Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

conflits internationaux (suite)

La conciliation

Au côté des différents types de juridiction qui sont offerts ainsi au libre choix des parties, le système de l’arbitrage (au sens large), codifié dans l’Acte général de Genève du 26 septembre 1928 et maintenu par une résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies du 28 avril 1949, comporte la procédure, très différente, de la conciliation internationale. Si, par l’autorité de la chose jugée et l’indépendance totale du juge dans son délibéré, « l’arbitrage dispose », la conciliation (qui admet le plus souvent aux côtés des membres de la commission la présence des agents des parties, suivant le règlement qu’elles auraient convenu d’adopter) n’aboutit qu’à une solution simplement « proposée ». Le rapport de la commission ne peut apporter une solution aux litiges que du consentement des parties, qui pourront s’opposer à sa publication. La collaboration fréquente des parties et du juge, le secret de la décision consentie sont considérés généralement comme la cause du renouveau de la procédure de conciliation qui s’est manifestée ces dernières années.

P. L.

➙ Guerre / Neutralité.

 A. G. de La Pradelle et N. Politis, Recueil des arbitrages internationaux, 1798-1875 (Éd. internationales, 1954-1956 ; 3 vol.). / J. P. Cot, la Conciliation internationale (A. Pédone, 1968).

confucianisme et néo-confucianisme

Doctrine de Confucius et de ses successeurs.



Confucius

La dynastie des Zhou (Tcheou) n’est renversée par les Qin (Ts’in) qu’à la fin du ive s. av. J.-C., mais, du temps de Confucius (v. 551-v. 479 av. J.-C.), le long processus de l’effondrement du régime féodal a déjà commencé. Les guerres entre les États, les usurpations des droits par les princes puissants, les grands changements sociaux incitent les esprits à réfléchir sur les problèmes de l’époque. Époque dynamique entre toutes ; de grands progrès sont réalisés dans l’agriculture et dans l’industrie artisanale ; une nouvelle classe, composée de propriétaires terriens et de commerçants, se forme ; l’éducation et la culture ne sont plus un privilège réservé à la seule classe aristocratique. C’est un moment propice pour le développement de la pensée philosophique. Chaque classe de la société trouve son porte-parole pour formuler son idéologie.

Parmi ces porte-parole, il y a des précepteurs, des aristocrates qui gagnent leur vie en enseignant les Classiques ou en jouant le rôle de conseillers dans les sacrifices, les mariages, les funérailles et autres cérémonies. Ils sont connus sous le nom de ru (jou) [lettrés]. Confucius appartient à cette classe, et son école, appelée en chinois rujia (jou-kia), signifie « école des lettrés ».

Confucius est originaire de l’État de Lu (Lou), dans l’actuel Shandong (Chan-tong). Son nom de famille est Kong (K’ong) et son nom personnel Qiu (K’ieou). Confucius est le nom latin de Kongzi (K’ong-tseu) ou Kongfuzi (K’ong-fou-tseu) [Maître K’ong], par lequel les Chinois l’appellent traditionnellement. Ses ancêtres auraient appartenu à la maison ducale de l’État des Song. Après une jeunesse passée dans la pauvreté, il entre dans le gouvernement de Lu (Lou) et parvient à une haute charge officielle. Il doit cependant s’exiler, vers 496 av. J.-C., par suite d’une intrigue politique. Il voyage alors d’un État à l’autre, espérant réaliser son idéal de réforme politique et sociale. Après treize années d’exil, il rentre dans l’État de Lu et y meurt. Confucius a enseigné à un très grand nombre de disciples, qui ont consigné l’enseignement de leur maître dans un recueil intitulé Lunyu (Louen-you) « Entretiens ».


Former l’homme

Les grands problèmes de l’époque de Confucius étaient d’ordre politique : comment gouverner ? Comment faire régner l’ordre dans un État et dans l’Empire tout entier ? Comment assurer au peuple une vie prospère et heureuse ? La solution que propose Confucius est celle d’un précepteur, d’un éducateur : éduquer l’homme, aussi bien celui qui gouverne que celui qui est gouverné. Pour sauver la société, il faut d’abord sauver les hommes.

Confucius dit : « Entendre les plaideurs et rendre la justice, je le puis tout comme un autre. L’important serait de faire qu’il n’y eût plus de plaideurs. »

Il dit encore : « Si le prince conduit le peuple au moyen de lois et le maintient sous le contrôle au moyen des châtiments, le peuple s’abstient de faire le mal, mais il ne connaît aucune honte. Si le prince dirige le peuple par ses bons exemples [par la vertu] et le maintient dans l’unité par le li [l’ensemble des rites et des règles morales dans la société], le peuple aura honte de faire le mal et deviendra vertueux. »


Gouverner par la vertu

Aussi, gouverner, c’est, en premier lieu, éduquer le peuple, former les individus. Celui qui gouverne a la responsabilité d’un éducateur. Mais, pour pouvoir former les autres, il faut être formé soi-même. Et, en formant les autres, on se forme en même temps. Un prince idéal gouverne par sa vertu.

Le seigneur Ji Kang (Ki K’ang), interrogeant Confucius sur la manière de gouverner, lui dit : « Ne ferais-je pas bien de mettre à mort les malfaiteurs afin de rendre le peuple vertueux ? » Confucius répondit : « Pour gouverner le peuple, avez-vous besoin de la peine de mort ? Soyez vous-même vertueux et votre peuple sera vertueux. La vertu du prince est comme le vent ; celle du peuple est comme l’herbe. Au souffle du vent, l’herbe se courbe. »

Le Maître dit : « Si le prince est lui-même vertueux, le peuple remplira ses devoirs sans qu’on le lui commande ; si le prince n’est pas lui-même vertueux, il aura beau donner des ordres, le peuple ne le suivra pas. »

« Si un homme sait se gouverner lui-même, quelle difficulté aura-t-il à gouverner l’État ? Mais celui qui ne sait pas se gouverner lui-même, comment pourra-t-il gouverner les autres ? »