Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Alaska (suite)

La dernière frontière (1896-1959)

En 1896, l’or est découvert au Canada le long du Klondike et du Yukon. L’Alaska tire profit de la ruée vers l’or, car les prospecteurs passent par Dyca et Skagway pour atteindre Dawson City. En 1898, de nouvelles découvertes ont lieu cette fois en Alaska, près de Nome, puis dans la vallée de la Tanana et enfin dans la région de Fairbanks. En 1905, l’extraction rapporte 15 millions de dollars, tandis que les mines de Juneau ont fourni 17 millions de dollars de 1880 à 1900. Sans tarder, l’extraction industrielle remplace les méthodes artisanales des prospecteurs. D’autres ressources minéralogiques s’ajoutent à l’or. En outre s’édifie une puissante industrie de la conserve de poissons.

Les deux guerres mondiales, mais surtout la Seconde, entraînent l’installation de bases militaires à Kodiak, près d’Anchorage, à Fairbanks.

Devenu territoire en 1912, l’Alaska ne tarde pas à revendiquer le statut d’État. Les sociétés industrielles, craignant une augmentation des impôts, freinent le mouvement. Mais, en 1956, les Alaskans adoptent leur Constitution. En 1958, le Congrès et le président Eisenhower acceptent l’entrée dans l’Union d’un quarante-neuvième État, ce qui est officiellement réalisé le 3 janvier 1959.

A. K.

Les Aléoutiennes

Guirlande insulaire reliant la péninsule de l’Alaska à celle du Kamtchatka, les Aléoutiennes sont devenues américaines en 1867 par la vente de l’Alaska russe aux États-Unis. On distingue plusieurs groupes d’îles, soit, de l’ouest à l’est, les îles Near, Rat, Andreanof et l’ensemble Umnak, Unalaska et Unimak. La plupart sont constituées, comme les arcs du Pacifique occidental, de volcans encore actifs. Malgré la latitude (entre 50° et 55° N.), l’archipel se distingue par un climat à la fois polaire et maritime, presque sans été ni hiver. Les pluies et les brouillards sont très fréquents en toute saison (2 000 mm en 250 jours de précipitations à Unalaska). La violence des vents interdit la croissance des arbres, mais on observe des formations buissonnantes et de hautes pelouses de graminées.

La population autochtone, les Aléoutes, est apparentée aux Esquimaux. Son mode de vie traditionnel reposait sur la pêche et sur la chasse aux mammifères marins à fourrure. Sous l’occupation russe (1784-1867), ces pacifiques Aléoutes furent maltraités, décimés et déportés par les pêcheurs du Kamtchatka ou l’administration tsariste, et, dans le meilleur des cas, exploités par les baleiniers russes et américains. Aussi, leurs effectifs passèrent-ils de 15 000 (ou même 25 000 selon certaines estimations) au début du xixe s. à un millier lors de l’acquisition du pays par les États-Unis. Leur nombre est d’environ 4 000 aujourd’hui.

Les principales ressources de l’archipel sont constituées, comme autrefois, par la faune marine. La politique gouvernementale tend à réserver aux indigènes la chasse aux animaux à fourrure (phoques, otaries, morses). La grande pêche industrielle (morue, hareng, flétan) est pratiquée par des Américains de l’Alaska continental et du Washington ainsi que par des Japonais.

P. B.


La population

Avant l’arrivée des Russes, puis des Américains, l’Alaska était occupé par des Esquimaux et des Aléoutes, d’une part, et des Indiens, de l’autre, ceux-ci étant rattachés au rameau athapascan ou à la culture dite « du Nord-Ouest ». Chacun de ces peuples possède encore un habitat géographique déterminé : les Esquimaux sont installés dans les toundras bordant l’océan Arctique et la mer de Béring ; les Aléoutes occupent les îles Aléoutiennes et la péninsule d’Alaska ; les Indiens Athapascans ne sortent guère du domaine boisé de l’intérieur ; ceux de la côte du Pacifique bénéficient d’un habitat favorisé par le climat et les ressources (saumon). Sauf ces derniers, ces peuples chasseurs et pêcheurs pratiquaient jadis diverses formes de nomadisme, aujourd’hui en déclin ou abandonnées. La population autochtone compte actuellement plus de 50 000 personnes. Le nombre des Blancs, qui a crû lentement entre les deux guerres, a progressé très rapidement depuis 1940. La population totale a augmenté de 75,8 p. 100 entre 1950 et 1960, et de 33,6 p. 100 entre 1960 et 1970. Aux 302 000 habitants permanents s’ajoute en été une population flottante de quelques dizaines de milliers de personnes.

La population se rassemble dans trois régions principales : la Queue-de-Poêle (Panhandle), où résident un grand nombre de Blancs et la plupart des Indiens, et où se situent Juneau, la capitale (13 000 hab.), Ketchikan, Sitka, Wrangell ; la péninsule de Kenai, avec Anchorage (46 000 hab.), Seward et Cordova ; la moyenne Tanana, autour de Fairbanks (14 000 hab.). Le reste de la population, surtout des Esquimaux et des Aléoutes, se disperse sur les côtes de la mer de Béring, sur le cours inférieur du Yukon et du Kuskokwim et dans les îles Aléoutiennes.


L’économie

L’exploitation de la mer est encore la principale activité. La chasse aux animaux à fourrure (îles Pribilof) a perdu son ancienne importance, mais les pêcheries sont très actives. Le saumon est l’espèce la plus abondante et la plus recherchée ; il est destiné aux conserveries (canneries) du golfe d’Alaska, surtout celles de la Queue-de-Poêle, qui utilisent une main-d’œuvre saisonnière en provenance des États du Pacifique. Des bateaux de la Colombie-Britannique et de la Californie, ainsi que du Japon, pèchent le saumon dans les eaux alaskiennes. Le flétan, le hareng, la morue, les crabes sont également péchés et traités.

Les industries extractives arrivent au deuxième rang des activités économiques. Outre les matériaux de construction (sables, graviers), destinés aux routes et aux aéroports, on exploite quelques bassins de charbon et de lignite, desservis par la ligne de Seward à Fairbanks, et surtout des minerais de métaux chers (or, cuivre, argent, mercure). L’or se présente en paillettes ou en pépites dans les alluvions (placers), ou bien en filons (moyenne Tanana, bas Yukon, bas Kuskokwim, péninsule de Seward, région de Juneau). La ruée vers l’or date de 1898 à Nome et atteint la Tanana en 1904. 40 000 prospecteurs et mineurs occupent l’Alaska dès 1910 ; ils sont moins de 30 000 dix ans plus tard, de puissantes sociétés ayant éliminé nombre de prospecteurs indépendants. Les gisements de cuivre paraissent abondants (région du Katmai, monts de Brooks, de Chugach et de Wrangell), mais leur exploitation est subordonnée à la construction de voies d’accès ; une route permet l’extraction des gisements de la rivière Copper.