Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Abidjan (suite)

Les quartiers résidentiels comprennent : le Plateau (gouvernement, administrations, sièges des banques et des sociétés) ; Cocody (résidences de luxe, établissements universitaires), qui tend à se prolonger vers l’est, de l’université à Bingerville, avec l’hôtel Ivoire et son complexe touristique au bord de la lagune ; Marcory et les villas de la zone industrielle dans l’île de Petit-Bassam. Cet ensemble occupe environ la moitié de la surface urbaine ; on y trouve 90 p. 100 de la population européenne (20 000 hab. sur 500 000) et 5 p. 100 de la population africaine (couches supérieures).

Les quartiers africains aménagés sont : Treichville (population africaine aisée, employés, fonctionnaires) ; Adjamé (plus pauvre, avec une plus forte proportion d’immigrants récents et moins recherché en raison de l’éloignement des lieux de travail) ; le nouveau Koumassi, dans l’île de Petit-Bassam. Les immeubles de rapport à étages commencent à y remplacer les « concessions » traditionnelles, qui groupent autour d’une cour des bâtiments en « dur », sans étages, divisés en cellules locatives.

Les quartiers africains spontanés juxtaposent cases en planches et bidonvilles, où la population d’immigration récente s’accumule dans les pires conditions d’hygiène. Ce sont Port-Bouët, une partie de l’île de Petit-Bassam, la périphérie d’Adjamé.

Un effort considérable est accompli (surtout depuis 1960) pour éliminer les taudis et rénover les quartiers de peuplement spontané : mais la croissance rapide de la population (plus de 50 000 nouveaux habitants par an) fait perpétuellement renaître de nouveaux bidonvilles au-delà des zones réaménagées.

Sur 560 000 habitants en 1971, moins de la moitié sont ivoiriens d’origine et un quart à peine sont nés à Abidjan. Les immigrés (Voltaïques, Maliens, Nigériens, etc.) sont majoritaires. La grande distorsion des niveaux de vie, l’existence permanente d’une masse de chômeurs qui oscille entre 20 et 30 p. 100 de la population active posent de sérieux problèmes sociaux.

Les fonctions administratives et commerciales d’Abidjan demeurent fondamentales. Le développement du port (6,6 Mt de trafic en 1974), qui réalise l’essentiel du commerce extérieur de la Côte-d’Ivoire, a consolidé cette fonction commerciale et donné l’élan à la fonction industrielle (huileries, savonneries, conserveries d’ananas et de poisson, minoterie, cimenterie, fabrication de café soluble, traitement du cacao, raffinerie de pétrole, industries mécaniques, etc.). Abidjan occupe 85 p. 100 des salariés industriels de la Côte-d’Ivoire (il n’existe qu’un seul autre centre industriel, Bouaké). Les fonctions universitaires et culturelles de la capitale ivoirienne prennent de plus en plus d’importance (université, créée en 1964 ; musée, l’un des plus riches d’Afrique occidentale ; Centre des sciences humaines).

J. S.-C.

Abomey (royaume d’)

Ancien royaume d’Afrique noire. Sa fondation est relativement récente, mais il est difficile d’en fixer la date : la chronologie traditionnelle la place au début du xviie s. Capitale du mythique fondateur de la dynastie des Agassou, « Agassou la Panthère », le royaume naquit aux environs mêmes de la ville d’Abomey, dans le pays guédévi, dont les autochtones étaient des Yoroubas. Ses fondateurs, venus de Tado, dans le pays adja de l’est du Togo, étaient d’origine étrangère.


Ouégbadja (1645-1685), qui fut le troisième roi, bâtit le premier palais, et chacun de ses successeurs établit le sien à côté. Le palais royal d’Abomey (Agbo-mê signifie « à l’intérieur des remparts ») était donc une suite d’édifices, qui représentait l’évolution dans le temps d’une monarchie de plus en plus florissante. La mort d’un roi n’entraînait jamais la destruction ou l’abandon de son palais, bien au contraire : le roi y régnait, présent dans les autels qu’on lui dressait à l’endroit même où il avait vécu. La continuité de la lignée royale s’inscrivait ainsi sur le terrain et s’exprimait par les cérémonies aux ancêtres, qui se déroulaient successivement dans tous les palais qu’ils avaient bâtis. L’ensemble des bâtiments constituait une sorte de généalogie architecturale. À la fin du xixe s., le périmètre de l’enceinte atteignait plus de 4 km de développement pour une population évaluée à environ 10 000 âmes. Incendiés par ordre de Béhanzin (1889-1894), obligé de fuir la capitale, les palais furent restaurés par le gouverneur Reste, qui en fit un musée pour exposer les collections d’objets qui avaient pu être sauvés. L’aspect actuel des ruines permet encore d’imaginer cette immense cité royale, à la fois cité des vivants et des morts.

Le nom royal exprime la puissance et participe de celle-ci : c’est le « nom fort ». Chaque roi avait toute une série de noms qui s’accroissait au long de son règne, à l’occasion d’un événement important. Les représentations symboliques des rois avaient aussi leur origine dans les « noms forts ». L’animal, le végétal ou l’objet figure sur les bas-reliefs, les tentures en étoffe appliquée ; on le représente par les statues, les sculptures des récades (bâtons sculptés, symboles de la puissance royale, portés par les messagers du roi), les décorations des bijoux. Ainsi, le buffle était le symbole de Guézo et le requin celui de Béhanzin.

Ouégbadja institua une étiquette de cour et s’entoura de nombreux ministres. Son pouvoir était absolu. La justice lui était réservée. Ouégbadja établit les coutumes et surtout les funérailles royales, marquées par des sacrifices humains. Le nouveau royaume prit le nom de « Dan-homé » (dans le ventre de Dan), allusion au roi Dan, qui avait accueilli Ouégbadja.

L. G.

➙ Dahomey.

Abraham

Patriarche hébreu (xixe s. av. J.-C.), un des personnages majeurs des religions juive, chrétienne et islamique.



Abraham et l’histoire

Autrefois, les historiens tendaient à considérer Abraham comme un héros de légende, l’ancêtre mythique du clan auquel se rattachait le peuple d’Israël. Le développement de la recherche archéologique a renouvelé nos connaissances. Les fouilles de Byblos, de Ras Shamra (Ougarit), les riches découvertes de Mari, celles d’Our et de Nouzi (près de Kirkūk), pour ne citer que les plus marquantes, ont permis à l’historien de prendre pied dans ce IIe millénaire au début duquel les traditions bibliques font vivre Abraham.