Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

alchimie (suite)

Quelques alchimistes


Albert le Grand,

v. l’article.


Arnaud de Villeneuve,

alchimiste et médecin catalan (Villeneuve, près de Montpellier, v. 1235 - dans un voyage de Sicile en Provence 1313). Adonné à l’astrologie, il eut des démêlés avec l’Église. Il inventa peut-être la fabrication des liqueurs spiritueuses.


Roger Bacon,

v. l’article.


Basile Valentin,

alchimiste du xve s., né en Alsace. Il étudia l’antimoine, qu’il utilisa comme médicament, et prépara l’acide chlorhydrique.


Nicolas Flamel,

écrivain juré de l’Université de Paris (Pontoise v. 1330 - Paris 1418). Comme il avait acquis une grosse fortune, ses contemporains lui attribuèrent la découverte de la pierre philosophale.


Geber (Abū Mūsā Djābir al-Sūfi),

alchimiste arabe, né à Kūfa, sur l’Euphrate, qui vivait vers l’an 800. Considéré comme leur maître par les alchimistes du Moyen Âge, il a écrit de nombreux ouvrages, pour la plupart perdus. On possède toutefois une Summa perfectionis, qui constitue le traité de chimie le plus ancien que l’on connaisse. Il semble avoir découvert l’acide sulfurique et l’acide nitrique ; il a décrit la fabrication de l’acier, la teinture du drap et du cuir, la distillation du vinaigre en vue de l’obtention d’acide acétique.


Raymond Lulle,

v. l’article.


Paracelse (Theophrastus Bombastus von Hohenheim, dit),

alchimiste et médecin (Einsiedeln, près de Zurich, v. 1493 - Salzbourg 1541). Appelé à l’université de Bâle en 1526, il critiqua avec vigueur les œuvres de Galien, d’Avicenne et de Rhazès. Il quitta Bâle en 1528 et reprit alors sa vie de médecin nomade. Père de la médecine hermétique, il a ouvert la voie à la thérapeutique chimique.


Jan Baptist Van Helmont,

médecin et alchimiste flamand (Bruxelles 1577 - id. 1644). Il réduisait les quatre éléments des Anciens à deux seulement : l’air et l’eau. Vers 1640, il obtint le gaz carbonique. Il distingua des gaz différents de l’air et imagina ce terme de « gaz », tiré du mot chaos.


Zosime le Panopolitain,

savant grec, né à Panopolis, en Égypte, sans doute au iiie s. Il est l’auteur d’ouvrages d’alchimie, dont il existe des manuscrits à la Bibliothèque nationale de Paris.

 W. Ganzenmuller, Die Alchemie im Mittelalter (Paderborn, 1937 ; trad. fr. l’Alchimie au Moyen Âge, Aubier, 1940). / C. J. Jung, Psychologie und Alchemie (Zurich, 1944). / A. Savoret, Qu’est-ce que l’alchimie ? (Heugel, 1947). / S. Hutin, l’Alchimie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1951 ; 4e éd., 1971). / J. Read, Through Alchemy to Chemistry (Londres, 1957 ; trad. fr. De l’alchimie à la chimie, Fayard, 1959). / E. Canseliet, Alchimie (Pauvert, 1964). / L. Gérardin, l’Alchimie (Denoël, 1972).

Alcibiade

En gr. Alkibiadês, homme d’État athénien (v. 450 - en Phrygie 404 av. J.-C.).


Alcibiade avait pour ancêtres les plus nobles des Athéniens, pour femme la plus riche héritière de l’Attique, pour tuteur Périclès, pour maître Socrate. Peu sage pourtant, il se signalait par sa prodigalité et son luxe, qui choquaient souvent, même quand cela servait le prestige d’Athènes (ainsi, en 416 av. J.-C., il fit courir à Olympie sept attelages qui remportèrent les 1er, 2e et 4e prix).

L’expédition de Sicile lui donna l’occasion de jouer un rôle politique qu’il sentit digne de lui. Stratège, il soutint la cause d’habitants de Ségeste venus en 416 de Sicile à Athènes pour réclamer contre Syracuse le secours des Athéniens, pensant bien, à la tête de son armée, conquérir la Sicile (et y refaire sa fortune) et de là passer en Syrie attaquer Carthage. Mais il se heurtait à l’hostilité de ses collègues (surtout de Nicias, prudent et modéré), quand il se trouva doublement compromis, d’abord dans l’« affaire des Hermès », qui passa pour un complot contre l’État et la démocratie (dans la nuit, tous les Hermès — des phallus érigés sur une borne —, qui sanctifiaient l’agora et les carrefours de la ville, avaient été mutilés), puis dans celle des mystères d’Éleusis, qu’on l’accusait d’avoir contrefaits avec ses amis.

S’il était innocent du premier crime, sa culpabilité dans le second semblait évidente. On laissa toutefois partir le stratège pour la Grande Grèce : on avait ainsi le champ libre pour retourner l’opinion contre lui et réclamer sa tête. Quand on se décida à le rappeler, l’armée de Sicile ne fit pas opposition, divisée qu’elle était par les rivalités des généraux et peu édifiée par les combinaisons mal venues d’Alcibiade, somme toute peu expérimenté en matière d’art militaire. Mais les délégués venus d’Athènes pour le ramener retournèrent bredouilles : Alcibiade, préférant l’exil, s’était enfui à l’escale de Thourioi avec ses coïnculpés. Jugé comme eux par contumace, il fut condamné à mort et à la confiscation de sa fortune, tandis qu’une stèle d’infamie portait son nom et que les prêtres d’Athènes prononçaient une imprécation solennelle contre les sacrilèges.

Ayant trouvé refuge à Sparte au cours de l’hiver 415-414, grâce aux liens d’hospitalité qui unissaient depuis longtemps sa famille aux Lacédémoniens, Alcibiade donna des conseils si avisés aux Spartiates (fortifier Décélie en Attique et envoyer une expédition de secours en Sicile) que l’armée athénienne fut écrasée. Mais si, par ailleurs, grâce à son habileté, l’Ionie se détacha d’Athènes, celle-ci put rétablir la situation par la solidité de sa position à Samos. Ce fait et la découverte de sa liaison (413-412) avec Timaia, femme du roi de Sparte, le forcèrent à s’enfuir auprès du satrape Tissapherne, responsable de l’Ionie pour la Perse. Son rôle auprès de lui devint vite si important que les Athéniens vinrent le trouver pour qu’il obtînt pour eux l’alliance perse.

Au printemps de 411, les équipages de la flotte athénienne basée à Samos le chargèrent au nom de la cité de s’occuper de l’« ensemble des affaires ». Ce n’était pas encore l’amnistie. Il fallut attendre une série de succès militaires (la victoire de Cyzique, qui anéantit la flotte péloponnésienne) et surtout la prise de Byzance, pour que la ville se réconciliât avec lui. D’ailleurs, maître des détroits, il contrôlait son approvisionnement ; sa flotte levait le tribut dans le nord de la mer Égée et la cité avait besoin d’argent. Aussi, en 407, élu stratège, put-il rentrer à Athènes où la foule lui fit un tel triomphe qu’on lui donna les pleins pouvoirs. Mais ces succès furent sans lendemain : reparti pour l’Ionie, Alcibiade se trouva face au Spartiate Lysandre, fin diplomate, qu’il sous-estima au point de laisser le commandement de sa flotte à son ami Antiochos, qui se fit écraser. L’Assemblée des Athéniens releva aussitôt Alcibiade de ses fonctions et engagea une procédure contre lui. En 406, il dut s’enfuir de nouveau en Thrace, où il s’était ménagé une position de repli.