Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Chien (suite)

En général, les Chiens ont une bonne vue diurne, une ouïe extrêmement sensible, même aux ultrasons, et un flair qu’on a calculé comme étant 50 000 fois supérieur à celui de l’être humain (ce calcul se fait par dilutions de plus en plus étendues dans l’eau d’un parfum bien choisi) et d’une haute sélectivité (identification des odeurs individuelles). La forme, la taille, la position de la queue, la tenue des oreilles varient tellement, d’une race à une autre, que l’on ne peut pas en tenir compte parmi les caractéristiques communes à tous les Chiens. Il existe même des races anoures, c’est-à-dire qui naissent sans queue, alors que la mode exige qu’on la coupe, ainsi que les oreilles, chez d’autres races.

Les Chiens aboient. Ce type particulier de cri n’a jamais été observé ni chez le Loup, ni chez le Dingo d’Australie.

Les Chiens sont bien doués pour la course, même assez prolongée, et pour le saut. Ils « vont » le trot et le galop mais non l’amble. Souvent, leur arrière-train est déporté de côté par rapport à l’avant-train. Leur système sudoripare étant insuffisant, ils évacuent l’excès de chaleur par les poumons, au prix d’une dyspnée réflexe qu’il ne faut pas confondre avec l’essoufflement. Du fait de leur capacité de broyer les os, les Chiens absorbent beaucoup de sels calcaires, dont une part importante se retrouve dans leurs excréments.


Qualités psychiques

Bien que tous les Chiens n’aient pas le même caractère, ni la même intelligence, ni les mêmes réactions devant les hommes ou les autres animaux, c’est à l’examen de leurs qualités intellectuelles qu’on voit le mieux qu’ils sont tous des Chiens. Ils ont tous le sens de la meute et de l’obéissance au chef de meute. C’est pourquoi les premiers Chiens se sont si bien habitués à vivre avec l’homme primitif qui a su les commander.

Le Chien a beaucoup moins que le Chat le sens de son territoire. Il le marque toutefois d’un jet d’urine, en passant, mais ce geste a perdu son sens précis : il signifie plus le passage que la frontière.

Par contre, le Chien apprend très vite à défendre la propriété de son maître. Ce sens de la défense du maître et de ses biens se rattache à l’esprit de clan, qui demeure profondément ancré dans le Chien malgré 12 000 ans de domestication. Mais il faut ajouter que, si l’on a cultivé et sélectionné certaines races pour chasser ou retrouver le gibier, on en a fait autant pour conserver à d’autres cette tendance à protéger.

De même, c’est une vieille tendance sauvage qui pousse les Chiens de berger à rassembler un troupeau. Autrefois, lorsqu’ils étaient encore sauvages, ils en faisaient autant pour que le clan puisse dévorer le maximum de proies en un minimum de temps, et ils savaient aussi, comme savent le faire encore les Loups, pousser le gibier vers le liteau où les petits attendent la curée. La plupart des Chiens ont en commun un « langage » qu’ils comprennent fort bien, quelle que soit leur race. Ce sont d’abord certaines attitudes : celle de soumission, celle d’intimidation, qui consiste à poser sa tête sur le cou de l’adversaire, l’appel au jeu, les mouvements joyeux de la queue agitée, la crainte manifestée par la queue collée entre les jambes, peut-être dans un geste de protection des organes génitaux, les oreilles, qui ont toujours quelque chose à « dire » et dont les « expressions » sont accessibles même aux hommes, les grimaces de la face, les fronts qui se rident, les dents qui se découvrent. C’est aussi toute une gamme d’expressions sonores, allant du grognement d’avertissement au hurlement à la lune, des pleurs et des gémissements aux aboiements de joie.


Origines

Comme pour tous les autres animaux domestiques, les origines lointaines du Chien restent assez obscures. Les spécialistes les plus sérieux citent tout d’abord un ancêtre commun à tous les Carnivores, vieux de 40 millions d’années, et qu’ils nomment le Miacis. Le Cynodictis serait plus récent : 30 millions d’années. Il y a 15 millions d’années, un descendant de ce « tronc », le Tomarctus, qui a vaguement l’apparence d’un Chien aux fortes et courtes pattes, avec un long museau épais et de petites oreilles dressées, pourrait être à l’origine des différentes espèces que sont, actuellement, le Loup, le Renard, le Chacal, bref, l’ensemble des Canidés, dont la présence, ici ou là dans le monde, est établie en même temps que celle de l’homme préhistorique, 500 000 ans av. J.-C. Parmi les proches parents du Chien, on distingue une branche à part, comprenant le Loup, le Chacal et différentes espèces de Chiens encore sauvages de nos jours ; toutes ces bêtes peuvent être croisées avec les Chiens domestiques en donnant des produits indéfiniment féconds, alors que la chose est impossible, par exemple, avec les Renards ou les Fennecs.

Les Spitz du Nord sont tous des Chiens à oreilles courtes et droites, à poils longs et à queue enroulée sur le dessus de l’arrière-train, et c’est ainsi que se présentait, à peu de détails près, le premier Chien compagnon de l’homme, le Chien des tourbières, Canis familiaris palustris, dont les restes sont datés de 10 000 ans av. J.-C. Il semblerait que jusqu’à cette époque, d’après quelques gravures rupestres, les Chiens aient été considérés par les hommes soit comme du gibier, soit comme des aides occasionnels, à la chasse, mais non comme des animaux familiers.

Le pacte « signé » entre l’homme et le Chien n’a donc qu’une douzaine de milliers d’années. Il a suffi de ce laps de temps relativement court pour que la sélection dirigée par les êtres humains, s’ajoutant à la sélection naturelle, ait donné un nombre imposant de races différentes de Chiens, chacune ayant été « inventée » pour les besoins d’une cause ou d’une autre : chasse à courre, chasse à l’arrêt, garde, surveillance des troupeaux, compagnie agréable, etc.


Histoire de la domestication

Dès les trois ou quatre millénaires qui ont précédé notre ère, la sélection avait déjà joué son rôle, et plusieurs races de Chiens, très différentes les unes des autres, se retrouvent sur les œuvres d’art de ces époques. Au début, deux types prédominent : le type Lévrier et le type Molosse. Ils se sont conservés jusqu’à nos jours, le Lévrier égyptien n’ayant guère varié et le Dogue du Tibet non plus, mais chacun ayant été à l’origine d’un grand nombre d’autres races de Lévriers et d’autres races de Molosses, puis de Dogues.