Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

conditionnement d’ambiance (suite)

La déshumidification peut aussi être obtenue en desséchant l’air sur des adsorbants (gel de silice ou d’alumine) ou des absorbants (chlorure de lithium). Le laveur mérite son nom dans la mesure où il concourt à la purification de l’air (il n’agit que sur les particules mouillables et les gaz solubles). La source de chaleur est généralement une chaufferie ou une distribution à distance, mais parfois aussi le condenseur d’un circuit frigorifique (pompe de chaleur). Le froid est produit par des machines frigorifiques, à moins qu’on puisse se contenter de sources naturelles de froid disponibles, comme une nappe d’eau souterraine. Dans les systèmes à traitement centralisé, la distribution de l’air traité, mû par des ventilateurs, se fait par des conduits, ou gaines, le plus souvent métalliques (calorifugés et insonorisés s’il y a lieu). L’air est émis, éventuellement après passage dans des appareils terminaux de traitement ou de mélange, par des bouches (bouches à soufflage horizontal en corniche, bouches diffuseuses au plafond, bouches à émission verticale à la base des vitrages). Certaines bouches sont munies d’un dispositif de réglage du débit. Dans les grands locaux, la disposition des bouches d’émission et aussi celle des bouches d’évacuation et de reprise doivent être étudiées avec soin.


Systèmes de conditionnement

Ils sont de plusieurs sortes.

• Systèmes décentralisés. Chaque local à conditionner dispose d’un appareil autonome comprenant ventilateur, filtre, équipement frigorifique (avec ou sans condensation de vapeur d’eau), pulvérisateurs et séparateurs de gouttelettes (s’il faut humidifier ou refroidir par humidification), éventuellement chauffage électrique. L’ensemble se présente sous forme de coffre, souvent placé au-dessous d’une fenêtre, ou sous forme d’armoire.

• Systèmes centralisés avec distribution totale d’air. Tout l’air à introduire dans les pièces est traité dans une centrale.

Distribution par réseau unique de gaines et réglage local par variation du débit d’air. Ce système manque de souplesse et s’applique difficilement si les besoins des pièces sont trop différents. On peut l’améliorer en intercalant à l’entrée de différentes zones des batteries de chauffage ou de refroidissement complémentaires.

Distribution par réseau unique, mais ajustement terminal de la température par batteries en amont des bouches.

Distribution rayonnante. Chaque secteur est desservi par gaine unique, mais avec traitement central différencié.

Distribution à double gaine. Un réseau double distribuant l’air chaud et l’air froid aboutit dans chaque local à un mélange à proportions variables.

• Systèmes semi-centralisés. On peut les classer en deux catégories.

Dans la première, l’air primaire, dont le débit correspond aux besoins de renouvellement, est préparé dans une centrale, puis mélangé localement à de l’air de reprise. L’ajustement se fait soit par des ventilo-convecteurs, soit par des éjecto-convecteurs ; dans ces derniers, l’air primaire, arrivant sous pression élevée, prend une grande vitesse et entraîne par induction l’air de reprise, le mélange traversant la batterie.

Dans la seconde catégorie, la distribution est réduite à celle de l’eau chaude et de l’eau froide, l’air étant traité dans des conditionneurs locaux analogues à ceux des systèmes décentralisés, sous réserve du mode d’alimentation des batteries. Si les appareils terminaux se réduisent à des batteries et à des dispositifs de prise d’air extérieur et de reprise, on n’a pas affaire à un véritable conditionnement climatique, les conditions de pureté de l’air et de réglage de l’humidité relative ne pouvant être correctement satisfaites.


Régulation

Pour maintenir les conditions thermiques et hygrométriques fixées, une régulation automatique est nécessaire. Sa conception dépend du système de conditionnement. Dans les systèmes centralisés ou semi-centralisés, la régulation se fait en deux temps. Elle comprend une pluralité d’organes sensibles et de relais agissant d’une manière coordonnée sur les circuits des fluides chauds et froids, les registres de dérivations et de mélange d’air, la marche des brûleurs ou des compresseurs frigorifiques, etc.


Problème de l’eau

La généralisation du conditionnement des ambiances pose un problème de l’eau. D’une façon générale, les équipements de traitement de l’air fonctionnent le moins possible à eau perdue, mais à eau recyclée, qu’il s’agisse des appareils d’humidification ou des condenseurs frigorifiques. L’eau recyclée dans une tour de refroidissement se refroidit par évaporation ; il s’en perd ainsi une fraction ; on évite cette perte quand on peut refroidir les condenseurs par air. En revanche, l’humidification implique inévitablement une consommation d’eau.

R. D. et R. T.

➙ Chauffage des locaux / Frigorifiques (machines) / Isolation thermique / Pompe de chaleur / Ventilation.

 A. Missenard et R. Giblin, Cours supérieur de chauffage, ventilation et conditionnement de l’air (Eyrolles, 1939-1947 ; 8e éd., 1966-1968 ; 4 vol.). / Co. S. T. I. C., Manuel des industries thermiques (Dunod, 1958-1960 ; 3 vol. ; nouv. éd., 1967-1969 ; 2 vol.). / A. Judet de la Combe, le Conditionnement de l’air (Baillière, 1963). / M. Roubinet, le Conditionnement de l’air (Moniteur des travaux publics, 1967). / Ashrae, Guide and Data Book (New York, 1967-1971 ; 4 vol.).

Condorcet (Marie Jean Antoine Nicolas Caritat, marquis de)

Philosophe, mathématicien et homme politique français (Ribemont 1743 - Bourg-la-Reine 1794).



Un mathématicien philosophe

D’une famille d’ancienne noblesse dauphinoise, il fait ses études chez les jésuites de Reims, puis au collège de Navarre, à Paris, où il se distingue par sa remarquable précocité. À seize ans, il soutient devant d’Alembert, A. Fontaine et A. Clairaut une thèse d’analyse mathématique d’une façon si brillante que ses examinateurs saluent en lui un futur membre de l’Académie des sciences (il y entrera en 1769). Après quelques années de labeur assidu, il publie un Essai sur le calcul intégral (1765) ; d’Alembert apprécie en ces termes l’œuvre du jeune mathématicien : « L’ouvrage annonce les plus grands talents et les plus dignes d’être excités par l’approbation de l’Académie. » Deux ans plus tard paraît un mémoire sur le Problème des trois corps, puis d’autres ouvrages de mathématiques pures. C’est aussi vers cette époque que Condorcet se lie avec Turgot et Voltaire. En 1773, sur les conseils de Voltaire, il compose ses Éloges des académiciens morts entre 1666 et 1699, entre autres ceux de C. Huygens, de G. Roberval, de E. Mariotte, de Claude Perrault. Après avoir travaillé à l’Encyclopédie, il est élu secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences et, l’année suivante (1774), devient l’un des plus actifs collaborateurs de Turgot, qui l’appelle aux fonctions d’inspecteur général des monnaies. Divers écrits de polémique religieuse, philosophique et sociale, une édition des Pensées de Pascal, des textes d’économie politique paraissent alors, dus à sa plume. En 1782 — il a trente-neuf ans —, il entre à l’Académie française appuyé par Voltaire. Par la suite, il rédige une Vie de Turgot (1786), une Vie de Voltaire (1787) et prend une part considérable à la première édition des œuvres complètes de ce dernier — l’édition de Kehl (1785-1789) —, qu’il annote soigneusement. Vers la même époque, il épouse Sophie de Grouchy (1764-1822), qui tient désormais un salon célèbre, rendez-vous des philosophes et des hommes politiques.