Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

couleur (suite)

Si nous projetons trois cercles de lumière rouge, verte et bleue en les superposant sur un écran blanc, nous obtenons (fig. 3) :
par superposition du rouge et du vert, jaune ; par superposition du vert et du bleu, bleu-vert, ou cyan ; par superposition du bleu et du rouge, magenta (violet) ; la luminosité du mélange, provenant d’une addition, est plus grande que celle des constituants. Le jaune est la complémentaire du bleu, le vert la complémentaire du magenta, le rouge la complémentaire du cyan. Au centre, la superposition des trois couleurs (si leur dosage est convenable) donne le blanc.

Cela est la synthèse additive, c’est celle que pratique l’éclairagiste lorsqu’il envoie des lumières sur un objet. C’est celle des grains accolés lumineux d’un tube récepteur de télévision, c’était celle des anciens procédés de photographie en couleur par grains colorés (premier système de Lumière) ou trames (Finlay...).

Au contraire, si nous plaçons l’un sur l’autre, devant une source de lumière blanche, des filtres colorés, nous obtenons (fig. 4) les résultats suivants : le filtre magenta (violet) et le filtre jaune superposés laissent passer du rouge ; le filtre jaune et le filtre bleu-vert (cyan) superposés laissent passer du vert ; le filtre bleu-vert (cyan) et le filtre magenta (violet) superposés laissent passer du bleu. La luminosité d’une couleur obtenue par un tel mélange, provenant d’une soustraction, est toujours plus faible que celle de chacune des couleurs de base d’où elle provient. Au centre, la partie où les trois filtres sont placés l’un sur l’autre et arrêtent chacun leur part des rayons colorés issus de la lumière blanche est obscure, donc noire.

Cela est la synthèse soustractive. L’imprimeur qui passe successivement des couleurs sur une trichromie, le peintre qui mélange des pigments bleus et jaunes pour obtenir un vert opèrent en synthèse soustractive, contrairement à l’impressionniste, qui place l’une près de l’autre de fines taches de couleur, les additionne et obtient des effets plus lumineux. Les procédés actuels de photographie en couleur par couches superposées relèvent de la synthèse soustractive.


Contrastes et couleurs complémentaires

Si nous regardons avec attention un objet coloré et que nous supprimons brusquement cette vision, soit en fermant les yeux, soit en supprimant la projection d’une plage lumineuse saturée dans un coloris donné, soit en déplaçant brusquement le regard (fig. 5), il nous semble voir la complémentaire. Ainsi une plage rouge, si elle est supprimée, nous donne une illusion de vert-bleu. Le vert-bleu est la complémentaire du rouge, c’est-à-dire que ces deux lumières, combinées en synthèse additive, nous donneraient une sensation de blanc.

Helmholtz* avait déjà donné un tableau des lumières simples combinées où les complémentaires donnent le blanc :

Des expériences permettent aisément de mettre en évidence les phénomènes de contrastes (fig. 6) et les cercles chromatiques où les constructions géométriques disposent les couleurs de telle sorte qu’il est aisé d’y trouver pour chacune sa complémentaire.


Symbolisme des couleurs

De tout temps, l’homme, vivant parmi les couleurs, a reconnu et ressenti le pouvoir de messages transmis. Il a cherché aussi à les adapter à une forme de langage plus ou moins ésotérique.

Aux époques préhistoriques déjà, le rouge, rattaché au mythe apparent du feu et à celui associé de la vie, était utilisé dans les rites funéraires. Des peuplades primitives en des lieux très divers ont associé des couleurs aux points de l’horizon. Dans les céramiques de la Perse du xiiie s., le bleu foncé était le signe de la mort et le bleu clair celui du ciel et de la vie.

Chez les Incas, la couleur sacrée était le jaune et, chez les Mayas, c’est de bleu, couleur divine, que l’on peignait les victimes offertes aux sacrifices. Dans la Rome impériale, la pourpre était signe du pouvoir.

De fait, les couleurs ont des pouvoirs d’association ou d’évocation marqués qui se traduisent dans les effets psychologiques, physiologiques ou physiques qu’elles peuvent provoquer. L’on a pu en tirer, dans des applications modernes, décoratives ou de simple concept logique d’environnement, des applications particulières.

Ainsi, pour l’homme moderne, le langage de la couleur, moins subtil que ceux de l’ethnographie ou des religions, est souvent devenu le très direct (fig. 7) : rouge ... arrêt ; jaune or ... attention, danger ; vert ... sécurité, voie libre.

Il s’y joint souvent du reste d’autres messages plus particularisés, tels que le rouge matériel incendie ou des codes plus complexes : balisage des pistes de ski selon leur difficulté, code pour marquage des fluides dans une tuyauterie ou des récipients...


Psychisme des couleurs

Les couleurs ont vis-à-vis de nos yeux et de nos sens des influences qui se manifestent par des réactions privilégiées. Ainsi, il existe des couleurs qui nous donnent une impression de chaleur et d’autres une impression de fraîcheur. Les couleurs chaudes sont le rouge, l’orange et leurs dérivés. Les couleurs froides sont le violet pur et surtout le bleu.

Des couleurs nous semblent saillantes et d’autres fuyantes. Le rouge est le plus saillant (fig. 8) ; cette couleur donnera de ce fait une impression de rétrécissement et d’intimité à un local. Le bleu au contraire est fuyant, c’est une couleur préférentielle de fond. Elle fait paraître un local plus grand. Le jaune donne une impression lumineuse.

Des couleurs font paraître un objet plus massif, ce sont le brun foncé et surtout le noir, d’autres font paraître le même objet plus aérien, ce sont des teintes claires, le bleu ciel par exemple. Cela explique que des objets puissent paraître plus lourds s’ils sont sombres que s’ils sont clairs. Le rouge et les couleurs chaudes sont excitants ; le bleu est reposant et même calmant, voire soporifique ; le vert est une couleur équilibrante. Ces effets ne sont pas seulement psychologiques, ils se répercutent sur le plan physiologique et peuvent être contrôlés par des mesures de tension sanguine et de tension nerveuse. On a même établi sur ces bases des règles de chromothérapie.

Les réalités psychiques de la couleur sont très importantes et l’on fait appel à elles dans les concepts publicitaires : affiches, couleur d’un emballage... ainsi que dans l’orchestration d’un lieu de repos, de spectacle, de réception ou de travail.