Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

commune médiévale (suite)

En Rhénanie, en Allemagne moyenne, où le contrôle des agents publics paraît inexistant, en Castille et en Aragon, où au contraire il est renforcé par la nomination des alcades par le roi, les villes sont en fait restées à un stade plus primitif. Leur originalité se caractérise par la constitution de ligues interurbaines en Rhénanie, en Franconie ou sur les rives de la Baltique à la fin du xiiie s., et par celle des hermandales en Castille, notamment autour de Ségovie et d’Ávila, à la même époque.

Enfin, des raisons politiques et militaires expliquent que Londres, à l’exception des années 1131-1195, et surtout Paris aient dû se contenter de simples franchises octroyées par des autorités publiques intéressées à maintenir leur emprise étroite sur ces capitales.


Évolution des communes

Dans les communes italiennes, le groupe dirigeant primitif, formé de guerriers et de marchands, s’étoffe de juristes et d’administrateurs, qui appartiennent d’ailleurs aux mêmes familles que les précédents et qui accèdent à leur tour au consulat. Malgré les luttes de factions qui opposent des groupes familiaux les uns aux autres pour la conquête du pouvoir, auxquelles leur participation au conflit dressant l’empereur contre le pape donne souvent une coloration idéologique (guelfes contre gibelins), les communes italiennes réussissent presque toujours à éviter l’instauration d’une tyrannie grâce à l’institution, inaugurée à la fin du xiie s. par Frédéric Barberousse, d’un podestat, étranger investi pour un an, deux ans au plus, du droit de trancher les conflits et de commander la milice. Elles peuvent ainsi poursuivre leur évolution naturelle vers la constitution de cités-États possédant chacune leurs armes, leur sceau et frappant leur monnaie. Elles le font d’abord par absorption de leur contado, puis par élimination des plus petites d’entre elles au profit des plus puissantes selon un processus dont l’achèvement se situe au xve s. et dont les principaux bénéficiaires sont les membres de la grande aristocratie foncière et marchande.

En France du Sud, l’aristocratie militaire, qui s’est orientée vers les affaires dès le xie s., obtient, grâce à l’éloignement du pouvoir central, la reconnaissance de nombreuses communes dites « de consulat », administrées par un collège restreint de magistrats élus (2 à 14 consuls) bénéficiant d’une large autonomie interne, que l’intervention royale ne limitera qu’à partir du xive et surtout du xve s.

À l’exception de la Flandre, l’évolution du mouvement communal en France du Nord, d’abord favorisée par les Capétiens de 1108 à 1226 à l’intérieur des principautés territoriales de leurs vassaux, est, par contre, assez précocement freinée par ces souverains à l’intérieur du domaine royal, dont ils désirent conserver le contrôle étroit. La dépression économique qui affecte les villes drapantes dès 1270, les troubles sociaux qui en résultent depuis la fin du xiiie s. (sécession des tisserands et des foulons de Gand, qui se retirent au Brabant en 1274) jusqu’à la fin du xive s., bouleversé par les années révolutionnaires 1355-56 et 1378-1382, tous ces faits témoignent d’une crise profonde de l’institution communale, dont les éléments populaires se dressent contre la bourgeoisie dirigeante.

En France comme en Italie, ces soulèvements font éclater nettement le caractère antidémocratique du mouvement communal, puisque ce dernier aboutit en fait à remettre le gouvernement de la ville à une aristocratie étroite de bourgeois qui gèrent cette dernière au mieux de leurs intérêts. Supporté avec plus ou moins de résignation par le menu peuple tant que la conjoncture favorable en souligne la réussite matérielle, ce système ne fait qu’engendrer l’explosion révolutionnaire en temps de crise, explosion qui conduit fatalement soit à la restriction des privilèges communaux, ce qui se produit aux Pays-Bas au xve s., soit à l’insertion des libertés urbaines dans un nouveau cadre institutionnel, celui des « bonnes villes », dont la notion apparaît à la même époque en France et qui permet aux souverains d’en tolérer l’exercice à condition de pouvoir en assurer le contrôle.

P. T.

 A. Giry, Documents sur les relations de la royauté avec les villes en France de 1180 à 1314 (Picard, 1885). / H. Pirenne, les Villes et les institutions urbaines (Alcan, 1939 ; 2 vol.). / C. Petit-Dutaillis, les Communes françaises, caractères et évolution des origines au xviiie siècle (A. Michel, coll. « Évol. de l’humanité », 1947 ; nouv. éd., 1970). / Recueils de la Société Jean Bodin, la Ville (Éd. de la Libr. encyclopédique, Bruxelles, 1954-55 ; 2 vol.). / P. Brezzi, I Comuni medioevali nella storia d’Italia (Turin, 1959). / R. Pernoud, Histoire de la bourgeoisie française (Éd. du Seuil, 1960-1962 ; 2 vol.). / A. Vermeesch, Essai sur les origines de la Commune dans le Nord de la France, xie-xiie siècle (Éd. administratives, Namur, 1966). / R. Fossier, Histoire sociale de l’Occident médiéval (A. Colin, coll. « U », 1970). / J.-F. Lemarignier, la France médiévale. Institutions et sociétés (A. Colin, coll. « U », 1970).

communication

Transmission d’une information d’un point (lieu ou personne) à un autre.


La théorie de la communication

Les recherches théoriques sur les systèmes de communication ont été précédées par des études entreprises dès la fin du xixe s. en physique et en mathématiques (Ludwig Boltzmann, Andreï Andreïevitch Markov, Ralph Windon Hartley) sur la notion de « probabilité d’un événement » et les possibilités de mesure de cette probabilité. Plus récemment, avant la Seconde Guerre mondiale, les contributions les plus importantes sont dues à la collaboration des mathématiciens et des ingénieurs des télécommunications, qui ont été amenés à envisager les propriétés théoriques de tout système de signaux utilisé par les « êtres » (vivants ou techniques) à des fins de communication. En se proposant ce domaine de recherche, les théoriciens de la communication abordaient dans une perspective nouvelle certains aspects de la communication linguistique. Les modèles mathématiques élaborés ont permis de préciser certains concepts utilisés couramment dans les analyses linguistiques structurales, en même temps qu’ils faisaient apparaître les limites inhérentes à ce type, d’analyse et provoquaient des recherches nouvelles (en traduction automatique et en psycholinguistique).