Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cinéma (suite)

Le relief

On sait que l’impression du relief est produite par la vision binoculaire, liée à une accommodation psychologique.

Au cinéma, il s’agit de sélectionner à la prise de vues un couple d’images stéréoscopiques (méthode déjà utilisée en photographie). Pour la reconstitution par projection, il est indispensable de pouvoir isoler, pour chacun des yeux du spectateur, une des deux images de la même vue. Dès les premiers temps du cinématographe, des essais furent réalisés (en particulier en France par les frères Lumière) en employant la méthode dite « des anaglyphes » ; celle-ci était connue depuis longtemps et permettait d’observer des dessins donnant l’impression du relief grâce à un double tracé rouge-bleu et à l’emploi, par l’observateur, de lunettes à verres complémentaires (bleu-rouge). Dans les années 35, les frères Lumière firent de nouveau réaliser quelques petits films en relief par le procédé des anaglyphes (la firme Metro-Goldwyn-Mayer fit de même à la même époque aux États-Unis). Ces courts métrages bicolores furent commercialisés dans les salles. Ils ne nécessitaient qu’un seul poste de projection, mais rendaient indispensable le port de lunettes spéciales, distribuées à l’entrée de la salle.

Vers 1950, quelques films expérimentaux furent réalisés et commercialisés, en particulier des films d’animation dus à Norman McLaren et produits par l’Office canadien du film. Ces films étaient en couleurs. Ils nécessitaient donc l’emploi de deux bandes séparées, défilant en synchronisation absolue sur deux postes de projection voisins accouplés. Pour voir ces films, on prêtait au spectateur des lunettes sélectives Polaroïd incolores.

Enfin, dans les années 1952-1955, concurremment au Cinémascope, certaines firmes américaines essayèrent de lancer des films en 3 D (3 dimensions), notamment la Warner et United Artists. Le premier grand film en 3 D tourné alors (Bwana Devil [Bwana le Diable]) fut produit et réalisé en 1952 par l’Américain Arch Oboler avec le brevet Natural Vision de M. L. Gunzburg.

Les films américains les plus connus tournés en 3 D et couleurs furent House of Wax (l’Homme au masque de cire, 1953), dirigé par André De Toth, et Dial M for Murder (Le crime était presque parfait, 1953), réalisé par Alfred Hitchcock.

Par la suite, les films tournés en 3 D furent projetés dans les salles en « plat », c’est-à-dire comme des films normaux ; leur rendu photographique s’en trouvait bien sûr altéré, puisqu’une seule des deux bandes jumelles était projetée.

L’impression de relief exagéré donnée par ces films, le résultat assez variable selon la position du spectateur dans la salle et la contrainte de porter des lunettes écartèrent l’usage commercial des films en relief.

Pour pallier l’inconvénient du port de lunettes, l’ingénieur soviétique Semen P. Ivanov fit réaliser une caméra et un projecteur munis de doubles prismes. La projection s’effectue sur un écran composé d’un réseau gaufré formé de lamelles convergentes, sorte de grille mobile, dont l’observation se fait sans lunettes (dérivé du principe des tableaux ou photos en relief qu’on peut voir dans certaines vitrines).


Télévision sur grand écran

Outre les caméras de cinéma de 16 ou de 35 mm, la télévision se sert également de caméras électroniques. Il existe aux États-Unis une caméra combinée pouvant enregistrer les images sur un film cinématographique et, en même temps, envoyer directement les mêmes images par signaux électroniques à une antenne de transmission de télévision (avec, pour les réalisateurs et cameramen, la possibilité de se servir à distance d’un viseur électronique). Certaines grandes productions aux États-Unis sont réalisées avec plusieurs caméras de cinéma et plusieurs caméras de télévision fonctionnant en circuit fermé, le tout pouvant être automatisé. Pour la projection, le procédé Kinescope se borne à filmer les images sur le tube cathodique même (cela en synchronisme) ; il permet de « mettre en conserve » des émissions.

La réception de la télévision sur grand écran dans les salles peut se faire grâce à des téléviseurs spéciaux commandés par câbles téléphoniques. L’appareillage le plus connu de ce type s’appelle l’eidophore ; des expériences ont eu lieu en France avec succès.

L’invention du cinéma

1816

Premières expériences de Nicéphore Niepce (1765-1833).

1824

Mémoire du Britannique Peter Mark Roget (1779-1869) sur la persistance rétinienne de la vision.

1824-1826

Le docteur John Ayrton Paris, médecin à Londres, rend populaire un jouet d’optique, le thaumatrope, disque de carton que l’on fait tourner rapidement autour de son diamètre comme axe et dont les figures dessinées sur chacune des faces se succèdent si rapidement qu’elles se superposent à l’œil, qui les perçoit en même temps.

1829

N. Niepce et Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851) s’associent et parviennent à fixer sur des plaques d’argent les images de la chambre noire.

1832

Invention du phénakistiscope par le Belge Joseph Antoine Plateau (1801-1883), qui utilise les recherches du mathématicien P. M. Roget et du physicien Michael Faraday (1791-1867). L’appareil, vendu sous le nom de fantascope, donne l’illusion du mouvement par le passage rapide, devant la fente d’un disque, d’un autre disque sur lequel ont été dessinées des images représentant les phases successives d’un même mouvement.

1833

Stroboscope de l’Autrichien Simon Stampfer (1792-1864) : deux disques stroboscopiques.

1834

Zootrope du Britannique William George Horner (1786-1837) : phénakistiscope perfectionné, également appelé daedalum, qui utilise non plus le disque, mais la bande.

1837-1838

Premiers daguerréotypes.

1838

Stéréoscope du Britannique Charles Wheatstone (1802-1875) : appareil permettant de donner l’illusion du relief en reproduisant l’effet de la vision binoculaire.

1839

Débuts réels de la photographie. Rapport d’Arago.

1839-1841

Calotypes (ou talbotypes) du Britannique William Henry Fox Talbot (1800-1867) : épreuves sur papier obtenues par contact à partir d’un négatif impressionné sur un papier sensible imprégné d’iodure d’argent et développé dans l’acide gallique.

1841

Antoine J. F. Claudet (1797-1867) abaisse le temps de pose photographique à une minute. Premier accélérateur à base de brome et de chlore.

1844

Le Britannique David Brewster (1781-1868) conçoit un stéréoscope à réfraction, que construira le Français Jules Duboscq (1817-1886).

1848

Abel Niepce de Saint-Victor (1805-1870) invente la vitrotypie : méthode utilisant les plaques de verre, sur lesquelles les substances sensibles sont fixées grâce à de l’albumine.

1851

Premiers clichés au collodion humide (rapidité quinze fois plus grande que les daguerréotypes), réalisés par Frederick Scott Archer (1813-1857) et P. W. Fry.

1852

Stéréofantascope-bioscope de Jules Duboscq (projection de séries de 32 images, réalisant une synthèse du mouvement). Recherches parallèles de Claudet.

1852

Phénakistiscope stéréoscopique de C. Wheatstone.

1852

Polyorama animé de Seguin.

1853

Kinesticope (ou kinestiscope) de Franz von Uchatius (Autriche) [1811-1881] : projection animée de dessins par l’application du phénakistiscope à la lanterne magique. Recherches parallèles de Jules Duboscq.

1859

Caméra zootropique à objectifs tournants de Henry Du Mont (Belgique).

Recherches parallèles de Louis Ducos du Hauron (1837-1920).

1861

Première utilisation du gélatino-bromure d’argent par M. A. R. Gaudin.

1861

Kinématoscope de l’Américain Coleman Sellers (1827-1907).

1861

Principe de la reproduction photographique trichrome, énoncé par James Clerk Maxwell (G.-B.) [1831-1879].

1867-1869

Charles Cros (1842-1888) et L. Ducos du Hauron : procédé de trichromie.

1868

Mise au point des anaglyphes (relief) par L. Ducos du Hauron.

1868

Photobioscope de Henry Cook et Gaetano Bonelli (G.-B.) : application de la photographie stéréoscopique au phénakistiscope.

1870

Phasmatrope de Henry Renno Heyl (É.-U.) : première représentation publique, à Philadelphie, de photos animées à l’aide de disques de 18 photos passant devant une lanterne magique.

1870

Choreutoscope à bandes de William Charles Hughes (G.-B.) : appareil perfectionné en 1884.

1871

Extension du procédé au gélatino-bromure d’argent grâce au Britannique Richard Leach Maddox (1816-1902).

1872

Fabrication industrielle du Celluloïd par John Hyatt (1837-1920) et son frère Isaiah (É.-U.)

1873

Décomposition du galop d’un cheval par Eadweard Muybridge. Première expérience réalisée à Palo Alto (É.-U.). Deuxième expérience en 1877.

1874

Revolver photographique de l’astronome Jules Janssen (1824-1907), permettant de photographier le passage de Vénus devant le Soleil.

1876

Kinesigraph de Wordsworth Donisthorpe (G.-B.)

1876

Zoogyroscope d’Acme Le Roy : phénakistiscope à projection où les images sont peintes sur un disque de verre d’après les photographies originales.

1876

Praxinoscope d’Emile Reynaud (1844-1918), breveté en 1877.

1877

Procédé pour l’enregistrement et la reproduction des sons de Charles Cros.

1878

Brevets du phonographe de Thomas Alva Edison (1847-1931).

1879

Praxinoscope-théâtre d’Emile Reynaud.

1879

Perfectionnement de la fabrication des plaques au gélatino-bromure par le Belge D. C. E. Van Monckhoven (1834-1882).

1879

Zoopraxinoscope (ou zoopraxiscope) de E. Muybridge.

1880

Création des usines Lumière, par Antoine Lumière, père d’Auguste et de Louis.

1880

Premiers essais du praxinoscope à projection d’Emile Reynaud : première réalisation pratique du dessin animé par projection.

1881

E. Muybridge projette devant le Tout-Paris (Zola, Meissonier, Steinheil, Dumas fils...) ses photographies animées grâce à un zoogyroscope.

1882

Fusil photographique et chronophotographe à plaques fixes (transformé quelques années plus tard en chronophotographe à plaques mobiles) d’Etienne Jules Marey (1830-1904).

1882

Perfectionnement du biophantascope de William Friese-Greene (1855-1921) et John Arthur Roebuck Rudge.

1883

Obturateur instantané d’Ottomar Anschütz (1846-1907).

1883

Chronographe photo-électrique (muni de 12 objectifs déclenchés automatiquement) d’Albert Londe (1858-1917).

1884

Commercialisation de la pellicule de Celluloïd par George Eastman (1854-1932).

1885

Graphophone de Charles Sumner Tainter (É.-U.) [1854-1940].

1887

Diaphragme iris de Johan Jakob Bausch.

1887

Grammophon de E. Berliner (phonographe à disque plat).

1888

Premiers enregistrements du chronophotographe à pellicule de E. J. Marey.

1888

Phonographe optique de T. A. Edison et W. K. Laurie Dickson (1860-1935).

1888

Invention de l’appareil Kodak par G. Eastman et William H. Walker (lancement en 1892).

1888

Appareil à plusieurs objectifs de Louis Aimé Le Prince (1642-1890 ?).

1889

Théâtre optique de E. Reynaud (praxinoscope à projection à partir d’une bande perforée à déroulement continu).

1889

Kinetograph (caméra) d’Edison et Dickson, utilisant la pellicule Kodak avec perforation.

1889

Objectif anastigmat Protar de Paul Rudolph, fabriqué par Carl Zeiss.

1889

Obturateur à rideau de Carl Paul Goerz.

1889

Caméra de W. Friese-Greene et Mortimer Evans, enregistrant des images à allure rapide.

1890

Kinétoscope d’Edison (appareil à défilement continu et à vision individuelle oculaire pour les films du Kinetrograph, ne permettant pas la projection sur écran).

1890

Fondation de la société Goodwin Camera and Film, qui prendra plus tard le nom d’Ansco Co., pour la fabrication des pellicules photographiques selon les brevets de Hannibal Goodwin (1822-1900).

1891

Electrotachyscope de O. Anschütz (disque stroboscopique sur le pourtour duquel se trouvent des agrandissements qui, à leur passage devant une fenêtre, sont vivement éclairés par une étincelle électrique).

1891

Phonoscope de Georges Demenÿ (1850-1917) : portraits animés.

1892

Représentation commerciale au musée Grévin des trois premiers dessins animés d’Emile Reynaud : pantomimes lumineuses.

1892

Brevet de Léon Bouly pour un chronophotographe à pellicule qui porte le nom de cinématographe (invention du mot).

1893

Brevets du chronophotographe de E. J. Marey et du chronophotographe à came excentrique de G. Demenÿ.

1893

Présentation du Marvelous Cinematograph d’Acme Le Roy et Eugène Lauste (1857-1935) : premier projecteur d’images animées.

1894

Construction du Black Maria, près de West Orange (É.-U.), par W. K. L. Dickson : premier studio de cinéma monté sur roues et capable de pivoter sur un axe afin de pouvoir suivre l’orientation des rayons solaires. Tournage des premiers films destinés au kinétoscope.

1894

Panoptikon d’E. Lauste et Woodville Latham.

1894

Nouveaux brevets pour le chronophotographe de G. Demenÿ, rebaptisé biographe.

1894

Phantascope de Charles Francis Jenkins (1867-1934) et Thomas Armat (1867-1948) : kinétoscope modifié.

1894

L’Allemand Max Skladanowsky (1863-1939) construit le Bioskop pour la projection des films du kinétoscope.

1895

Extension des Penny Arcades (boutiques où l’on trouve différents appareils, tels que phonographes, kinétoscopes, mutoscopes, dynamomètres, etc.). La première en date avait été le Kinetoscope Parlour (avr. 1894) à New York.

1895

13 févr. Premier brevet du cinématographe des frères Louis et Auguste Lumière (modifications en mars et mai).

1895

22 mars. Première projection du cinématographe Lumière devant les membres de la « Société d’encouragement pour l’Industrie nationale », 44, rue de Rennes à Paris.

1895

fin mars. Robert William Paul (1869-1943) et Birt Acres (1854-1918) tournent en Grande-Bretagne leurs premières bandes pour des kinétoscopes fabriqués à Londres et qui sont des contrefaçons de ceux d’Edison (ces appareils prendront le nom d’animatographes).

1895

avr. Premières projections au moyen du panoptikon à New York.

1895

juin. Mutoscope de W. K. L. Dickson (appareil à oculaire montrant des images photographiques animées par feuilletage automatique).

1895

juill. M. Skladanowsky donne une représentation publique avec des films du kinétoscope au Wintergarten de Berlin.

1895

nov. Brevet du kinetografo de l’Italien Filoteo Alberini (1865-1937).

1895

28 déc. Premières projections publiques du cinématographe Lumière dans les sous-sols du Grand Café, 14, boulevard des Capucines, à Paris, dont le directeur est Clément Maurice.

J. L. P.