crâne (suite)
• Les fractures de la base peuvent parfois être évoquées sans même le secours de la radiologie :
— fractures de l’étage antérieur avec anosmie (perte de l’odorat), lésions du nerf optique immédiates, ecchymoses péri-orbitaires, épistaxis (saignement de nez) et parfois rhinorrhée cérébro-spinale (fuite de liquide céphalo-rachidien par le nez) ;
— fractures du rocher avec ecchymoses mastoïdiennes, otorragie (saignement d’oreille) et même otorrhée cérébro-spinale, paralysie faciale périphérique, atteinte cochléo-vestibulaire. Ces deux types de fractures — fractures ouvertes — se compliquent souvent d’infections méningées.
Traumatismes encéphaliques
Quoi qu’il en soit de la fracture (elle pourrait même être absente), le traumatisme domine la symptomatologie et le pronostic.
• La lésion cérébrale la plus habituelle après les traumatismes crâniens est en fait la contusion. Elle se traduit par de petites hémorragies soit dans l’espace sous-arachnoïdien (hémorragie méningée), soit dans le parenchyme cérébral (le cerveau lui-même). Quelquefois se produit un véritable hématome intracérébral, susceptible d’être évacué chirurgicalement. Par leur importance et leur diffusion, les lésions cérébrales peuvent être incompatibles avec la vie ou avec une guérison sans séquelles graves. À ces lésions s’associe un œdème cérébral, dont la nocivité est accrue par le fait que ce cerveau œdématié (gonflé) est enfermé dans une boîte osseuse inextensible. Il est, à son tour, générateur de lésions qui ne feront que contribuer à son augmentation.
• Les complications tardives, ou séquelles. Il faut insister surtout sur l’épilepsie, dont les traumatismes crâniens constituent une étiologie fréquente (cicatrices épileptogènes post-traumatiques). Le syndrome subjectif commun des traumatisés du crâne peut survenir après tout traumatisme, quelle qu’ait été son importance. Sa symptomatologie est faite de manifestations fonctionnelles qui sont toujours les mêmes et dont l’importance varie en fonction des sujets. Il s’agit de maux de tête, de sensations vertigineuses, de troubles du caractère ou intellectuels, d’une asthénie physique, psychique ou même sexuelle et souvent d’insomnies. Contrastant avec cette riche sémiologie subjective, l’examen physique est objectivement normal. Ce syndrome a une tendance régressive.
• L’hématome extra-dural. Il représente une complication très particulière. Il est dû à la constitution d’un hématome entre la table interne de l’os et la dure-mère, et va de pair généralement avec la déchirure d’une artère au niveau d’un foyer de fracture. Son évolution, généralement assez stéréotypée, en permet souvent le diagnostic, du moins dans les cas où il est quasi isolé : après une brève perte de connaissance post-traumatique, le sujet redevient rapidement normal, et c’est secondairement, après quelques heures, que la conscience s’altère et que des signes neurologiques en foyer (signant une atteinte localisée) apparaissent. Il est donc prudent d’exercer une surveillance étroite de tous les traumatismes du crâne, même apparemment anodins. Ces hématomes réalisent une compression cérébrale aiguë que seule leur évacuation rapide peut faire cesser, donnant au blessé de grandes chances de guérison.
• L’hématome sous-dural. Il représente, lui aussi, une entité clinique bien précise. En effet, il n’y a pas toujours perte de connaissance initiale, ni même fracture, et le sujet peut reprendre son activité et même oublier le traumatisme. Après cette phase de latence, qui peut être de quelques semaines, apparaissent progressivement des céphalées, des troubles psychiques ; cet hématome de constitution lente doit, lui aussi, être évacué le plus tôt possible.
J. E.
R. Thurel, Traumatismes cranio-cérébraux (Expansion scientifique française, 1958). / A. Wackenheim, Neuroradiologie, radioanatomie normale et pathologique du crâne (Doin, 1960). / R. Houdart, Traumatismes crâniens (Baillière, 1962 ; 3e éd., 1969). / J. M. Potter, The Practical Management of Head Injuries (Londres, 1964).