Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chromosome (suite)

• Le syndrome 5p—, ou syndrome du « cri du Chat ». Ce syndrome a été décrit en 1964 par J. Lejeune et ses collaborateurs. Le signe le plus frappant est le cri du nourrisson, semblable au miaulement d’un jeune Chat ; cette particularité est présente dès la naissance et persiste durant une période variable, souvent plusieurs mois. Les autres signes cliniques sont : un petit poids de naissance, une microcéphalie, un visage arrondi, un écartement anormalement grand entre les yeux, la présence d’un épicanthus bilatéral, un strabisme, une implantation basse des oreilles. La débilité mentale est considérable et conduit immanquablement les malades dans des institutions pour débiles mentaux.


Les anomalies des chromosomes sexuels

Les anomalies du développement sexuel dues à une aberration chromosomique comprennent : les dysgénésies gonadiques, soit chez des sujets de phénotype féminin, soit chez des sujets de phénotype masculin ; les pseudo-hermaphrodismes mâles ou femelles ; l’hermaphrodisme vrai.

• Les dysgénésies gonadiques féminines.
La plus remarquable est le syndrome de Turner, caractérisé par un nanisme (la taille ne dépasse, en effet, jamais 1,50 m) ; un impubérisme (les organes génitaux, les seins, la pilosité pubienne et axillaire demeurent infantiles) ; une atrophie ovarienne et une stérilité ainsi que des malformations somatiques diverses (incurvation anormale du coude, ou cubitus valgus, présence d’un repli cutané à la base du cou, ou pterygium colli, implantation basse des cheveux). L’étude du caryotype montre, dans 75 p. 100 des cas environ, la présence de 45 chromosomes dont un seul chromosome sexuel, le chromosome X : 45,X. Dans ce cas, on note l’absence de corpuscule de Barr dans les cellules d’un frottis buccal. Dans 25 p. 100 des cas, l’étude du caryotype montre des anomalies de structure du chromosome X.

La fréquence du syndrome de Turner est de l’ordre de 0,5 pour 100 naissances féminines ; il ne semble pas que l’âge maternel joue un rôle étiologique.

Le syndrome de Turner permet une survie tout à fait normale, sauf dans les cas où il existe une malformation cardiaque associée. Le quotient intellectuel n’est généralement pas très élevé ; cependant, il permet une activité professionnelle normale.

• La trisomie X.
La trisomie X est liée à un syndrome clinique extrêmement variable, si bien que sa découverte est souvent inattendue et, d’autre part, il est probable que de nombreux cas ne sont jamais mis en évidence. Le développement mental peut varier depuis une encéphalopathie profonde nécessitant l’internement jusqu’à un développement intellectuel normal. Les troubles génitaux sont également variables, allant du développement normal jusqu’à l’infantilisme avec hypogonadisme, ou encore pouvant entraîner une ménopause précoce. La fréquence de cette anomalie semble élevée, puisqu’elle doit être de l’ordre de 1,2 pour 100 filles.

Les variantes 48,XXXX ou 49,XXXXX s’accompagnent d’une dysmorphie faciale particulière, évoquant vaguement la trisomie 21, et d’une débilité mentale profonde.

• Les dysgénésies gonadiques masculines.
Le syndrome de Klinefelter est essentiellement caractérisé par une atrophie testiculaire, responsable d’une stérilité ainsi que d’un développement anormal des seins, ou gynécomastie. Le caryotype est le plus souvent 47,XXY. Dans un faible pourcentage de cas, on peut observer des caryotypes 48,XXXY, ou même 49,XXXXY. Dans ces cas, la débilité mentale est profonde.

La fréquence du syndrome de Klinefelter est de l’ordre de 1,5 pour 100 garçons. L’espérance de vie des sujets atteints du syndrome de Klinefelter est absolument normale. Le seul handicap réel est la stérilité. Les fonctions génitales sont par ailleurs normales ou subnormales.

• Le syndrome 47,XYY.
Cette anomalie, lorsqu’elle fut découverte par P. Jacobs en Écosse, a fait couler beaucoup d’encre en raison, en particulier, de ses implications juridiques. En fait, on sait maintenant que la fréquence du syndrome XYY à la naissance est élevée, puisqu’elle est comprise entre 1 et 2 pour 1 000 naissances masculines. Parmi les individus qui naissent 47,XYY, on pense que 90 p. 100 mènent une vie parfaitement normale et ne se font jamais remarquer. Ce n’est qu’une fraction de 10 p. 100 environ qui comprend des individus parfois de haute taille et susceptibles de commettre des actes délictueux, dirigés du reste le plus souvent contre la propriété plus que contre les personnes (le terme de chromosome du crime semble donc impropre). Il est certain que l’existence de ces sujets présentant un risque pour la société pose des problèmes importants, qu’il ne faut cependant pas dramatiser.

• Les pseudo-hermaphrodismes.
Un pseudo-hermaphrodisme est caractérisé par l’existence d’une ambiguïté des organes génitaux internes et externes et par la présence d’une gonade d’un seul type, mâle ou femelle. Les pseudo-hermaphrodismes sont dits « mâles » si la gonade est un testicule ; ils sont dits « femelles » si la gonade est un ovaire.

• Les pseudo-hermaphrodismes masculins.
Du point de vue clinique, on peut noter une très grande diversité d’anomalies, allant du type masculin presque normal au type féminin presque normal. Du point de vue étiologique, les pseudo-hermaphrodismes masculins peuvent être dus soit à une mutation génétique, et se transmettre dans les familles selon le mode récessif lié au sexe, soit à une aberration chromosomique, et celle-ci est alors le plus souvent une mosaïque 46,XY/45,X.

Trois syndromes constituent des cas extrêmes de pseudo-hermaphrodisme masculin.

Le syndrome de féminisation testiculaire est souvent familial. Il est dû à une mutation génétique et se transmet selon le mode récessif lié au sexe ou selon le mode autosomique dominant, limité par le sexe. Le fait que les individus atteints du syndrome ne se reproduisent pas empêche de savoir lequel de ces deux modes de transmission est le vrai. Le diagnostic est évoqué devant l’absence de survenue des règles chez une jeune fille ayant dépassé l’âge de la puberté. Le plus souvent, le développement somatique est harmonieux, les seins se développent normalement, et seule fait défaut la pilosité pubienne. Les organes génitaux externes sont le plus souvent normaux. Des testicules sont découverts, soit en position inguinale, soit en position intra-abdominale lors d’une intervention exploratrice. Le caryotype est toujours un caryotype masculin normal. Du point de vue pratique, il est hautement désirable de considérer ces malades comme des femmes et de leur cacher la véritable cause de leur stérilité.