Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

clavecin (suite)

F. Schmitt*, B. Martinů*, B. Bartók*, J. Ibert sont les pionniers d’une école moderne très florissante, illustrée par les Jean Françaix, Georges Migot, Jean Michel Damase et, à l’étranger, Gian Francesco Malipiero, Hugo Distler, Wolfgang Fortner, Elliott Carter, Maurice Ohana, Julian Orbon, etc. Dans des voies très inédites se dégage une jeune école où se distinguent Hans Werner Henze*, Klaus Huber, Alain Louvier, György Ligeti*, Luciano Berio* et qui témoigne avec éclat de l’intérêt que le clavecin suscite.

M. R.

 A. Pirro, les Clavecinistes (Laurens, 1924). / N. Dufourcq, le Clavecin (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 2e éd., 1967). / D. H. Boalch, Makers of the Harpsichord and Clavichord, 1400 to 1840 (Londres, 1956). / R. Russell, The Harpsichord and Clavichord (Londres, 1959). / F. T. Hubbard, Three Centuries of Harpsichord Making (Cambridge, Mass., 1965). / C. Samoyault-Verlet, les Facteurs de clavecins parisiens. Notices biographiques et documents, 1500-1793 (Heugel, 1967).

Clemenceau (Georges)

Homme d’État français (Mouilleron-en-Pareds, Vendée, 1841 - Paris 1929).
« Il y a en moi un mélange d’anarchiste et de conservateur dans des proportions qui restent à déterminer. » La vie de Georges Clemenceau illustre assez bien ce jugement de l’homme d’État sur lui-même.



Un républicain de combat (1860-1906)

Opposant à l’Empire, Georges Clemenceau entre très tôt dans les milieux républicains ; il visite Auguste Blanqui dans sa prison. Au retour d’un voyage aux États-Unis, où il a vu fonctionner la démocratie (1865-1869), il se rallie au programme de Belleville lancé par Gambetta, programme dont il fera plus tard (1880) la doctrine de son parti, le parti radical*.

En 1870, il est élu maire de Montmartre, où il est établi médecin, puis maire du XVIIIe arrondissement. Le 8 février 1871, il devient député à l’Assemblée nationale ; à cette occasion, il manifeste déjà ce nationalisme ombrageux, très jacobin, dont il ne se départira jamais, protestant à la fois contre l’armistice et contre la cession de l’Alsace-Lorraine.

Pendant la Commune, avec les maires de Paris, il tente vainement un accord entre le gouvernement et les insurgés. Déçu, il démissionne. Réélu au conseil municipal de Paris, il en devient président en 1875. Élu dans le XVIIIe arrondissement en 1876, il siège à l’extrême gauche de la Chambre et lutte contre Mac-Mahon (16 mai 1877), qui le considère comme un « rouge dangereux ».

Lorsque la République triomphe (1879), Clemenceau, constamment réélu dans la Seine ou dans le Var jusqu’en 1893, se détache des opportunistes (Gambetta, J. Ferry) et tente d’imposer sa conception d’une démocratie radicale et laïque. Il devient une force occulte du régime, le chef d’une opposition qui ne laisse aucun répit aux gouvernements en place : il se fait une réputation de « tombeur de ministères ». Jules Ferry* et Gambetta* sont ses principales victimes. À Jules Ferry surtout, il reproche une politique coloniale qui fait le jeu de Bismarck, gaspille les forces du pays et asservit les peuples de couleur (1885). Il est le premier représentant de la gauche anticolonialiste, aux vues souvent prophétiques. En 1887, il contraint Jules Grévy à quitter l’Élysée, y fait élire Sadi Carnot pour ne pas y voir Ferry et devient la personnalité la plus marquante de l’échiquier politique.

Un tableau de Jean-François Raffaëlli nous le montre à ce moment-là « debout sur les planches du cirque Fernando, le regard noir, le poing assénant l’argument ; c’est bien là le front bossué de l’implacable analyste jacobin, ses pommettes de Kalmouk, ses moustaches retombantes ». Clemenceau a quarante-quatre ans. Il est déjà le « Tigre » aux colères terribles, aux rugissements féroces, aux saillies sarcastiques, dont tout le monde redoute l’épée, le pistolet et la langue. Bon cavalier, fréquentant les salons et recevant dans son appartement de l’avenue Montaigne, il ne manque pas de connaissances artistiques, devient l’ami de Claude Monet, dont il soutiendra la carrière, lance Rodin dans son journal la Justice.

Ambitieux du pouvoir, Clemenceau place d’abord Boulanger* au ministère de la Guerre, mais il s’aperçoit vite du danger que la popularité du général fait courir à la République : dès lors, il le combat âprement et contribue à la chute de l’idole (1887-1889).

Cependant, il s’est créé alors tant d’ennemis que nul ne songe à lui pour gouverner le pays. Quand éclate le scandale de Panamá (1892), Clemenceau, dont le journal la Justice est commandité par le douteux Cornélius Herz, est attaqué avec les « chéquards ». Accusé par Paul Déroulède (1846-1914) de servir l’Internationale des riches, il se bat, sans résultat, avec le député nationaliste (23 déc. 1892). Le chef radical, qui sent le vide se faire autour de lui, est battu aux élections de 1893.

Seuls, peintres et écrivains (Daudet, Goncourt, Zola) conservent des liens serrés avec lui. C’est Emile Zola qui va lui permettre de reparaître au premier plan. Clemenceau est l’éditorialiste, depuis octobre 1897, du journal l’Aurore. À la une de l’Aurore le 13 janvier 1898, Zola publie le célèbre « J’accuse » (titre qu’a trouvé Clemenceau), qui relance l’affaire Dreyfus. Clemenceau plaide en faveur de Zola lors de son procès et prend fait et cause pour Dreyfus. Si bien que la réhabilitation de Dreyfus, c’est aussi un peu la sienne. Toutefois, ni Pierre Waldeck-Rousseau, ni Emile Combes, ni Maurice Rouvier ne veulent de lui dans leurs cabinets. Au début de 1901, Clemenceau fonde l’hebdomadaire le Bloc, où il attaque à la fois le socialisme embourgeoisé de Jaurès et la politique coloniale, sociale et idéologique de Waldeck-Rousseau et de Combes.

En 1902, il est élu sénateur du Var — département qu’il représentera à la Haute Assemblée jusqu’en 1920 — et c’est alors à la tribune de la Haute Assemblée qu’il va désormais faire sentir l’aiguillon de la gauche radicale. Celle-ci semble d’ailleurs promise à un brillant avenir.