cyclone (suite)
Un cyclone tropical transformé en cyclone tempéré : Hazel
Le cyclone tropical Hazel a sévi dans la Caraïbe puis en Amérique du Nord en octobre 1954. Deux faits ont dominé son existence : une trajectoire essentiellement méridienne impliquant une profonde pénétration en milieu tempéré et une virulence exceptionnelle maintenue haut en latitude.
Le 5 octobre, lorsqu’il entre en Caraïbe venant de l’océan Atlantique, le météore n’est encore qu’un minimum dépressionnaire à tendance orageuse lié à une onde de l’est. Mais il se creuse très vite et, à partir du 10 octobre, progresse de façon décisive vers le nord. Il glisse alors sur l’Atlantique au large des États-Unis, qu’il atteint au sud de Washington. Après quoi, il passe sur le lac Ontario, où il puise une nouvelle énergie (humidité fournie à la base). Il poursuivra sa trajectoire sur le Canada et finira son existence aux confins du Bassin arctique. Nous savons que les cyclones tropicaux disparaissent normalement lorsqu’ils arrivent sur terre. Ce devrait être le cas pour Hazel au moment où il pénètre sur le territoire des États-Unis, d’autant plus qu’il atteint là une latitude déjà septentrionale. S’il n’en est pas ainsi, c’est qu’il connaît alors un renforcement. Il interfère en effet avec un front froid poussé par une advection polaire. Cela va lui permettre de garder toute sa puissance, tout en prenant une structure frontale (processus « tempéré »). La recharge opérée ensuite sur le lac Ontario relève des mêmes dispositions d’ensemble, en ce sens que les cyclones tempérés évoluant d’ouest en est le long de la frontière Canada - États-Unis connaissent eux-mêmes une régénérescence à l’atteinte des Grands Lacs.
Une dépression frontale virulente évoluant en cyclone tropical : Alice
Alice est née en hiver au large oriental des Petites Antilles septentrionales (le 26 déc. 1954) et a poursuivi sa carrière dans la Caraïbe jusqu’au 4 janvier 1955. Or, à cette époque de l’année, les Antilles sont normalement affectées (du moins au nord) par les advections polaires : le météore est apparu à la suite de l’ondulation d’un front froid par poussée antagoniste d’air tropical indigène. La circulation cyclonique qui en est résultée a donc revêtu des caractères frontaux indiscutables (poussée froide à l’arrière du tourbillon, poussée chaude à l’avant). Le contraste entre la masse d’air polaire et la masse tropicale a même permis un creusement dépressionnaire rapide, ce qui a provoqué des dégâts à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. Dans ce temps, la perturbation a été prise dans l’écoulement alizéen ; d’où glissement vers l’ouest, analogue à celui que connaissent les cyclones tropicaux authentiques qui sévissent, eux, au cours de l’été.
Les exemples qui viennent d’être présentés sont des cas limites. Hazel a fait peur à Washington par son caractère insolite. Alice a de même beaucoup étonné, étant donné la date de son apparition. C’est que, finalement, cyclones tempérés et cyclones tropicaux ont bien, pour l’essentiel, des caractères spécifiques. (Les illustrations sont réalisées d’après des maquettes de l’auteur.)
P. P.
➙ Anticyclone / Circulation / Climat.