Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Coléoptères (suite)

• Les frondicoles sont nombreux. Des espèces différentes se rencontrent sur le tronc et les branches, sur les racines, sur les feuilles, sur les fleurs et les fruits, dans les galles. Des Scarabéidés, des Cérambycidés, des Elatéridés s’attaquent aux racines. Sur les feuilles se développent des Buprestes (Tachys), des Chrysomélidés, des Curculionidés. Dans les fleurs s’installent des Méligèthes, des Olibrus (Cucujoïdes). Plusieurs Curculionidés effectuent la majeure partie de leur développement dans les fruits. La cime des arbres a également une faune propre, comprenant en particulier des Cétoines et des Buprestes. Des Cicindélidés, larves et adultes, vivent à Madagascar et en Indo-Malaisie exclusivement sur le tronc et les branches de certains arbres.

• Les lignicoles groupent des Coléoptères issus de plusieurs familles. Nous rencontrons parmi ceux-ci des Cérambycidés, des Buprestidés, des Bostrychidés, des Ipidés, etc. Ces lignicoles sont accompagnés de toute une série de prédateurs et de commensaux qui vivent souvent dans leurs galeries. Les espèces corticoles sont généralement aplaties, ce qui leur permet de se développer sous les écorces.

• Les muscicoles rassemblent les habitants des mousses humides des forêts et de celles, ruisselantes, des cascades (plusieurs groupes de Staphylins). Cette faune muscicole comprend des saproxylophiles, des humicoles et des mycétophages, car, bien souvent, les limites d’un milieu donné sont difficiles à situer. La plupart des espèces ont en commun d’être attirées à la fois par l’humidité, par un taux relativement élevé de gaz carbonique (4 p. 100) et par la présence d’une certaine quantité d’ammoniac. La base du peuplement est formée de saproxylophages et de mycétophages, lesquels attirent de nombreux prédateurs.

• Les mycétophiles vrais sont les hôtes stricts des Champignons. Ce sont essentiellement des Staphylinidés, des Histéridés, des Mycétophagidés et autres Clavicornes. Des groupes tels que les Liodidés et les Bolbocéridés sont inféodés aux Champignons souterrains.


Les plaines herbeuses et les steppes

Des milieux tels que les grandes plaines herbeuses de l’ouest des États-Unis, la Prairie, et les vastes plaines à graminacées de l’Amérique du Sud, la Pampa, ont une faune de Coléoptères où, en plus de nombreux phytophages, des faunes de Carabiques (Lebiinæ) semblent assez caractéristiques de ce type de milieu.

Les steppes forment un milieu distinct du précédent, mais non sans analogie. La faune des Coléoptères comprend de nombreux Curculionidés (Cleonus et genres voisins, Larinus), des Scarabéidés, des Ténébrionidés (Pimelia, Blaps, Eleodes), des Méloïdés, des Cérambycidés, des Buprestidés, quelques Carabiques.


Le milieu alpin. Le domaine souterrain

• Les Coléoptères du milieu alpin forment une faune très spéciale, comptant parmi ses représentants de nombreux nivicoles, espèces dont le développement s’effectue en altitude à proximité de la neige fondante. D’une façon générale, cette faune du milieu alpin est liée aux conditions écologiques particulières qui s’établissent en altitude et qui entraînent pour la faune une longue période de latence en saison froide, la période d’activité étant de ce fait assez brève. Les Nébries, quelques Tréchus, de nombreux Bembidions (Carabiques) sont les éléments les plus marquants de faune nivicole. Mais des milieux tels que les prairies rases d’altitude, le bord des lacs, les forêts, le bord des torrents hébergent souvent des espèces qui ne se rencontrent qu’en altitude.

Dans beaucoup de régions, le milieu nivicole est en contact avec le milieu souterrain par le ruissellement et même par le glacier. Les Spéléonébries du Djurdjura, en Algérie, sont des Nébries qui vivent dans des grottes d’altitude où les parois sont recouvertes de glace, montrant ainsi comment peut s’effectuer, dans certains cas, le passage de la faune nivicole à la faune cavernicole*. Notons encore qu’au cours de ce passage on observe des particularités communes à la faune des deux milieux, telles que minceur du tégument, non- (ou faible) pigmentation, étirement des appendices, aptérisme, régression ou disparition des yeux, etc.

• Le milieu souterrain est entièrement conquis par les Coléoptères. Il existe une faune endogée, une faune des fissures, une faune des grottes, une faune des cavités artificielles (carrières souterraines, mines, galeries diverses), une faune des eaux souterraines. La faune endogée est la plus riche et la plus variée. De nombreux groupes se trouvent représentés dans le sol (pierres enfoncées, argiles, pied des plantes). Les Insectes sont souvent aplatis ou bien cylindriques, et les fouisseurs sont fréquents. La plupart sont des prédateurs, mais d’autres sont saprophages ou phytophages. Cette faune comprend essentiellement des Carabiques (Geotrechus, Scotodipnus, Anilus), divers Staphylinidés, des Curculionidés (Troglorrhynchus, Raymondionymus). Il n’y a évidemment pas de barrières étanches entre les différents domaines souterrains, et, souvent, des espèces du milieu endogé pénètrent dans les grottes et inversement. Les Coléoptères des grottes et des fissures forment deux faunes distinctes. Les fissures abritent des formes plus évoluées et plus sensibles aux fluctuations climatiques que celles des grottes. Les Hydraphænops (Carabiques) constituent sans doute le meilleur exemple que nous puissions trouver de ces ultracavernicoles. Dans les grottes vivent des espèces également très particulières (Carabiques [Aphænops, Apteraphænops] et Silphides [Anthroherpon]), qui ont suivi une ligne évolutive comparable à celle des formes citées plus haut. Les eaux souterraines hébergent aussi quelques cavernicoles aquatiques, tels que Siettitia Avenionensis, S. Balsetensis, Graptodytes eurasianus, Bidessus Chappuisi (Dytiscidés). Chez ces Insectes, on ne remarque guère de caractères morphologiques particuliers autres qu’une dépigmentation assez sensible et une régression de l’œil plus ou moins bien marquée.