Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Conakry (suite)

Reliée à l’intérieur par la « route du Niger », bientôt doublée par le chemin de fer Conakry-Niger (1900-1910 ; prolongé jusqu’à Kankan en 1914), Conakry resta longtemps une cité essentiellement administrative. Le découpage géométrique en « avenues » et en « boulevards » perpendiculaires, rompu seulement par le tracé oblique de la « route du Niger » — rejoignant le Kaloum par une jetée artificielle — et par le tracé capricieux de la route de « corniche » bordant la mer, délimitait des « lots » très partiellement occupés. Près du palais du gouverneur (aujourd’hui Palais présidentiel), bureaux et villas de fonction se dispersent dans la verdure, au milieu des cocotiers, des manguiers et des flamboyants. Autour du port s’établissent les maisons de commerce (factoreries et entrepôts), qui essaiment progressivement le long du « boulevard du commerce » et de la Sixième Avenue conduisant à la « route du Niger ». Les anciens villages (Boulbinet, Corinthie) forment le noyau des quartiers africains.

La médiocrité des ressources et du commerce explique la stagnation de la population autour de 8 000 habitants, de 1900 à 1930. L’ancienne île (reliée au continent par les jetées de la route et du chemin de fer) ne commence à se remplir qu’en 1935, avec le développement de l’économie (production bananière) et l’amélioration du port. De 15 000 habitants en 1939, la population passe à 22 000 en 1946. Puis c’est l’accélération : 30 000 habitants en 1948, 40 000 en 1955, 100 000 en 1958, 200 000 en 1967, près de 350 000 en 1970. La fièvre économique des années 1950, la mise en exploitation des minerais de fer du Kaloum, l’industrialisation et surtout l’exode rural expliquent cette poussée urbaine rapide.

Aujourd’hui, la vieille ville (Conakry I), à laquelle on a rattaché administrativement les îles de Los, ne groupe qu’un peu plus du quart de la population ; les immeubles modernes y voisinent avec les maisons africaines sans étage, à toit de tôle, et avec les villas coloniales enfouies dans la verdure. Le port (2 000 m de quais ; deux ports minéraliers, dont celui de la société Fria, équipé pour l’expédition de l’alumine, aboutissement de la voie ferrée Fria-Conakry) effectue la plus grande partie du commerce extérieur guinéen.

L’essentiel de la population vit dans l’ancienne banlieue (Conakry II, sur la presqu’île du Kaloum). Un isthme artificiel, sur lequel on a construit le « Palais du peuple » (siège de l’Assemblée nationale et du Parti démocratique de Guinée), réunit les deux fractions de la ville. Une autoroute joint l’isthme à l’aéroport (kilomètre 14), terme actuel de l’agglomération. Les résidences des deux « corniches », nord (Camayenne, Donka) et sud (Coléah), contrastent avec la rusticité des quartiers africains (Madina, Dixinn), où les cases traditionnelles achèvent de disparaître, remplacées par les maisons quadrangulaires à toit de tôle et véranda construites en « dur », le parpaing de ciment remplaçant le banco (argile séchée). La zone industrielle s’est établie du kilomètre 8 au kilomètre 10, entre Madina et l’aéroport. La présence du gisement de minerai de fer du Kaloum, dont l’exploitation a été interrompue en 1966 mais qui conserve d’énormes réserves, a obligé à étirer en longueur l’agglomération et à créer des « satellites » industriels (usines militaires, tannerie, chaussures et confection, manufacture de tabac et d’allumettes, complexe textile, noyaux industriels de Kobaya et Sonfonia) le long de la « route du Niger » jusqu’au kilomètre 38.

Aux fonctions administratives et commerciales, qui restent essentielles, s’ajoute donc la fonction industrielle : toutes les industries anciennes du pays et la plupart des industries nouvelles créées depuis 1960 sont concentrées à Conakry, qui groupe 40 000 salariés sur les 85 000 salariés non agricoles recensés dans l’ensemble du pays en 1967.

Conakry possède une université (Institut polytechnique de Conakry), un Institut national de recherches, dont les locaux abritent le Musée national, et un jardin botanique (parc de Camayenne).

J. S.-C.

concentration

Phénomène résultant de la diminution du nombre des entreprises par suite de la réunion, entre les mains ou sous la direction d’un petit nombre d’animateurs, d’une quantité croissante de moyens de production.



Croissance interne et croissance externe

Bien que la concentration puisse dans la réalité combiner ces deux modes possibles de croissance des entreprises, on a constaté que depuis les années 1960 la seconde a pris le pas sur la première. En effet, la croissance interne n’est permise qu’aux firmes largement bénéficiaires. Grâce à leurs profits, ou plus exactement grâce à leur « cash flow » (amortissements + profits distribués ou non), elles peuvent étendre leurs installations, construire des usines nouvelles en vue de fabriquer de nouveaux produits, développer leur réseau commercial. Cette croissance par autofinancement a été largement pratiquée par des sociétés françaises entre 1954 et 1960. Il faut noter, par ailleurs, que certains groupes industriels ont marqué une préférence pour ce type de concentration : on peut citer Peugeot, Michelin, la C. S. F., le Printemps... C’est une méthode qu’affectionnent particulièrement les entreprises dont une « grande famille » possède la majorité des actions et est ainsi assurée d’en conserver le contrôle.


Les principaux modes de croissance externe

Si, au contraire, l’entreprise préfère la croissance externe, la concentration peut avoir lieu selon l’une des formules suivantes : la fusion, l’absorption, l’apport partiel d’actif et la fusion-scission.

La fusion au sens strict consiste en la réunion de deux sociétés indépendantes, en règle générale de dimension comparable, qui apportent globalement leurs biens à une nouvelle société et disparaissent après la constitution de celle-ci.

Lorsque la taille des deux entreprises diffère très sensiblement, on parle d’absorption : une société fait apport à l’autre de la totalité de ses biens, de ses créances et de ses dettes ; elle disparaît sur le plan juridique, ses actionnaires ou associés recevant, en rémunération de leurs apports, des actions ou parts de la société absorbante pour une valeur correspondant à celle de l’actif net apporté.