Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

croissance (suite)

Les vitamines liposolubles, au contraire, ne paraissent nécessaires que chez les Vertébrés. La carence en vitamine A (β carotène) provoque chez le Rat un arrêt de croissance et un durcissement des épithéliums, surtout au niveau de la cornée (xérophtalmie). La vitamine D, ou antirachitique, participe, entre autres, aux processus normaux d’ossification chez les organismes jeunes, en voie de croissance.


Facteurs d’origine interne


Les facteurs génétiques

Ils sont à placer au premier rang : ce sont, bien entendu, les gènes spécifiques, qu’ils soient nucléaires ou cytoplasmiques, qui déterminent et contrôlent toutes les synthèses cellulaires. Il n’est malheureusement pas facile d’analyser leur rôle. Chez les Métazoaires, dans l’état actuel de nos connaissances, il est impossible de les isoler : plusieurs millions de gènes sont associés à des protéines au sein d’édifices macromoléculaires complexes dont on ne connaît pas la structure. Par ailleurs, les caractères affectant la croissance dépendent de gènes nombreux, dont les actions sont additives : c’est la raison pour laquelle, par exemple, la taille de l’adulte, dans l’espèce humaine, se répartit statistiquement selon une courbe de Gauss. Les facteurs génétiques agissent par voie chimique : ils servent de modèle pour la synthèse de protéines de structure, d’enzymes, d’hormones... ou exercent un contrôle direct sur certaines réactions du métabolisme.


Les hormones

Certaines hormones peuvent être qualifiées d’hormones de croissance. L’observation clinique de troubles de la croissance (gigantisme associé à un hyperfonctionnement hypophysaire, nanisme mis en relation avec un hypofonctionnement) a conduit à des études expérimentales. L’ablation du lobe antérieur de l’hypophyse (adénohypophyse), lui-même sous la dépendance de l’hypothalamus, provoque chez le jeune Mammifère un arrêt de la croissance ; celle-ci reprend après injection d’un extrait alcalin de la glande. La substance active isolée est l’hormone somatotrope, ou S. T. H. On a pu montrer que le gigantisme observé chez les jeunes Mammifères est le résultat d’une hyperactivité au niveau des cartilages de conjugaison, qui prolifèrent plus qu’il n’est normal. L’hyposécrétion, beaucoup plus rare, engendre le nanisme : les « nains hypophysaires » sont bien proportionnés et ont une intelligence normale. Chez l’adulte, dont les cartilages de conjugaison, ossifiés, ne croissent plus, seules certaines parties du corps réagissent à une hyperproduction hormonale. Les extrémités s’hypertrophient : mains, pieds, mâchoire inférieure, os propres du nez..., la face du sujet prend un aspect particulier : c’est l’acromégalie.

L’hormone somatotrope non seulement agit au niveau des os, mais aussi provoque une meilleure rétention de l’azote, la formation de protéines aux dépens des lipides. Elle exercerait aussi une action diabétogène : elle est donc une hormone métabolique.

L’hypophyse, par l’intermédiaire d’une autre hormone, la thyréostimuline, contrôle la production des hormones thyroïdiennes. Celles-ci exercent également une action de croissance, mais différente de la précédente.

L’hypofonctionnement thyroïdien chez le jeune Mammifère a pour conséquence une diminution sensible de la vitesse de croissance et de la prolifération des cartilages de conjugaison. Comme la croissance osseuse en épaisseur n’est pas affectée, les nains thyroïdiens sont disproportionnés et ont un aspect infantile. À cela s’ajoutent d’autres troubles : une baisse du métabolisme basal et un retard considérable du développement mental. L’hyperthyroïdie ne s’accompagne pas de gigantisme, même si elle survient chez le jeune. Au contraire, les troubles métaboliques observés (amaigrissement) influent sur la croissance dans un seul sens.

Dans d’autres groupes animaux, on connaît des exemples de corrélations humorales régissant la croissance. Chez les Arthropodes, on a isolé l’hormone de mue, ou ecdysone, dont la sécrétion est sous le contrôle de neurosécrétions. L’augmentation du taux d’ecdysone dans l’hémolymphe déclenche la mue. Le caractère de celle-ci est sous la dépendance d’une seconde hormone, l’hormone juvénile, mise en évidence chez les Insectes. La présence de cette dernière inhibe l’apparition des caractères imaginaux et détermine une mue larvaire ou juvénile. Enfin, des systèmes hormonaux dépendent également les phénomènes de diapause, qui se traduisent par l’arrêt temporaire de l’activité vitale, de la croissance et du développement. Les hormones des Arthropodes sont donc aussi des hormones du métabolisme.


Autres facteurs

Ce sont ceux qui tiennent à l’environnement physique ou biotique. Ils sont plus difficiles à apprécier : la lumière et les radiations ultraviolettes favorisent la synthèse de la vitamine D2 à partir des stérols de la peau ; la température conditionne la vitesse des réactions chimiques du métabolisme ; chez l’Homme, il semble bien que l’affection, comme la nourriture, influe sur le rythme et l’allure de la croissance des jeunes enfants.

Dans tous les cas, cependant, l’interprétation des observations ramène aux phénomènes métaboliques qui se déroulent au sein des cellules vivantes.

R. M.

➙ Aliment / Cellule / Hormone / Vitamine.

 J. S. Huxley, Problems of Relative Growth (Londres, 1932). / G. Teissier, Dysharmonies et discontinuités dans la croissance (Hermann, 1934). / M. Abeloos, la Croissance (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1942). / J. A. Thomas (sous la dir. de), les Facteurs de la croissance cellulaire (Masson, 1956). / H. Tuchmann-Duplessis, Hormones hypophysaires somatotrope et corticotrope, croissance et métabolisme (Masson, 1956). / M. Sussman, Growth and Development (Englewood Cliffs, New Jersey, 1960 ; 2e éd., 1964). / J. M. Tanner et G. R. Taylor, Growth (New York, 1965 ; trad. fr. la Croissance, Laffont, 1970). / E. Wolff, « la Croissance » dans P.-P. Grassé et coll., Biologie générale (Masson, 1966). / P. Joly, Endocrinologie des insectes (Masson, 1968).