Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chauve-Souris (suite)

Besoin de nourriture

Il est très grand, et le régime est varié. Les Chauves-Souris de nos pays sont insectivores. Elles chassent en principe au crépuscule pendant une heure ou deux. Elles sont voraces, puisque, après ce laps de temps, on trouve leur estomac bourré d’Insectes. Comme les Hirondelles, elles volent la bouche grande ouverte pour engloutir instantanément leurs proies. Mais celles-ci sont parfois très grosses, et, pour les manger, les Chauves-Souris rentrent dans leurs abris, où elles peuvent tranquillement les dévorer. Elles les tiennent alors dans les griffes de leur pouce et se suspendent par les membres postérieurs. Parfois, elles les placent dans leur membrane alaire réunissant les membres postérieurs. La queue relevée fait comme une poche dans laquelle se trouve la proie, qui est alors mangée tranquillement au gîte.

Le régime insectivore se compose de Mouches, de Moustiques, de Papillons, de chenilles, de Hannetons, de Sauterelles, d’Éphémères et de Termites.

Les Chauves-Souris peuvent manger par jour le tiers et même, dans certains cas, la moitié de leur poids corporel d’Insectes !

Leur territoire de chasse est varié. Certaines espèces, comme Myotis Daubentoni, survolent les marais et les cours d’eau pour capturer les Insectes aquatiques volant à la surface de l’eau ; Rhinolophus hipposideros vole au ras du sol ; les Noctules (Nyctalus noctula), au contraire, chassent à une grande hauteur, bien au-dessus des arbres, ou dans des clairières. Les Pipistrelles explorent les cours de ferme à la campagne ou, en ville, se promènent dans les allées bordées d’arbres ou dans les jardins publics.

Beaucoup de Chauves-Souris tropicales sont frugivores. C’est le cas de nombreux Mégachiroptères, qui mangent des fruits sauvages ou cultivés. Certains pillent littéralement les cultures de Bananes, d’Oranges, de Dattes, de Figues, d’Avocats, de Mangues. Pour manger les gros fruits, ces animaux s’installent sur place, suspendus par leurs pattes de derrière. Certains Pteropus dévorent des fruits toxiques pour l’homme, comme ceux de Strychnos nux vomica, et cela sans aucun inconvénient. C’est par l’odeur éthérée que dégagent tous ces fruits que ces animaux sont attirés.

Certaines Chauves-Souris sont « nectarivores » et « pollénivores ». Les Glossophaga ont une langue protractile longue et fine recouverte de poils, pour collecter le nectar et le pollen. Elles jouent le même rôle que les Abeilles dans la fécondation des fleurs.

Quelques Chauves-Souris sont carnivores : la Chauve-Souris-Lyre de l’Inde (Megaderma lyra) mange des petites Chauves-Souris, des Grenouilles, des Lézards, des Crapauds, mais aussi beaucoup d’Insectes.

En Amérique du Sud, on rencontre des Chauves-Souris qui ne se nourrissent que de Poissons : Pizonyx Vivesi du golfe de Californie pêche avec ses griffes, qu’il traîne à la surface de l’eau pour accrocher des petits Poissons, et le Noctilion (Noctilio leporinus) pêche dans les eaux douces ou marines d’Amérique tropicale.

Mais les Chauves-Souris les plus dangereuses sont certainement les Vampires sanguinivores. On en compte trois genres qui vivent en Amérique tropicale et en Amérique du Sud : Desmodus, Diæmus et Diphylla. Ils s’attaquent au bétail pendant la nuit. Ils mordent les animaux derrière les oreilles grâce à leurs incisives, qui sont tranchantes comme des petits scalpels.

Les Chauves-Souris ont un grand besoin d’eau. Elles boivent en plein vol à la manière des Hirondelles, rasant la surface de l’eau et trempant leur museau. D’autres volettent à la surface de l’eau et se mouillent, puis lèchent les gouttelettes qui sont à la surface de leur fourrure. Privées d’eau, elles ne peuvent pas vivre. En hiver, elles se déshydratent très rapidement ; c’est pourquoi il leur est nécessaire de trouver des grottes ayant une humidité convenable. Les Chauves-Souris ne se rencontrent pas dans les déserts, sauf autour des points d’eau et des oasis.

Il est très difficile de les maintenir en captivité. En général, elles sont agressives et se cantonnent dans les coins les plus sombres de leur cage, ce qui les rend très peu spectaculaires. De plus, il est très difficile de les alimenter, car il faut, au préalable, monter des élevages de Mouches, de Vers de farine et de Sauterelles pour subvenir à leurs besoins, qui sont énormes. Certaines Chauves-Souris frugivores sont assez souvent présentées au public, car elles sont plus faciles à nourrir.


Les migrations

Les Chauves-Souris ne restent pas tout l’hiver dans nos pays. La facilité avec laquelle elles se déplacent leur permet d’aller choisir assez loin de leur quartier d’été une résidence d’hivernage, pour laquelle elles ont une grande fidélité. Il est rare qu’elles en changent, bien que l’on ait observé des Chauves-Souris par des temps même très froids. Toutes ces observations ont pu être faites grâce à la technique du baguage. Quelques espèces de nos pays ont été bien étudiées : les Murins (Myotis myotis) peuvent parcourir une distance de 260 km ; une Nodule (Nyctalus noctula) a pu parcourir 750 km de Dresde en Lituanie ; le record de déplacement a été établi par une Pipistrelle (Pipistrellus pipistrellus) avec 1 150 km.

En Amérique du Nord, Lasiurus borealis et Lasiurus cinereus effectuent des migrations d’automne vers le sud et se rendent très probablement aux Bermudes. Elles accomplissent donc une longue traversée en mer de plus de 1 000 km.

En Australie, des Pteropus frugivores migrent d’une façon régulière du Queensland vers la Nouvelle-Galles du Sud. En Angola, des Mégachiroptères (Epomophorus) arrivent au mois de novembre, quand les Goyaves sont mûres, et s’en vont ensuite vers le sud quand la saison est terminée. Ces dernières migrations sont donc réglées par les exigences alimentaires des animaux.


Orientation

De nombreux travaux ont été réalisés d’une façon très spectaculaire par Norbert Casteret avec les Murins de la grotte des Tignahustes, dans les Hautes-Pyrénées. Des animaux lâchés sur le bord de la mer dans les Landes et à 200 km de cette grotte ont facilement retrouvé leur habitat. Les repères visuels, qui jouent un rôle non négligeable dans l’orientation des Oiseaux, font défaut aux Chauves-Souris, puisque celles-ci voyagent la nuit. On ne peut que faire des hypothèses à propos de ce sens mystérieux de l’orientation qui entre en jeu dans ces circonstances.