Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

conjoncture (suite)

Pour une variation donnée du produit national brut à prix constants, il n’est pas indifférent de savoir si elle s’est réalisée grâce à une modification du niveau de l’emploi ou à une modification de la productivité. Il est nécessaire par conséquent de disposer d’un indicateur de l’emploi ou, mieux encore, d’un indicateur des heures de travail. De plus, comme l’emploi n’englobe jamais la totalité de la main-d’œuvre disponible, il est bon de se servir d’un indicateur de chômage qui montre si, et dans quelle mesure, la nation réussit à inclure dans son effort productif l’ensemble de la population active dont elle dispose.

De même, il n’est pas indifférent de savoir si une variation donnée du produit national brut à prix constants s’est produite avec ou sans une modification du niveau général des prix. Un accroissement du produit national brut à prix constants, accompagné d’une hausse générale des prix, n’a pas la même valeur sociale que le même accroissement réalisé dans la stabilité des prix. Le premier témoigne d’une croissance irrégulière, accomplie au détriment d’une partie de la population et génératrice de difficultés sur le plan des échanges internationaux. Le second, au contraire, exprime une croissance harmonieuse, généralement bénéfique pour toutes les classes sociales, et représente une amélioration certaine de la position internationale de la nation. Par ailleurs, une récession accompagnée d’une baisse de prix est préférable à la récession inflationniste, qui joint aux inconvénients d’une diminution du produit réel les injustices de l’inflation et qui signifie que les mécanismes automatiques de reprise ont, en fait, cessé de fonctionner.

Un indice des prix, aussi complet que possible, est donc absolument indispensable. Le meilleur indice est celui qui résulte de la division du produit national brut à prix courants par le produit national brut à prix constants, à condition, bien entendu, que le produit national brut à prix constants n’ait pas été calculé lui-même en divisant le produit national brut à prix courants par un indice des prix. En effet, l’indice implicite des prix, déduit du produit national brut, porte en principe sur la totalité des produits finis fabriqués dans le pays ; il constitue donc le plus complet des indices de prix.

Enfin, il n’est pas indifférent de savoir si une variation égale du produit national à prix constants s’est réalisée uniquement grâce à l’effort propre de la nation, ou si elle est due, ne serait-ce qu’en partie, au concours des pays étrangers ou à la diminution des réserves nationales de moyens internationaux de paiements. Le solde de la balance extérieure courante, définie de façon à exclure les transferts de capitaux, fournit un excellent indice de cet aspect de la conjoncture.

Les cinq indicateurs principaux que sont le produit national brut à prix constants, un indice de l’emploi, un indice du chômage, l’indice général des prix, le solde de la balance extérieure courante servent essentiellement à constater et à caractériser la conjoncture des périodes passées. L’analyse des causes des mouvements conjoncturels et leur prévision peuvent s’appuyer sur des modèles décisionnels. Il s’agit de systèmes d’équations qui explicitent les relations entre les variables exogènes et les variables dépendantes à l’aide de paramètres dont les valeurs numériques ont été préalablement déterminées. Le rôle de la comptabilité nationale dans la construction de ces modèles consiste à favoriser toutes les relations comptables du système. Ces relations comptables ne sont pas suffisantes en elles-mêmes pour déterminer le système d’équations d’un modèle décisionnel. Elles doivent être complétées par des relations de comportement, des relations techniques et des relations institutionnelles. Un tel modèle peut servir à prévoir l’évolution conjoncturelle, en indiquant les valeurs probables des variables dépendantes en fonction des variables indépendantes, sur l’évolution desquelles des hypothèses particulières devront être formulées.

G. R.

➙ Comptabilité nationale / Crises et cycles économiques / Croissance économique / Développement.

 J. Marczewski, l’Europe dans la conjoncture mondiale, esquisse d’une théorie des fluctuations et de la croissance (l’Institut, 1963). / H. Guitton, les Mouvements conjoncturels (Dalloz, 1971).

conjugaison des Ciliés

Processus de reproduction comportant l’union deux à deux de cellules morphologiquement identiques à des cellules végétatives, entre lesquelles ont lieu des transferts de matériel génétique sans qu’il y ait formation de gamètes libres.



Description

Dans la grande majorité des espèces de Ciliés*, la conjugaison comporte une succession d’événements.

• Préliminaires aux transferts de matériel génétique. Deux individus, généralement identiques, de morphologie différente chez certaines espèces (chez les Péritriches, l’un est fixé, l’autre, plus petit, est mobile), s’accolent par leurs faces orales. Dans le corps cellulaire de chacun se déroule de façon synchrone une suite de phénomènes intéressant essentiellement l’appareil nucléaire : méiose du (ou des) micronucléus ; dégénérescence de tous les noyaux haploïdes ainsi formés, à l’exception d’un seul ; mitose du noyau restant, fournissant deux micronucléus haploïdes, génétiquement identiques.

• Échanges de matériel génétique. Des deux micronucléus présents dans chaque conjoint, l’un reste sur place (noyau femelle), l’autre (noyau mâle) migre dans le partenaire grâce à une communication apparue entre les deux cytoplasmes. Le noyau femelle d’un individu fusionne avec le noyau mâle fourni par le partenaire pour fournir un noyau zygotique, diploïde.

• Reconstitution de l’appareil nucléaire. Une fois effectué cet échange de noyaux, les deux partenaires se séparent. Dans chaque « ex-conjugant », une succession de phénomènes nucléaires a pour résultat de doter sa descendance d’appareils nucléaires dérivant exclusivement du noyau zygotique. Tandis que le macronucléus initial dégénère progressivement, le noyau zygotique fournit, à la suite d’un nombre de mitoses très variable d’une espèce à l’autre, plusieurs noyaux diploïdes, dont les uns restent à l’état de micronucléus, d’autres évoluent en macronucléus, d’autres enfin dégénèrent. Il faut le plus souvent quelques divisions du corps cellulaire pour donner naissance à des individus pourvus d’un appareil nucléaire normal.