Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chine (suite)

Le fleuve Jaune (Huanghe). Ce fleuve est le « Fléau de la Chine ». Un plan d’aménagement adopté en 1955 en prévoit, en cinquante ans, la maîtrise totale. D’ores et déjà, les plus graves menaces sont contrôlées par les 1 000 km de digues reconstruites ou consolidées, la dérivation d’une partie des eaux par le canal de la « Victoire du peuple » sur le cours inférieur et la construction des deux plus grands barrages-réservoirs chinois : Liujia (Lieou-kia), en amont de Lanzhou (Lan-tcheou) [capacité, 5 milliards de mètres cubes], et Sanmen (San-men), à 100 km en amont de Luoyang (Lo-yang) [capacité totale prévue, 65 milliards de mètres cubes].

Le Yangzijiang (Yang-tseu-kiang). Des projets plus ambitieux encore (et notamment la construction du barrage des « Trois-Gorges » en amont d’Yichang [Yi-tch’ang], qui doit produire 110 TWh) concernent le géant des fleuves chinois, mais leur réalisation paraît encore lointaine. Toutefois, les régions les plus menacées, autour de Wuhan (10 millions d’hectares inondés et 20 millions de sinistrés en 1931), semblent désormais hors de danger par la construction d’un bassin de contrôle des crues (5 milliards de mètres cubes) en amont de Shashi (Cha-che) et l’édification du barrage de dérivation de Dujiatai (Tou-kia-t’ai), sur le Han, l’affluent le plus dangereux.

Le développement de l’irrigation est une autre tâche fondamentale, dont dépendent largement l’essor de la productivité de l’agriculture et l’existence même de cette agriculture dans bien des régions de la Chine populaire. En 1958, 33 300 000 ha étaient irrigables, 20 millions en tiraient un « avantage partiel » et 13 300 000 étaient aménagés pour une irrigation ultérieure.

La plus grande partie des surfaces irriguées se situe dans la Chine du Sud-Est, la « Chine du riz », où les précipitations sont importantes, mais souvent mal réparties et où l’effort entrepris consiste à aménager des réserves (étangs de crues, réservoirs) et à mécaniser le pompage et l’alimentation des rizières. En Chine du Nord, la longue saison sèche de l’hiver et du printemps est un obstacle majeur au développement agricole. Parallèlement à la création de périmètres d’irrigation développés par l’aménagement des fleuves (qui permettent en particulier l’extension de la riziculture vers le nord) des millions de micro-ouvrages ont été réalisés : puits au Shandong (1 million en 1958), étangs de crues, « silos à eau » (recueillant les eaux de ruissellement) sur les plateaux de lœss, etc. L’effort le plus considérable s’est porté sur l’aménagement de grands périmètres irrigués dans les zones subarides des marges de la Chine du Nord et dans les régions arides du Nord-Ouest : 300 000 ha sur la boucle du fleuve Jaune en Mongolie-Intérieure ; plus de 100 000 ha dans les vallées de la Wei, de la Luo et de la Jing (King), au Shănxi ; près de 1 million d’hectares au Gansu ; 2 millions d’hectares au Xinjiang (essentiellement au nord des Tianshan [T’ien-chan]), où, en outre, plus de 200 réservoirs d’une capacité totale de 2,3 milliards de mètres cubes ont été construits de 1949 à 1962.


Le reboisement

Les forêts, qui ne couvrent que 9 p. 100 du territoire, sont localisées essentiellement dans les régions périphériques, et ont été pratiquement éliminées de la « Chine agricole », qui se trouve ainsi soumise aux ravages de l’érosion : éolienne sur les marges du Nord-Ouest, par ruissellement au sud, les deux processus se conjuguant en Chine du Nord et tout particulièrement dans les pays du lœss. Aussi a-t-on entrepris un gigantesque programme de reboisement, dont les résultats sont les suivants en 1957 :

Au cours du « grand bond en avant », plus de 15 millions d’hectares auraient été reboisés.

Les réalisations les plus spectaculaires sont certainement les immenses rideaux forestiers des marges arides : 1 000 km au pied du Grand Khingan ; 1 700 km (échelonnés sur 200 km de profondeur) au Shănxi et au Gansu.

Irrigation et protection forestière ont permis par ailleurs la conquête de terres nouvelles, arrachées au désert au Xinjiang et en Mongolie-Intérieure, soustraites à l’invasion des sables éoliens au Jilin (Ki-lin), au Shănxi et au Henan, soit, au total, plus de 3 millions d’hectares en 1959, dont plus de 600 000 dans la province du Heilongjiang (Hei-long-kiang), ce « grand désert du Nord », où plus de 7 millions d’hectares de riches terres de prairie restent encore à défricher.

La mise en valeur de ces terres nouvelles s’effectue par l’implantation d’immenses fermes d’État mécanisées, qui peuvent gérer plus de 100 000 ha, et par des fermes tenues par les « corps de production » de l’armée (plus de 100 fermes et 660 000 ha en 1966), notamment au Xinjiang et dans les plaines de l’Ossouri.


La géographie industrielle

Avant 1949, elle était caractérisée par un profond déséquilibre régional : six provinces côtières (10 p. 100 de la superficie de la Chine, 36 p. 100 de la population) produisaient les deux tiers du charbon et du fer, 87 p. 100 de l’énergie électrique, 93 p. 100 des filés de coton, et la ville de Shanghai possédait à elle seule plus de 40 p. 100 des usines chinoises. Aussi, un vaste programme d’industrialisation des provinces intérieures est-il entrepris à partir de 1953 ; il repose d’abord sur l’exploitation des riches ressources naturelles de l’intérieur jusque-là négligées : charbon des pays du lœss, minerai de fer de Mongolie-Intérieure, pétrole du Nord-Ouest, etc. De grandes unités textiles de Shanghai sont décentralisées vers le Shānxi et le Shănxi, et 68 p. 100 des grands projets réalisés au cours du premier plan quinquennal sont implantés dans ces provinces de l’intérieur, dont la production industrielle s’est accrue de 96 p. 100 entre 1953 et 1955, contre 55 p. 100 pour les provinces côtières. Au cours du second plan quinquennal, le Xinjiang et même le Tibet devenaient des producteurs d’acier. En 1958, la Chine est organisée en sept grandes régions, qui doivent être dotées d’un système industriel intégré reposant sur le développement de bases sidérurgiques ou de grandes aciéries : — la région du Nord-Est (Heilongjiang, Jilin, Liaoning) ; — la région du Nord (Hebei, Shānxi, Mongolie-Intérieure) ; — la région du Nord-Ouest (Shănxi, Gansu, Ningxia, Qinghai, Xinjiang) ; — la région de l’Est (Shandong, Anhui, Jiangsu, Zhejiang, Fujian) ; — la région du Centre (Henan, Hubei, Hunan, Jiangxi) ; — la région du Sud-Ouest (Sichuan, Guizhou, Yunnan, Tibet) ; — la région du Sud (Guangdong, Guangxi).