Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

circulation (suite)

• La perfusion d’organes isolés ne répond plus seulement aux nécessités d’études expérimentales, mais à celles de la conservation des organes à greffer chez l’homme (en particulier des reins de cadavres) et à celles de l’administration des anticancéreux à un organe ou à un membre isolés. Le liquide de perfusion, ou perfusat, n’est pas obligatoirement du sang. On utilise plutôt du plasma modifié ou un succédané plasmatique en associant une hypothermie entre 4° et 8 °C, température à laquelle la consommation d’oxygène est réduite au minimum et à laquelle, de toute façon, l’hémoglobine perd sa fonction de transporteur d’oxygène. Le circuit comprend un oxygénateur, dont le volume peut être petit, compte tenu de la faible consommation d’oxygène, et une pompe artérielle qui assure soit un débit constant, soit (mieux) une pression continue.

J. T.

circulation

Mouvement des véhicules sur les chaussées à l’intérieur et à l’extérieur des agglomérations.



Un problème ancien

La circulation est un phénomène très ancien dû au nomadisme puis aux besoins de communication des hommes (besoins de liaisons administratives, de pénétration ou de défense militaires, de développement du commerce, etc.). Archives et fouilles témoignent que la circulation à Babylone était strictement réglementée. Les voies romaines étaient classées en trois catégories : iter, pour piétons ; actus, pour un chariot ; via, au-delà. Les Romains connaissaient le sens unique, les emplacements réservés au stationnement, les périphériques (celui d’Aix-en-Provence est le plus récemment découvert) et les milliaires, ancêtres des bornes kilométriques.

Bientôt, les routes ne naissent plus simplement de passages répétés ; elles sont construites « en dur » et créent à leur tour de nouveaux besoins de communication. Le sédentaire s’est mis à voyager suivant ses aspirations religieuses ou ses besoins économiques : marchands, pèlerins et croisés se rendent aux grands centres de foire ou aux sanctuaires, les uns suivant les autres.

Dès le xe s., un nouvel élément entre en jeu : le progrès technique accompli dans le matériel roulant et les dispositifs d’attelage permet d’accroître considérablement les charges transportées et exige des routes et des ponts à la mesure de ces charges. Les viae romaines ne suffisant plus en nombre, ce sont désormais les seigneurs locaux qui construisent et entretiennent les routes moyennant péages ; les ordres religieux (Templiers, moines de Cluny, etc.), les universités, les villes sont à l’origine d’un véritable réseau routier organisé avec ses auberges, ses hospices.

La monarchie intervient à partir du xve s., poussée par ses besoins de centralisation politique et administrative (Louis XI constitue un réseau de relais de poste à l’intention des courriers du roi). Sully est en 1599 le premier grand voyer de France, charge que vient d’instituer Henri IV : il améliorera à ce titre les transports par la construction et la réfection de routes et de ponts, l’aménagement des rivières et des canaux. L’idée est vite née que c’est au pouvoir royal d’entretenir les routes et de veiller à ce qu’elles soient sûres, mais le financement en revient aux usagers. En 1607, un édit donne des consignes relatives au stationnement, au dégagement, à l’entretien et à la protection de la chaussée.

« C’est principalement de la facilité des chemins que dépend l’avantage du commerce et le bien public », affirme Colbert, qui crée l’administration des Ponts et Chaussées, pour laquelle on impose une « corvée ». Trudaine donne une impulsion aux travaux, et Calonne, en 1787, convertit la corvée en prestation d’argent.

Quelques prescriptions limitées prévoient de punir les dépassements incorrects, d’organiser des barrières de dégel ; jusqu’en 1851 elles constituent les seules réglementations routières. La loi du 30 mai 1851 sur la « police du roulage et des messageries » réunit toutes les prescriptions routières éprouvées, mais apporte aussi un certain nombre d’innovations, dont l’obligation de laisser libre la moitié de la chaussée. C’est sous cette législation que les véhicules automobiles feront leurs premiers tours de roues. Leur vitesse et leur nombre créent bientôt de tels problèmes que, le 10 mars 1899, un décret porte « règlement relatif à la circulation des automobiles », fixant à 30 km/h la vitesse maximale en rase campagne. Il faut attendre le décret du 27 mai 1921 concernant « le règlement général sur la police de la circulation et du roulage » pour parler véritablement de code de la route. Pendant les trente ans qui suivent, de multiples décrets essaient d’ajuster ce règlement aux progrès de l’automobile et des routes, et de répondre aux problèmes posés par l’uniformisation des signaux ; devant ce flot de textes et l’acuité des problèmes nouveaux, une refonte s’impose. Le décret du 10 juillet 1954 institue officiellement le Code de la route ; il a subi depuis de nombreuses modifications, en particulier dans les domaines de la signalisation et des autoroutes.


Les aspects actuels du problème

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la circulation routière pose de graves problèmes aux pays industrialisés sur les plans administratif et technique. Tous ces pays se trouvent en présence de flots de voitures qui, au lieu de « circuler », paralysent leurs villes à heures fixes et engorgent leurs routes aux jours prévus. Les mesures administratives ne suffisent plus ; il faut inventer d’autres solutions, construire des autoroutes, des périphériques, des parkings, réglementer la voiture elle-même et repenser en termes neufs et si possible scientifiques ce phénomène lié à la civilisation urbaine.

La circulation, considérée au niveau du phénomène pur, est le facteur commun qui réunit au moins quatre éléments : la voiture, la route, l’homme et la société ; l’homme qui possède une voiture (important facteur économique) roule sur des routes (dont l’entretien coûte à la société et à l’individu en dernière analyse) au péril parfois de sa vie ou de celle d’autrui.

Mais la circulation, à un second degré, c’est aussi la méthode, la technique qui permet de faire cohabiter ces différentes entités, leurs intérêts, leurs mécanismes, de la façon la plus rationnelle et la moins dangereuse possible.