Cordoue (suite)
Madīnat al-Zahrā’
Située à quelques kilomètres de Cordoue (sur les pentes qui descendent vers le Guadalquivir), Madīnat al-Zahrā’, la ville de la favorite Zahrā’, fondée en 936, fut capitale cérémonielle des Omeyyades d’Espagne. Célébrée jadis pour son ampleur et sa beauté, elle s’étageait sur trois terrasses : en haut se trouvait le palais, au milieu des jardins, en bas la mosquée et les demeures privées. Les fouilles, commencées en 1910, ont livré une multitude d’objets : panneaux décoratifs en pierre sculptée au trépan avec motifs de vigne et d’acanthe, épigraphie coufique, cuves à ablutions en marbre, verres et céramiques.
Les arts mineurs
Les céramiques de Cordoue sont à décor peint sur engobe, avec des dominantes de vert et de brun manganèse, et recouvertes de vernis ; elles ne négligent pas la figure animale. Celle-ci apparaît plus souvent encore dans les rondes-bosses en bronze, dont le style est si proche de celui des bronziers égyptiens que l’identification des œuvres est souvent difficile (cerf du musée archéologique de Cordoue, lion aquamanile et paon du musée du Louvre). Le travail de l’ivoire fut une des gloires de Cordoue sous le califat et les « rois de taïfas » qui lui firent suite. Boîtes cylindriques à couvercle arrondi et cassettes rectangulaires à couvercle plat ou taluté sont ornées de scènes à personnages et à animaux enfermés dans des médaillons polylobés ; elles sont souvent datées par une inscription courant à la base du couvercle (pyxide d’al-Murhīra au Louvre, coffret de la cathédrale de Pampelune).
J.-P. R.
L’art occidental
Après la brillante période musulmane, l’art à Cordoue manque quelque peu de relief. Ayant pris la ville en 1236, les chrétiens, tout en adaptant la Grande Mosquée à leur propre culte, tentèrent également d’acclimater le style gothique, marquant ainsi leur désir de donner à la cité une allure occidentale. Il existe ainsi un groupe très homogène d’églises paroissiales du xiiie s., construites aussi bien dans l’ancienne médina que dans les faubourgs, caractérisées par un plan à trois nefs, sans transept, mais avec chevet triparti. Seules les absides et les dernières travées des nefs sont voûtées, le reste des édifices étant couvert d’une charpente dans le goût mudéjar. L’exemple le mieux conservé de ce type architectural n’est cependant pas une église paroissiale, mais l’église San Pablo de l’ancien couvent dominicain.
En 1523, l’évêque et le chapitre de Cordoue obtinrent l’autorisation de construire à l’intérieur de l’ancienne mosquée un chœur, qui est en fait une véritable cathédrale. En compensation des dommages causés au glorieux monument, du moins possédons-nous, avec la construction nouvelle, un important témoin de l’évolution des styles à Cordoue durant plus de deux siècles. L’œuvre fut commencée par l’architecte de Burgos Hernán Ruiz le Vieux († 1558), dans un style composite qui unit les fantaisies du Moyen Âge finissant aux suggestions décoratives de l’art musulman. Dans le transept, entre 1547 et 1569, Hernán Ruiz le Jeune († 1569), fils du précédent, introduisit le style plateresque. Enfin, la coupole et le décor en stuc des voûtes de la nef manifestent l’importance des influences italiennes à la fin du xvie s. et au début du xviie.
La cathédrale de Cordoue abrite l’un des plus impressionnants chœurs de chanoines de la péninsule Ibérique. Cette œuvre fut réalisée à partir de 1748 par le sculpteur sévillan Pedro Duque Cornejo (1677-1757), qui y déploya toute la virtuosité et la délicatesse du rococo.
M. D.
➙ Andalousie / Arabes / Espagne.
S. Alcolea, Córdoba (Barcelone, s. d.).