Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

chasse (suite)

Le gibier

Pendant très longtemps, les Hommes ne mangeaient que s’ils étaient bons chasseurs. Au Moyen Âge, le premier devoir du seigneur était de fournir ses gens en viande rouge de venaison, ce qui les changeait de l’échauffante viande de Porc.

La chasse n’est plus aujourd’hui qu’un sport où l’amateur mesure son adresse, son habileté, son expérience, ses ruses, mais bien rarement sa force ou son courage (sauf dans la chasse aux fauves) à ceux de ses victimes.

Le gibier a bien évolué, depuis que les Mammouths et les Aurochs ont disparu. De nos jours, il reste deux grandes catégories de gibier : le gibier à poil et le gibier à plume. On peut encore diviser les animaux de chasse en gibier d’eau, gibier de montagne, gibier de plaine et gros gibier. Le gibier d’eau comporte tous les Oiseaux Palmipèdes et Echassiers non protégés ; le gibier de montagne comprend le Chamois ou l’Isard, la Perdrix bartavelle et les quatre Tétras, le Mouflon (le Bouquetin étant protégé en France) ; le gibier de plaine est essentiellement constitué par le Lièvre, le Lapin, le Faisan, les Perdrix, les Cailles, la Tourterelle, les Pigeons, les Râles, les Bécasses et les Bécassines, ainsi que par le gros gibier : le Cerf, le Daim, le Chevreuil et le Sanglier. D’autres animaux, non consommables et pas forcément nuisibles, sont également tirés. Les ligues de protection de la nature voudraient qu’une liste soit dressée de ce qui est considéré comme gibier, et que toutes les autres espèces d’animaux sauvages soient considérées comme intouchables. C’est sans doute à ce prix, et grâce à quelques autres mesures du même ordre, que la faune sauvage sera sauvée de la disparition qui la guette.

Certains gibiers se font rares et sont sans doute en voie de disparition, comme les quatre Tétras (Coq de Bruyère ou Urogalle, Coq des Bouleaux ou Lyrure, Coq des Coudriers ou Gelinotte, Perdrix blanche ou Lagopède). La Perdrix rouge diminue partout, la Bécasse aussi, le Lièvre disparaîtrait sans le lâcher d’animaux importés d’Europe centrale, et il n’y aurait pas de Faisans sans ceux d’élevage. D’autres espèces ont déjà disparu, comme la Grande Outarde, le Mouflon de Corse, le Bouquetin et l’Ours des Pyrénées, ainsi que de nombreux rapaces diurnes, protégés tardivement parce que leur utilité a été reconnue trop tard.

Il ne faut pas toujours accuser la chasse de ces disparitions. Certes, il existe des « viandards » et des braconniers, mais beaucoup de chasseurs comptent parmi les meilleurs protecteurs du gibier et savent laisser de la graine, ou en remettre s’il le faut. Les responsables sont plutôt les nouvelles méthodes de culture, les abus des pesticides, le morcellement des grandes propriétés, l’absence de réserves et, en France, le trop grand nombre de chasseurs comparativement à l’étendue du territoire.

Pas loin de deux millions de Français prennent tous les ans un des trois permis prévus, soit celui pour leur département, soit celui pour deux départements voisins, soit le permis national. Et le repeuplement en gros ou en petit gibier coûte très cher ; les gardes ne sont pas assez nombreux — un pour 20 000 ha — en moyenne. Le haut prix qu’atteint le gibier, qu’il s’agisse de la viande de Cerf ou de certains Oiseaux comme le Perdreau, la Bécasse ou le Canard Colvert, attire trop de braconniers et de « viandards », qui ne chassent que pour vendre. Cette vente est interdite pour tout gibier dans certains pays, comme le Canada ou la Yougoslavie. Enfin, la quasi-disparition du Lapin, éliminé par la myxomatose, a privé de leur gibier de base 70 p. 100 des chasseurs français.

Le résultat de cet ensemble de faits, c’est que trop de chasseurs tirent sur tout ce qu’ils voient bouger, sans discrimination, et qu’on laisse encore certains « spécialistes » du Sud-Ouest tendre des filets en travers des migrations de petits Oiseaux protégés par la loi, afin de fournir des « brochettes » aux restaurants des environs.

La louveterie

La louveterie comprend l’ensemble des mesures de destruction des Loups et autres animaux nuisibles. L’exécution en est confiée aux lieutenants de louveterie, qui sont subordonnés aux directeurs et conservateurs des forêts.

La loi du 9 juillet 1971 tend à adapter l’institution aux conditions de la vie moderne. Elle a réorganisé le corps des lieutenants de louveterie, auxquels est délivrée une commission qui détermine le territoire sur lequel s’exercent leurs attributions.

R. M.


Les genres de chasse

La chasse des Oiseaux à l’aide de Rapaces bien dressés est de nouveau autorisée en France, mais le nombre de ses adeptes est infime.

La chasse à courre de grande vénerie, c’est-à-dire avec des Chiens courants de grande taille et des cavaliers, rassemble plus d’adeptes, souvent réunis en sociétés. Ce sport consiste à « lever » un animal et à le forcer à l’aide d’une meute de Chiens chassant uniquement au flair, suivie des cavaliers, puis à tuer la bête de chasse — on dit la « servir » — au couteau, à la pique ou à la carabine, quand les Chiens l’ont menée à l’hallali. Cette chasse, la plus ancienne de toutes, est un sport très dur qui n’a plus l’excuse de fournir de la venaison ni de débarrasser les cultures d’animaux nuisibles, mais qui a néanmoins permis de faire surveiller et garder les forêts jusqu’à nos jours.

Même si les grands animaux étaient efficacement protégés et si la chasse à courre disparaissait, il faudrait limiter d’une façon ou de l’autre la multiplication des bêtes. Les tuer à plombs n’est certes pas la façon la moins cruelle de le faire, tant s’en faut. La chasse à courre s’adresse essentiellement au Cerf et au Chevreuil, ou au Sanglier.

Mais il existe aussi une chasse à courre de petite vénerie, pour poursuivre le Renard ou le Lièvre. La chasse à courre la plus difficile fut, il n’y a pas si longtemps, celle du Loup, qu’aucune meute sans relais n’était capable de forcer s’il s’agissait d’une bête d’âge (6 ou 7 ans).

La chasse au fusil est, elle, toute différente. Dans beaucoup de pays européens, elle se pratique à l’approche, ou à l’affût, et même en imitant la voix du gibier pour l’appeler. Cela permet de choisir sa victime et, au bon tireur à balle, de la tuer net sans la faire souffrir, du haut d’un mirador. Cette chasse est peu pratiquée en France.

On préfère la chasse en battue, la chasse devant soi, seul ou à quelques amis, la chasse à pied aux Chiens courants et la chasse au Chien d’arrêt.

Les Chiens courants ont pour mission de lever le gibier et de le faire passer ou revenir à portée des fusils, les couchants, ou Chiens d’arrêt, de le bloquer sur place le temps que le maître approche à bonne portée pour tirer.

La chasse aux Chiens courants demande de grands espaces, en plaine ou en forêt, alors que la chasse au Chien d’arrêt peut fort bien débuter, le matin, par un Lièvre au gîte le long d’un mur de ferme. Ces deux chasses exigent des Chiens de qualité et de bons tireurs à plombs.