Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cirque (suite)

Le plus commun des animaux dressés est le chien. Point besoin qu’il soit de race. Le chien dressé est souvent présenté costumé. Il existe même un répertoire des comédies canines qui, en marge du cirque, firent les beaux jours d’établissements forains, tels ceux de Corvi ou de Delafioure. Le chien saute bien, jongle à l’occasion, devient équilibriste, calculateur, musicien ou participe à de curieux matches de football. On a souvent applaudi les chiens de Miss Malta, Stevenson, Ibis, Miss Carrington, Dubsky, Miss Moune.

Autrefois, on présentait parfois des cerfs en piste. D’anciennes lithographies éditées pour Franconi représentent le cerf Coco franchissant 4 chevaux puis 2 hommes, et, enfin — triomphe sur sa frayeur native —, laissant M. Franconi tirer au pistolet entre ses bois.

Quant à la gent volatile, elle délègue en piste des perroquets, des perruches, des serins, des coqs, des oies... ; on vit même un vautour et un aigle, et il faut accorder une mention toute spéciale aux pigeons, dont plusieurs membres de la dynastie Loyal et de la dynastie Rancy réussirent à rendre les évolutions spectaculaires grâce à d’ingénieuses présentations simulant des chasses, combinant des équilibres et s’achevant par un humoristique départ de la troupe ailée en autobus.

Parmi les autres animaux dressés, il y a aussi les cochons, qui furent souvent les partenaires des clowns, les chèvres, généralement équilibristes mais aussi écuyères à panneau, comme celles du dresseur Fessi.

Il y eut des vaches sellées comme des chevaux et franchissant des obstacles importants, des moutons travaillant comme des poneys, des lapins passant dans des cylindres ou traversant des cerceaux, tels ceux que présenta Emilienne d’Alençon lorsqu’elle « fit du cirque ». Les rats eux-mêmes sont dressés : Douroff en présenta une quarantaine (ils quittaient la piste dans un petit train à leur taille), Olchansky en fit les partenaires de ses chats, qui, quoi que l’on dise, sont « dressables » (celui d’Albertus faisait même de la corde raide).

Citons encore les kangourous qui, au cirque, deviennent boxeurs, les zèbres manœuvrant comme des chevaux, les buffles, les taureaux, les guanacos, les lamas, les girafes, dont une fut présentée avec un jockey, Freddy Knie. C’est aussi au cirque Knie, en 1970, que l’on vit en piste une girafe et un rhinocéros.

Mentionnons les serpents qui dressent leur corps au son de la flûte, les crocodiles que certains fakirs semblent fasciner (Koringa, Karah-Kawah), et avec lesquels d’autres dresseurs luttent (Pernellet, le capitaine Wall). Des hippopotames paraissent aussi en piste, ainsi que des chameaux et des dromadaires. Molier dressa plusieurs méhara dans son célèbre cirque d’amateurs, l’un d’eux en haute école.

Les otaries — et non pas les phoques comme il est souvent écrit sur les programmes — sont presque naturellement des artistes de cirque tant leur aptitude à jongler et à s’équilibrer est grande. Certains spécialistes de leur dressage, tels Palermo, Elsa Wallanda, Teddy Laurent, Armand Guerre, Danion, présentent avec elles des numéros surprenants.

Les derniers venus dans l’univers des animaux dressés sont les dauphins ; eux aussi ont des facultés innées pour jongler, et des dresseurs comme le capitaine Dekker, qui s’occupa d’abord d’otaries, ou Gilhion Ashbee ont composé, avec eux, des attractions très spectaculaires.

Enfin, il y a les éléphants. Précisons que ce sont généralement des femelles qui travaillent au cirque et qu’elles viennent maintenant surtout de l’Inde. C’est en Italie, où ils furent appelés bœufs lucaniens — car ils traversaient la Lucanie pour venir à Rome —, que les éléphants firent leurs premiers pas au cirque, en 472. Ils étaient alors considérés comme des gladiateurs géants dans les cruels jeux de l’arène, mais des mansuétaires leur faisaient également tenir des équilibres, danser ou jouer des pantomimes. Dans le cirque moderne, notamment chez Franconi, où l’on parla longtemps de Baba et de Miss Djeck, l’éléphant jouait surtout de sa trompe, débouchant une bouteille, manœuvrant un orgue de Barbarie, plantant d’énormes clous, attrapant les objets les plus divers qui lui étaient lancés ; ou bien alors, il devenait « comédien », intervenant dans des actions dramatiques. De nos jours, les éléphants sont souvent redevenus équilibristes, se tenant sur une seule patte ou valsant avec de plaisantes ballerines. De grands dresseurs s’attachèrent aux éléphants ; Huguet de Massilia, les frères Lockhart, Thérèse Renz, Sampion Bouglione, Amar, Adrien Singels, Gosta Kruze, Franz Althoff, sans oublier Gunther Williams, qui fit entrer ses éléphants dans une cage où ils eurent des tigres pour écuyers.

Avec ce numéro, on aborde le domaine des dompteurs. Dompteur est en effet le nom donné aux dresseurs de grands fauves : lions, tigres, ours, panthères, hyènes, pumas. Les fauves sont présentés de deux manières : en férocité ou en douceur (l’expression « en pelotage » est également employée pour cette seconde façon).

Le travail en férocité fut donné pour la première fois en 1850 par le dompteur Charles, dans la grande ménagerie foraine qu’avait fondée le dresseur d’éléphants Huguet de Massilia. Grâce à lui, les fauves que les dompteurs précédents cherchaient à domestiquer réapparurent féroces, et ce fut le début d’une série d’entrées de cage très spectaculaires.

Néanmoins, le travail en douceur reste le dressage type, et le plus ancien puisqu’on retrouve dans la plus haute antiquité des lions tondus comme des caniches et obéissants comme de bons chiens.

Les vrais dompteurs modernes n’apparurent, en fait, qu’au début du xixe s. Presque simultanément, deux hommes — un Anglais, George Wombwell, et un Français, Henri Martin — osèrent pénétrer dans des cages d’animaux sauvages. Notons qu’il s’agissait alors de la cage même de l’animal, et que longtemps les dompteurs des ménageries foraines allaient chez les fauves, de cage en cage, suivis par les spectateurs, au lieu de faire venir les fauves à eux dans une cage centrale également appelée cage-théâtre. Celle-ci fut installée pour la première fois dans l’établissement d’un célèbre dompteur italien, Upillo Faimali.

De nos jours, les fauves travaillent généralement dans une cage démontable composée de panneaux grillés ou de filets, nommée cage d’arène et due à l’un des membres de l’une des plus importantes dynasties spécialisées dans la présentation des fauves : les Hagenbeck.