Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cyclone (suite)

Un cyclone tropical transformé en cyclone tempéré : Hazel

Le cyclone tropical Hazel a sévi dans la Caraïbe puis en Amérique du Nord en octobre 1954. Deux faits ont dominé son existence : une trajectoire essentiellement méridienne impliquant une profonde pénétration en milieu tempéré et une virulence exceptionnelle maintenue haut en latitude.

Le 5 octobre, lorsqu’il entre en Caraïbe venant de l’océan Atlantique, le météore n’est encore qu’un minimum dépressionnaire à tendance orageuse lié à une onde de l’est. Mais il se creuse très vite et, à partir du 10 octobre, progresse de façon décisive vers le nord. Il glisse alors sur l’Atlantique au large des États-Unis, qu’il atteint au sud de Washington. Après quoi, il passe sur le lac Ontario, où il puise une nouvelle énergie (humidité fournie à la base). Il poursuivra sa trajectoire sur le Canada et finira son existence aux confins du Bassin arctique. Nous savons que les cyclones tropicaux disparaissent normalement lorsqu’ils arrivent sur terre. Ce devrait être le cas pour Hazel au moment où il pénètre sur le territoire des États-Unis, d’autant plus qu’il atteint là une latitude déjà septentrionale. S’il n’en est pas ainsi, c’est qu’il connaît alors un renforcement. Il interfère en effet avec un front froid poussé par une advection polaire. Cela va lui permettre de garder toute sa puissance, tout en prenant une structure frontale (processus « tempéré »). La recharge opérée ensuite sur le lac Ontario relève des mêmes dispositions d’ensemble, en ce sens que les cyclones tempérés évoluant d’ouest en est le long de la frontière Canada - États-Unis connaissent eux-mêmes une régénérescence à l’atteinte des Grands Lacs.


Une dépression frontale virulente évoluant en cyclone tropical : Alice

Alice est née en hiver au large oriental des Petites Antilles septentrionales (le 26 déc. 1954) et a poursuivi sa carrière dans la Caraïbe jusqu’au 4 janvier 1955. Or, à cette époque de l’année, les Antilles sont normalement affectées (du moins au nord) par les advections polaires : le météore est apparu à la suite de l’ondulation d’un front froid par poussée antagoniste d’air tropical indigène. La circulation cyclonique qui en est résultée a donc revêtu des caractères frontaux indiscutables (poussée froide à l’arrière du tourbillon, poussée chaude à l’avant). Le contraste entre la masse d’air polaire et la masse tropicale a même permis un creusement dépressionnaire rapide, ce qui a provoqué des dégâts à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. Dans ce temps, la perturbation a été prise dans l’écoulement alizéen ; d’où glissement vers l’ouest, analogue à celui que connaissent les cyclones tropicaux authentiques qui sévissent, eux, au cours de l’été.

Les exemples qui viennent d’être présentés sont des cas limites. Hazel a fait peur à Washington par son caractère insolite. Alice a de même beaucoup étonné, étant donné la date de son apparition. C’est que, finalement, cyclones tempérés et cyclones tropicaux ont bien, pour l’essentiel, des caractères spécifiques. (Les illustrations sont réalisées d’après des maquettes de l’auteur.)

P. P.

➙ Anticyclone / Circulation / Climat.

Cygne

Très grand Oiseau aquatique blanc ou noir, proche parent des Oies.



Classification

Les Cygnes — représentés par deux genres, Coscoroba, monospécifique, et Cygnus, où l’on reconnaît 8 espèces et sous-espèces — constituent avec les Oies et les Bernaches l’une des onze tribus de la famille des Anatidés, celle des Ansérinés. Ce sont de très grands Oiseaux aquatiques aux larges pattes palmées, caractérisés par la longueur de leur cou, qui comporte de 23 à 25 vertèbres (au lieu de 18 à 19 chez les Oies). Les espèces de l’hémisphère Nord ont une trachée très allongée qui s’enroule dans le sternum, disposition que l’on retrouve chez les Grues, également dotées d’une voix puissante et claironnante. Le plumage, semblable chez les deux sexes, est soit uniformément blanc, soit noir ou blanc et noir au stade adulte. Les Oiseaux jeunes sont brunâtres ou grisâtres.

Les différentes espèces sont réparties dans les régions froides et tempérées des deux hémisphères, où elles vivent de préférence sur les lacs et les étangs. Le Cygne Coscoroba, qui présente certaines ressemblances avec les Dendrocygnes des pays tropicaux, et le Cygne à col noir habitent la portion tempérée de l’Amérique du Sud ; le Cygne noir est propre à l’Australie, d’où il a été introduit en Nouvelle-Zélande, tandis que les trois autres espèces peuplent l’hémisphère Nord ; deux d’entre elles, le Cygne sauvage et le Cygne de Bewick, sont répandues en Eurasie et en Amérique du Nord. Le type le plus connu est le Cygne tuberculé, ou Cygne muet. Originaire de l’Europe orientale et de l’Asie, où elle subsiste à l’état sauvage, cette espèce a été semi-domestiquée en Europe occidentale dès le Moyen Âge, d’abord comme source de nourriture, puis pour l’ornement des pièces d’eau.


Mœurs

Essentiellement phytophages, les Cygnes se nourrissent, en nageant, de plantes et de graines aquatiques, qu’ils recherchent au fond de l’eau par immersion du cou ou de la partie antérieure du corps, mais sans plonger. Ils broutent aussi les herbes et les racines en pâturant sur le sol comme les Oies. Leur vol est puissant et direct, cou tendu, mais l’envol exige un élan, obtenu autant par une course sur l’eau que par la force des ailes. Chez les types « muets » (Cygnes tubercule, noir et à col noir), les battements d’ailes produisent une vibration musicale dont le rôle serait analogue à celui des cris de vol par lesquels les autres Cygnes, dotés d’une voix sonore, se tiennent en contact lors des déplacements de groupe.

Chez toutes les espèces, la monogamie est de règle et les couples semblent constitués pour la vie. Leur formation fait appel à des parades mutuelles assez simples au cours desquelles les Oiseaux nagent côte à côte, le cou tendu et en balançant la tête. Normalement grégaires, les Cygnes deviennent agressifs à la saison de reproduction, chaque couple s’isole sur un territoire qui est jalousement défendu contre les empiétements. Mais, dans certains cas, le territoire est restreint, les Oiseaux nichant en colonies. Le nid, bâti au bord de l’eau, parfois flottant, est une vaste construction de plantes aquatiques amassées par les deux sexes. Quatre à sept œufs blanc crème ou gris verdâtre y sont couvés par la femelle durant 35 à 45 jours, tandis que le mâle monte la garde à proximité. Les poussins, tachetés chez Coscoroba, sont blanc pur ou gris chez les autres espèces. Nidifuges, ils sont conduits à l’eau peu après l’éclosion et élevés par les deux parents, qui, dans les espèces « tuberculé » et « à col noir », les promènent souvent sur leur dos au cours des premiers jours. Leur croissance est lente, l’envol n’intervient qu’au bout de 10 à 18 semaines selon les espèces. Durant cette période, les adultes accomplissent leur mue. Alors que chez la plupart des Oiseaux les liens familiaux sont rompus peu après l’envol des jeunes, ils persistent chez les Cygnes jusqu’à la saison de reproduction suivante. La maturité sexuelle n’est pas acquise avant l’âge de 3 ans.