Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Coléoptères (suite)

• Les yeux sont souvent partagés en deux lobes : le lobe dorsal et le lobe ventral. Ils sont formés de facettes dont le nombre varie selon les espèces. Dans certains cas, ils sont si développés qu’ils occupent extérieurement toute la tête (Vesperus 0). Inversement, les yeux peuvent s’effacer et disparaître complètement (nombreuses espèces cavernicoles ou endogées). En plus des yeux, un ocelle frontal (ou deux) existe parfois dans certains groupes (Staphylinidés, Hydrocanthares, Dermestidés).

• Le thorax est formé de trois segments distincts : le prothorax, qui porte les pattes antérieures et deux stigmates ; le mésothorax, où l’écusson est visible dorsalement et où s’articulent les élytres et les pattes intermédiaires ; le métathorax, où sont articulées également les ailes membraneuses et les pattes postérieures. Les élytres* conservent parfois sous forme de stries plus ou moins bien organisées la trace d’une ancienne nervation alaire. Ils recouvrent partie ou totalité des segments de l’abdomen et s’atrophient dans certains groupes (Rhipiphoridés). Les ailes, au repos, sont repliées sous les élytres. Fonctionnelles dans la plupart des groupes, elles peuvent être régressées ou inexistantes dans quelques familles. Les pattes antérieures diffèrent beaucoup des pattes intermédiaires et des pattes postérieures. Mais, dans tous les cas, les articles qui forment la patte sont les mêmes : hanche, trochanter, fémur, tibia et tarses, ces derniers en nombre variable (de 3 à 5). Le dernier tarse porte les ongles, habituellement au nombre de deux. À l’extrémité distale des tibias s’articulent deux éperons. Les pattes présentent souvent de curieuses particularités morphologiques, en rapport avec le mode de vie et la nature du milieu. On a ainsi été conduit à distinguer des pattes de type marcheur, de type sauteur, de type fouisseur et de type nageur.

• L’abdomen comprend généralement sur la face dorsale huit segments apparents, ou tergites, portant chacun une paire de stigmates. Sur la face ventrale, le nombre des segments, ou sternites, est presque toujours inférieur à celui des tergites. Des segments non apparents, invaginés dans la partie postérieure, contribuent à la formation d’une armure génitale ou d’organes de ponte.

• Les larves diffèrent beaucoup morphologiquement de l’adulte. Le tégument est moins rigide, mais demeure cependant assez fortement sclérifié dans plusieurs groupes. Il est orné de nombreux phanères sensoriels plus ou moins spécialisés suivant l’habitat. Le corps est formé généralement de treize segments distincts. La tête porte des antennes de trois ou quatre articles et des stemmates. Ceux-ci, formés d’une simple cornée épidermique recouvrant quelques cellules rétiniennes, sont normalement au nombre de cinq ou six ; mais il peut y en avoir moins ou pas du tout. La tête porte encore, autour de la bouche, les mandibules, les maxilles et les pièces labiales (labre, labium avec les palpes labiaux). Les segments thoraciques, peu différenciés, portent les pattes. Le segment prothoracique est muni de deux stigmates fonctionnels. Les trois paires de pattes sont souvent assez semblables, mais, dans plusieurs cas, les pattes antérieures montrent une évolution particulière (cas des fouisseurs). L’article terminal, appelé tarse, ongle ou griffe, suivant les auteurs, est en effet plus robuste et prend parfois une configuration très spéciale. Les segments abdominaux sont au nombre de dix ; les six premiers sont munis chacun d’une paire de stigmates.

• Les nymphes sont d’un type assez constant. On observe en général neuf segments abdominaux. Les stigmates sont toujours en nombre inférieur à celui de la larve ou de l’adulte. La distribution des soies à la surface du corps (chétotaxie) est caractéristique de chaque famille.


Particularités internes

• On a signalé chez les Coléoptères plusieurs formes de glandes tégumentaires. Celles-ci élaborent un revêtement pruineux dans plusieurs groupes (Lixus, Cleonus, Zophosis). Elles sont également à l’origine de sécrétions auxquelles viendront s’agglomérer les particules du sol pour former dans de nombreux cas un revêtement mimétique (Asida). Mais d’autres ont un rôle plus important en tant que glandes à sécrétions odorantes ou toxiques (Dytiscus, Blaps). Ces glandes sont parfois exsertiles, entrant seulement en action au moment où l’Insecte prend une position de défense (glandes pygidiales des Staphylins, glandes détonantes des Brachynes). L’autohémorrhée, ou saignée réflexe, rejet sanguin à travers les membranes articulaires des pattes à la suite d’une excitation, se produit parfois sur l’emplacement de glandes atrophiées.

• Le tube digestif se divise en trois parties : l’intestin antérieur, comprenant le pharynx, le jabot et le proventricule ; l’intestin moyen, où se trouvent sur la vésicule chylifique les cæcums gastriques ; l’intestin postérieur, où s’ouvrent les tubes de Malpighi et des glandes anales.

• L’appareil circulatoire des Coléoptères est formé d’un vaisseau dorsal, dont la partie contractile joue le rôle de « cœur » et la partie antérieure celui d’« aorte ». Le cœur s’ouvre dans un sinus péricardique par huit paires d’ostioles. Le sang peut être incolore ou teinté. Dans certains cas, la couleur diffère, d’un sexe à l’autre. Dans le sang de nombreux Coléoptères, il existe des substances toxiques, telles que la cantharidine, par exemple, chez les Méloïdés. Cette substance, très dangereuse pour l’Homme, l’est moins pour les Insectes, les Araignées, les Oiseaux et tous les Insectivores qui s’attaquent à ces Coléoptères. Certains poisons s’accumulent encore normalement dans le sang de divers Coléoptères à partir de la plante dont ils se nourrissent, et cela sans qu’ils aient à en souffrir ; le Méloïdé Epicauta ruficeps, inféodé à Sumatra aux Strychnos, est dans ce cas.

Il existe chez tous les Insectes des masses de cellules adipeuses appelées corps gras. Celui-ci est généralement considéré comme un organe de réserve. Une curieuse spécialisation de certaines cellules adipeuses aboutit chez plusieurs Coléoptères à la formation d’organes lumineux (Lampyridés, Elatéridés).