devenue une ville-satellite (deux tiers des salariés employés sur place ; les autres à Dakar).

Pour incontestables qu’elles soient, la ségrégation sociale et la spécialisation des quartiers (cette dernière consolidée par le plan d’urbanisme de 1946) ne sont pas aussi rigoureuses que dans d’autres villes ouest-africaines, la qualité de citoyen français des habitants de la commune de Dakar leur ayant permis parfois de faire obstacle à leur expulsion vers les zones suburbaines.