Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

climat (suite)

1. L’ouest : le style océanique et ses dégradations. L’Europe atlantique du sud-ouest de la Norvège au nord-ouest de l’Espagne, en passant par les îles Britanniques, la Belgique et la France, rappelle par certains côtés l’ambiance climatique du sud de la Colombie britannique et aussi de la frange littorale du Washington et de l’Oregon. Les îles Britanniques, avec la douceur des températures, l’abondance des précipitations et l’importance des vents, illustrent plus particulièrement le climat océanique tempéré. À Valentia (Irlande) et aux îles Scilly, l’hiver est doux : 7,2 °C et 7,8 °C ; l’été, frais : 15 °C et 16,1 °C. Les écarts thermiques saisonniers sont donc faibles : moins de 10 °C. Voilà un caractère hyperocéanique que l’exposition face à l’est altère dans une certaine mesure, mais sans bouleversement (Londres : janvier, 3,9 °C ; juillet, 17,8 °C ; écart, 13,9 °C). Les totaux pluviométriques sont substantiels (1 420 mm à Valentia) et bien répartis dans l’année. Même aux îles Scilly, où il ne tombe que 825 mm d’eau, il n’y a pas de mois sec. Les vents font également partie de l’ambiance. L’Écosse est une terre propice aux vents de tempête. Ces caractères résultent de l’influence océanique, de l’intervention des eaux chaudes remontant au large occidental des îles et de la fréquence des perturbations d’ouest. Alors que ce type climatique est bloqué en Amérique du Nord par le système montagneux de l’Ouest américain, il se propage ici vers l’est mais s’altère progressivement sur l’Europe germanique. De sorte que les dépressions barométriques d’origine atlantique ont peine à atteindre l’Europe orientale. En hiver, il règne sur la Pologne et l’U. R. S. S. un temps froid, à caractère anticyclonique, le ciel restant souvent clair sur la campagne enneigée. À Varsovie, la moyenne des trois mois les plus sévères descend sous 0 °C ; janvier accuse – 3,9 °C. Quant à l’été, il est plutôt chaud (18,3 °C en juillet), venant après un printemps qui a éclaté brusquement. La chaleur estivale s’accompagne de l’effacement des hautes pressions ; elle est alors supérieure à celle des stations océaniques de l’Ouest européen. Il résulte de cela un assez fort écart thermique saisonnier (22,2 °C à Varsovie), ce qui est un trait de continentalité. Le rythme pluviométrique va dans le même sens, avec la sécheresse relative de l’hiver (essoufflement des dépressions atlantiques, présence de hautes pressions d’origine thermique) et les précipitations d’été. Le climat continental typique de l’Europe orientale apparaît cependant dans la région de Moscou : – 9,4 °C en janvier ; 5 mois en moyenne sous 0 °C ; 175 jours de gel. L’été rappelle celui de Varsovie : 18,3 °C. Quant aux précipitations (neigeuses en hiver et à prédominance d’été), elles sont modestes (538 mm), ce qui confirme, avec le fort écart thermique saisonnier (27,7 °C), l’effet de continentalité.

2. Le centre : l’aridité et la semi-aridité continentales. Au sud (Ukraine) et loin vers l’est se déploient les steppes. Celles-ci s’étendent de la mer Noire à l’Altaï et s’organisent autour du domaine aride de la mer d’Aral. L’Ukraine est assez humide : 500 mm à Kharkov (561 mm à Kiev) avec maximum pluviométrique de saison chaude (69 mm en juin). En bordure du désert d’Aral, les steppes sont plus sèches. Dans tout cet ensemble, l’hiver est rude (3 à 4 mois inférieurs à 0 °C). C’est que la région est soumise aux poussées froides issues des hautes pressions continentales. Le désert d’Aral n’est pour sa part que l’élément le plus occidental d’un ensemble aride qui, en Asie centrale, comporte également le Takla-makan (Turkestan oriental) et le Gobi. Si les étés sont sensibles, les hivers sont très froids. À Oulan-Bator (au nord du Gobi), aux 16,1 °C de juillet s’opposent les – 25,6 °C de janvier, avec 3 mois sous – 20 °C. Sécheresse (moins de 200 mm au Gobi, avec 8 à 9 mois arides et une sensible exaltation d’été : 76,2 mm en juillet à Oulan-Bator), rudesse des conditions thermiques, surtout par référence à des hivers très durs et à des écarts saisonniers considérables, tels sont les traits principaux de la traînée désertique de l’Asie centrale. Celle-ci est liée à la fois à l’effet de continentalité et à la position d’abri (le Takla-makan et le Gobi sont séparés de l’océan Indien par le Tibet et l’Himālaya).

3. L’est : un style composite. Plus à l’est, le climat mandchou s’aligne sur la façade soviétique jusqu’à Vladivostok. On peut l’incorporer au type tempéré froid. La « Chine du Nord » de la latitude de Shenyang à celle des Qin-ling (Ts’in-ling), l’essentiel de la Corée, Hokkaidō et le nord de Honshū appartiennent par contre aux régions tempérées moyennes. À Tianjin (T’ien-tsin), l’hiver est rude (– 4,4 °C en janvier), l’été très chaud (27,2 °C en juillet) et prolongé. Bien que l’on soit en façade océanique, les forts écarts thermiques saisonniers expriment un style continental. En fait, si en été l’air chaud de l’océan affecte la région, celle-ci subit le souffle de l’Asie en hiver. Avec moins d’excès, ces caractères thermométriques demeurent en Corée ainsi qu’au Japon central et septentrional. Quant au régime pluviométrique, il oppose sur le continent un hiver sec à un été très pluvieux (188 mm en juillet à Tianjin [T’ien-tsin], 2,5 mm en février). On retrouve là encore l’alternance saisonnière avec influence continentale et intervention maritime. La Corée et surtout le Japon ont plus d’humidité en saison froide (passage de l’air polaire sur la mer du Japon), ce qui se traduit, sur les îles nipponnes, par d’abondantes chutes de neige en façade occidentale, là où le maximum pluviométrique annuel peut être atteint. Les rythmes thermométriques et pluviométriques sont particulièrement remarquables sur cette partie de l’Asie. L’aspect « continental » (forts écarts thermiques, pluies d’été) est intéressant, constaté en façade maritime. On le retrouve d’ailleurs, avec quelques nuances du point de vue pluviométrique, en position comparable aux États-Unis (région de New York). À la vérité, il n’y a là qu’une retouche du style rencontré aux latitudes plus extrêmes (Vladivostok), ce style « continental » résultant, en fait, à la fois du continent, qui donne le froid et la récession pluviométrique de l’hiver, et de l’océan, qui fournit la chaleur et l’humidité de l’été. Ce qui, par référence aux climats océaniques des façades occidentales et des climats arides hypercontinentaux de l’intérieur, aboutit bien à un ensemble composite.

Dans l’hémisphère Sud, seule la Tasmanie, l’île du Sud en Nouvelle-Zélande et la région de Melbourne appartiennent aux climats des latitudes tempérées moyennes (climats rappelant ceux de la Grande-Bretagne et de la Colombie britannique).