Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

colonisation (suite)

En vain, les anciennes métropoles ont-elles essayé de maintenir quelques liens de subordination entre elles et leurs colonies. Elles ont dû y renoncer. Le Commonwealth n’est plus « impérial » ou « britannique », mais seulement un Commonwealth of Nations (1949), tandis que l’Union française (1946) cède la place à une Communauté impersonnelle (1958) et d’ailleurs très éphémère. Si économiquement des liens subsistent, politiquement ils se sont brisés. Seul l’ancien Empire russe se retrouve dans l’U. R. S. S. grâce à la continuité géographique et parce que, selon un principe constamment appliqué depuis 1917, « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne saurait prévaloir sur les tendances unificatrices de l’économie socialiste » (Trotski).

En 1970, suivant l’O. N. U., il existait encore quarante-quatre territoires ayant vocation à l’indépendance et totalisant 28 millions d’habitants, dont la moitié en Afrique portugaise. Si, parmi les autres, on excepte Hong-kong, Namibie et la Rhodésie du Sud, il s’agissait de territoires peu importants, surtout d’îles qui constitueraient difficilement des États indépendants. En tant que domination politique, la colonisation outre-mer a donc vécu. Le retour du Portugal à la démocratie, et les négociations avec les nationalistes africains qui en résultent, donne à cette colonisation traditionnelle son coup de grâce en 1974.

X. Y.

➙ Colonialisme / Empire britannique / Empire colonial espagnol, français, italien, néerlandais, portugais / Impérialisme.

 G. Hanotaux et A. Martineau, Histoire des colonies françaises (Plon, 1929-1934 ; 6 vol.). / J. H. Rose (sous la dir. de), The Cambridge History of the British Empire (Cambridge, 1929-1959 ; 9 vol.). / A. Ballesteros y Beretta (sous la dir. de), Historia de America y de los pueblos americanos (Barcelone et Buenos Aires, 1936 et suiv. ; 25 vol. prévus). / G. Hardy, la Politique coloniale et le partage de la terre aux xixe et xxe siècles (A. Michel, 1937). / C. A. Julien, les Voyages de découverte et les premiers établissements, xve-xvie siècle (P. U. F., 1948). / H. Deschamps, la Fin des empires coloniaux (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1950 ; 4e éd., 1969) ; Méthodes et doctrines coloniales de la France (A. Colin, 1954). / P. Knaplund, Britain, Commonwealth and Empire, 1901-1955 (Londres, 1956). / H. Brunschwig, l’Expansion allemande outre-mer du xve siècle à nos jours (P. U. F., 1957) ; Mythes et réalités de l’impérialisme colonial français, 1871-1914 (A. Colin, 1960). / R. Sédillot, Histoire des colonisations (Fayard, 1958). / H. Deschamps (sous la dir. de), Mondes d’outre-mer (série histoire) [Berger-Levrault, 1960 et suiv. ; 8 vol. parus]. / H. Grimal, Histoire du Commonwealth britannique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 3e éd., 1971) ; la Décolonisation, 1919-1963 (A. Colin, coll. « U », 1965). / F. Mauro, l’Expansion européenne, 1600-1870 (P. U. F., coll. « Nouvelle Clio », 1964 ; nouv. éd., 1968). / J. Berque et J. P. Charnay, De l’impérialisme à la décolonisation (Éd. de Minuit, 1965). / R. von Albertini, Dekolonisation (Cologne, 1966). / G. de Bosschère, les Deux Versants de l’histoire, t. I : Autopsie de la colonisation ; t. II : Perspectives de la décolonisation (A. Michel, 1967-1969 ; 2 vol.). / J. Ganiage, l’Expansion coloniale de la France sous la IIIe République, 1871-1914 (Payot, 1968). / J. L. Miège, l’Impérialisme italien de 1870 à nos jours (C. D. U., 1968) ; Expansion européenne et décolonisation de 1870 à nos jours (P. U. F., coll. « Nouv. Clio », 1973). / R. Cornevin, Histoire de la colonisation allemande (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / M. Merle, l’Anticolonialisme européen de Las Casas à Karl Marx (A. Colin, 1969). / X. Yacono, Histoire de la colonisation française (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969) ; les Étapes de la décolonisation française (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1971). / H. Isnard, Géographie de la décolonisation (P. U. F., 1971). / P. Guillaume, le Monde colonial, xixe-xxe siècles (A. Colin, 1974).

Colorado

État de l’ouest des États-Unis ; 270 000 km2 ; 2 207 000 hab. Capit. Denver.


Vaste comme la moitié de la France, l’État est faiblement peuplé. La densité moyenne est de 8 habitants au kilomètre carré ; mais la densité réelle est plus basse encore, car la moitié de la population se groupe dans l’agglomération de Denver. La faible occupation humaine est liée à des facteurs historiques (caractère relativement récent du peuplement), mais surtout aux conditions topographiques et climatiques. La moitié occidentale de l’État appartient à la partie la plus élevée des Rocheuses, qui dépassent parfois 4 000 m (27 des 50 plus hauts sommets américains s’y localisent). La moitié orientale correspond à la partie la plus élevée des Grandes Plaines, là où l’altitude dépasse généralement 1 000 m. L’ensemble possède un climat continental caractérisé par la rigueur de l’hiver (moyenne de janvier inférieure à 0 °C), la chaleur de l’été (moyenne de juillet nettement supérieure à 20 °C malgré l’altitude) et surtout une grande aridité (hauteur des précipitations inférieure à 400 mm), décisive sur l’orientation de l’agriculture.

L’élevage bovin et ovin tient la première place. Les cultures (céréales, betteraves à sucre) sont étroitement liées à l’irrigation, qui intéresse seulement 1 million d’hectares. Le principal secteur d’agriculture irriguée est situé sur la Platte du Sud, particulièrement autour de Greeley, où fut établie précocement (dès 1870) une colonie coopérative.

Pour remédier au déficit en eau, surtout à la fin de l’été et au cours des années de faibles précipitations, on a été amené à transférer les eaux du Colorado supérieur vers le Piedmont à travers les Rocheuses. Le système Colorado-Big Thompson comporte : une série de réservoirs sur le versant ouest, destinés, pour une part, à compenser les prélèvements pour les utilisateurs situés en aval sur le Colorado et, pour l’autre part, à collecter des eaux pour le Piedmont ; à travers les Rocheuses, un tunnel de 21,7 km de longueur, pouvant débiter 15,6 m3/s ; sur le versant est, un réseau de distribution des eaux et, à la faveur des dénivellations, des centrales dont la production de 0,7 TWh sert la demande locale.