Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cinéma (suite)

Le film

C’est un ruban cellulosique qui porte (liaison par un solvant commun) sur une de ses faces une surface sensible (particules de bromure d’argent dans de la gélatine). Il était utilisé à l’origine pour la photographie, grâce à des brevets simultanés déposés par les firmes Ansco (recherches de Hannibal Goodwin) et Eastman (recherches de Harry Reichenbach) depuis 1880. On y ajouta plus tard au verso une couche antihalo. George Eastman mit au point en 1894 un procédé utilisant des perforations latérales, qui permirent d’assurer des projections animées satisfaisantes. Le film fut tout d’abord constitué de nitrate de cellulose ; il était donc très inflammable et même explosif.

Les premiers essais de pellicule dite « ininflammable » datent de 1908, mais le film obtenu était d’un usage industriel malaisé : la bande, trop cassante, était d’une utilisation intensive difficile. C’est pourquoi l’emploi en fut longtemps restreint au film inversible de formats réduits : le tirage de copies était exclu, et le nombre de passages limité.

Depuis 1950, la mise au point d’une pellicule à base de triacétate de cellulose a permis de généraliser l’emploi du film de « sécurité » (« safety film »), dit « non-flam », seul film autorisé de nos jours pour les projections publiques (on utilise également du polyester, de type Cronar).

La technologie évoluant très vite, les grandes firmes mettent au point une pellicule à base de vinyle.

Par ailleurs, le jour n’est pas éloigné où le film sous son aspect actuel (impressions d’images photographiques réelles) fera place à des procédés d’enregistrements magnétiques, aussi bien en ce qui concerne le son qu’en ce qui concerne les images (les actuels systèmes Vidéo et E. V. R. [Electronic Video Recording], ainsi que les magnétoscopes ouvrent dès à présent une ère nouvelle).


Formats des films

Jusqu’à aujourd’hui, la pellicule fut manufacturée dans des dimensions de largeur de coupe multiples, aptes à être utilisées dans différentes séries d’appareils. À chaque taille correspondait évidemment une surface d’image particulière.

En ce qui concerne le cinéma, plusieurs formats ont été ou sont utilisés.

Format standard 35 mm (largeur) à quatre paires de perforations par image. Il a été normalisé en 1904. Sur cette pellicule, le « format image » fut plusieurs fois modifié : le format « muet » fut amputé en largeur à l’avènement du film parlant (1927), la piste sonore venant empiéter sur l’image, côté gauche du film.

Peu de temps après, la convention internationale de Bruxelles (à laquelle ne souscrivirent pas tout de suite les Soviétiques) augmenta l’espace entre chaque image, rendant à celle-ci un format un peu plus rectangulaire.

Enfin, depuis les années 1952-53, différents formats de cadre-image sont venus s’inscrire sur la largeur disponible du film 35 mm.

Par ailleurs, des films sur pellicule de plus grande largeur furent utilisés aux premiers temps du cinématographe (vers 1900, par Lumière, Léon Gaumont, etc.) et aux débuts du film sonore dans les années 28. Dans la période actuelle, après le Todd AO, le 70 mm semble seul avoir été retenu pour le film large (qui, parfois, n’est utilisé qu’à la prise de vues, la réduction se faisant sur 35 mm pour les copies d’exploitation).

L’agrandissement du format du film, s’il est certain qu’il présenta des avantages dans l’obtention du nombre optimal pour les capacités de « définition » de l’image, apporta aussi des inconvénients :
1o des problèmes de planéité du film dans le couloir de l’appareil de prise de vues et surtout dans celui du projecteur (risque accentué de déformation sous l’effet de la chaleur) ;
2o la réduction des latitudes de « profondeur de champ » à la prise de vues (plus une surface à « couvrir » par un objectif est grande, plus les possibilités des focales optiques sont restreintes) [on sait, par exemple, que, pour un film de très petit format, l’objectif nécessaire donne pratiquement une image nette de 1,50 m à l’infini (si son ouverture n’est pas trop grande, il peut même se passer de bague de mise au point)] ;
3o l’obligation d’utiliser de grandes ouvertures pour les objectifs (d’où une autre réduction des possibilités de latitude de « profondeur de champ ») ;
4o en principe, la nécessité corollaire de plus grand éclairement d’un décor donné.

Formats substandards. À l’intention tout d’abord des cinéastes amateurs, puis de l’enseignement, de certains films techniques ou d’entreprises, des « tourneurs » (commerçants nomades effectuant des projections commerciales de films 35 mm, réduits sur format 16 mm dans des petites salles rurales, cafés, etc.) et de la télévision (format 16 mm), différents types de pellicules de formats réduits virent le jour. Ainsi, pour les cinéastes amateurs, le 8 mm muet (puis sonore à pistage sonore magnétique) fut lancé par Kodak aux États-Unis (c’était en fait un film 16 mm coupé en deux dans le sens de la longueur). Comportant une seule rangée latérale de perforations, cette pellicule fut complétée par le double 8 (Kodak), bande 16 mm qui était, pour moitié latérale, passée une première fois dans la caméra, puis retournée et passée une seconde fois en sens inverse pour impressionner la seconde moitié, le film étant, au développement, coupé en deux latéralement pour ne constituer qu’une bande unique en 8 mm.

Afin d’agrandir la surface de l’image disponible (jugée insuffisante, notamment pour les vues tant soit peu éloignées), Kodak lança aux États-Unis le format super 8, comportant une rangée de perforations de plus petite taille (avec également possibilité de pistage magnétique sonore latéral). Le super 8 semble rallier la majorité des cinéastes amateurs.

Le format 9,5 mm fut lancé en France par la maison Pathé. Surtout utilisée par des cinéastes amateurs français, cette pellicule donne la plus grande surface disponible par rapport à la dimension du film (possibilité d’enregistrement sonore magnétique par piste marginale). Le principal inconvénient du 9,5 mm (outre que ce procédé n’est guère universel) réside dans l’emploi d’une perforation centrale unique entre chaque image (risque accentué de détérioration), ce qui rend le développement plus difficile (risque de « traînée » dans l’axe de la perforation centrale).

Le format 17,5 mm fut également lancé par la maison Pathé : c’était une pellicule standard 35 mm fort logiquement divisée en deux ; elle aurait permis facilement un pistage sonore soit optique, soit magnétique. Le 17,5 mm fut commercialement abandonné dans les années 35, lorsque, concurremment, Kodak USA lança son format 16 mm (appuyé en Allemagne par Agfa).

Le format 16 mm est actuellement un format semi-professionnel. Il existait d’origine en « muet », avec une rangée de perforations de chaque côté. Il est utilisé surtout maintenant en norme ne comportant qu’une seule rangée de perforations latérales, l’autre marge étant réservée à une piste sonore optique ou magnétique.

C’est le format des cinéastes amateurs relativement aisés, mais c’est surtout celui qui fut utilisé jusqu’à présent (on peut s’attendre à une offensive du super 8, des magnétoscopes et des systèmes Vidéo) par tous ceux pour lesquels le 35 mm était soit trop coûteux, soit trop peu maniable (clubs, entreprises, enseignants, actualités et reportages, télévision).

Depuis l’extension de la possibilité de pistage magnétique sur le film, la double possibilité d’enregistrement et de reproduction des sons existe sur les projecteurs de tous les formats substandards ; ces enregistrements peuvent être faits soit sur piste « mince », soit sur piste « large » (préférable) à 16-18 images par seconde ou à 24-25 images par seconde (préférable).