Cook (James) (suite)
La fin de Cook
Les rapports ambigus entre les Anglais et les insulaires, marqués par la succession de fêtes de bienvenue, de larcins et de petites représailles, expliquent la fin tragique de Cook, qui n’a pas été, loin de là, une innocente victime des « sauvages ». Cook a d’abord de fort bons rapports avec les Hawaiiens. L’Anglais est même déifié et fait l’objet de nombreuses offrandes. Cochons de lait, fruits et légumes sont d’ailleurs accueillis avec grande faveur par les navigateurs, très désireux de se « refaire » après leur long périple. Les ressources des insulaires sont toutefois limitées, et, comme le note le capitaine James King, historiographe du voyage, « nous étions depuis seize jours seulement dans la baie ; et si l’on songe à la quantité de cochons et de végétaux que nous consommions, on ne sera pas surpris qu’ils [les indigènes] désirassent notre départ ». Ces hôtes devenus bien encombrants quittent enfin l’île le 4 février 1779. Un coup de vent démâte le Resolution, et les Anglais sont de retour sur la baie de Kealakekua dès le 11 pour réparer le navire. Les indigènes, consternés par le retour des affamés, ne sont plus très aimables. À la suite d’un larcin, une pirogue est saisie. Une première rixe en résulte. Puis, dans la nuit du 14 février, une chaloupe du Discovery est volée. Cook décide alors de prendre les chefs locaux comme otages jusqu’à la restitution de l’embarcation. Une petite expédition, avec neuf soldats de marine, est tentée pour ramener des prisonniers. Cook parvient sans difficulté à la résidence du roi local, qui accepte d’abord de suivre l’Anglais. Mais l’une de ses épouses, puis deux notables, perspicaces, retiennent le chef in extremis, ameutant les Hawaiiens des environs. Cook semble alors renoncer à son projet et cherche à regagner sa chaloupe. Depuis les canots anglais, on tire alors sur les pirogues indigènes des environs, peut-être pour couvrir le départ du chef de l’expédition : un chef indigène est tué, ce qui multiplie les clameurs contre le petit groupe d’Anglais, qui sont lapidés. Cook abat alors lui-même un Hawaiien, dont les compagnons se lancent à l’assaut : quatre marins sont tués. Au moment d’embarquer, Cook est poignardé par-derrière. Son corps, toujours sacré, est dépecé et partagé entre divers secteurs de l’île ; mais, dès le soir du 15, deux sorciers restituent un gros morceau de chair. Des représailles sont faites le lendemain par les Anglais. Un village est incendié. Un chef hawaiien vient alors rendre la tête, les bras et les jambes du capitaine anglais. On jette cérémonieusement à la mer les vestiges de celui qui avait été, selon Dumont d’Urville, « le navigateur le plus illustre des siècles passés et futurs ».
S. L.
Ö. Olsen, la Conquête de la Terre, t. IV et V (trad. du norvégien, Payot, 1936). / J. A. Williamson, Cook and the Opening of the Pacific (Londres, 1946). / F. Riesenberg, la Découverte du Pacifique (Amiot-Dumont, 1953).