Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cirque

Enceinte, ordinairement circulaire, où se donnent des spectacles variés équestres, clownesques et acrobatiques. Genre de spectacle donné dans un tel lieu.



Le cirque antique

Le terme de circus prit toute sa valeur lorsque Tarquin l’Ancien décida de donner un cadre solennel aux spectacles populaires de Rome. Ceux-ci étaient jusqu’alors présentés sur les grand-places, et, chez les Grecs et les Crétois, dans des amphithéâtres et des stades. Au début, le cirque ne fut qu’une enceinte où se tenait la foule, debout ; puis les organisateurs construisirent des gradins, d’abord en bois, puis en pierre et en marbre. Jules César fit construire le Circus Maximus, qui pouvait, dit-on, accueillir 150 000 spectateurs. Il fut par la suite agrandi, et sa capacité portée à 385 000 personnes. Rome possédait également le Circus Flaminius, le Cirque de Caligula et, sur la via Appia, le Cirque de Maxence.

Le Circus Maximus mesurait 670 m sur 215. À l’extrémité occidentale, qui était en forme de demi-cercle, s’ouvraient les carceres, d’où partaient les chars. L’arène était divisée en deux dans le sens de la longueur par la spina, autour de laquelle les chars effectuaient un certain nombre de tours ; la spina se terminait aux deux extrémités par des bornes (metae). Les spectateurs accédaient aux gradins par une série d’escaliers en communication directe avec les arcades extérieures. Galeries et boutiques permettaient au public de se délasser et de s’approvisionner.

Les jeux du cirque débutaient par une procession (pompa) qui rappelait leur origine religieuse. Puis se déroulaient les courses de chars. Partis des carceres, les chars, attelés de deux, quatre chevaux ou plus, effectuaient sept tours, virant aux metae de la spina. Le public se passionnait pour le succès des diverses factions de cochers, rouges, blancs, verts et bleus. Les combats de gladiateurs, qui avaient lieu d’ordinaire dans l’amphithéâtre, se firent souvent au cirque.

En 404, l’empereur d’Occident Honorius publia un édit qui interdisait les combats de gladiateurs, et le succès des jeux du cirque, soudain privés de leur piment, diminua. Pourtant, c’est alors que le cirque romain présenta d’extraordinaires numéros, tels ceux d’éléphants funambules ou de taureaux équilibristes...

À Byzance, les jeux du cirque passionnèrent les foules, et l’hippodrome, où se déroulaient les courses de chars, fut le centre de la vie byzantine.

En Occident, mis à part deux tentatives, l’une de Childebert Ier, qui présida des jeux à Arles, l’autre de Chilpéric Ier, qui fit restaurer des cirques gallo-romains à Soissons et à Paris, il n’y eut plus de vrai cirque jusqu’au xviiie s.

Durant cette période, au gré des foires, des fêtes de la cour, des carrousels royaux, des baladins rivalisaient d’idées et d’audace et rodaient peu à peu ce qui allait devenir des numéros. Mais, l’Église déconseillant d’assister aux spectacles forains, les saltimbanques étaient considérés comme peu recommandables.


Les gens du voyage

Les saltimbanques demeurèrent, par la force des choses, des errants, des « gens du voyage ». De père en fils se transmit le flambeau des traditions qui préludèrent à l’histoire du cirque proprement dite.

Tandis que le développement des courses hippiques avivait l’intérêt général pour les chevaux, des compagnies équestres se créaient, menant de ville en ville et sous forme de véritables spectacles populaires ce qui, jusqu’à cette époque, faisait l’attrait des carrousels conçus par et pour l’aristocratie. Il convient de citer les troupes de Price, de Benoit-Guerre, de Balp, de Hyam et celle de Jacob Bates, qui, le premier, en 1767, baptisa ce qu’il présentait cirque équestre.


Astley et le premier cirque moderne

Il fallut attendre qu’un écuyer, Philip Astley (1742-1814), s’enthousiasmât pour ce genre d’exhibitions équestres pour que fût réellement créé le cirque moderne.

S’étant d’abord entraîné avec des exercices semblables à ceux qu’il appréciait lors des représentations de la compagnie Price (voltige sur plusieurs chevaux) et à ceux qu’il avait exécutés à la caserne (démonstration de maniement d’armes et de charges), il eut l’idée de présenter ses prouesses et celles des écuyers qu’il avait réunis dans une sorte de manège qu’il fit tracer et cerner de gradins : l’Astley Royal Amphitheater of Arts.

C’était à Londres en 1769, près du pont de Westminster. Aux voltiges et chevauchées, Astley eut l’idée d’ajouter d’autres attractions, notamment des acrobates, sauteurs, funambules : les Fersi.

« Homme de cirque », Astley devint « homme du voyage », et, quatre ans après l’ouverture de son établissement, il fit une tournée en France. Les Parisiens l’apprécièrent dans un manège que tenait un écuyer du roi de Sardaigne, Monsieur Razade, rue des Vieilles-Tuileries. Son succès fut si vif qu’il pensa, dès cette époque, ouvrir dans la capitale française une succursale de son cirque. Cette idée prit forme le 16 octobre 1783, rue du Faubourg-du-Temple. Ce cirque parisien était le premier maillon d’une chaîne d’établissements voués aux jeux de la piste et dont la vitalité devait se révéler plus forte chez nous que dans la plupart des autres pays.


Les cirques parisiens


Les Franconi et leur Cirque olympique

À Astley succéda Antonio Franconi (1737-1836), jeune Italien qui avait débuté chez Astley un mois après l’arrivée de celui-ci à Paris. Secondé par ses fils, Laurent (1776-1849) et Henri (1779-1849) et leur famille, Antonio Franconi fit rapidement de son patronyme un synonyme de beaux spectacles. Les programmes des Cirques olympiques Franconi (il y en eut trois) se distinguaient principalement par des créations de numéros équestres.

Outre ces attractions et quelques excellents numéros de dressage tels ceux du cerf Coco et de l’éléphant Baba, ou des lions qu’Henri Martin fut le premier à présenter dans un cirque (1831), de nombreuses pantomimes appelées gloires militaires et chantant généralement Napoléon Ier ou les grandes batailles marquèrent l’ère des Franconi.

Un autre Franconi, Adolphe (1802-1855), fils adoptif d’Henri, s’occupa du Cirque olympique lorsque son père et son oncle décidèrent de se retirer, mais il ne connut pas les mêmes succès, et c’est un ancien garçon boucher, Louis Dejean (1786-1879), qui évita la faillite au troisième Cirque olympique.

Gardant auprès de lui Adolphe Franconi et l’auteur des principales pantomimes, Ferdinand Laloue, il sut si bien diriger l’entreprise qu’il dut bientôt songer à en monter une seconde.