Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

agent de change (suite)

La profession est organisée en une compagnie des agents de change. Tous les agents sont membres de la compagnie, qui, dotée de la personnalité juridique et morale, est représentée par son syndic. La personnalité de cette institution est éminemment privée. Son patrimoine est de statut privé, ses membres ne sont pas fonctionnaires, les services de leur profession ne sont pas rattachés à l’organisation administrative de l’État. Cependant, le pouvoir réglementaire conféré par les lois à la compagnie en matière d’opérations de Bourse lui donne un caractère quasi public. Cette dualité de nature, privée et publique, lui vaut d’avoir été définie par la Cour de cassation comme « ... une corporation instituée par la loi dans un but d’ordre et de service public ». Les agents de change se réunissent en assemblées générales qui approuvent les comptes de la compagnie, élisent les membres de la chambre syndicale et se prononcent sur l’admission éventuelle de nouveaux membres.

L’organisation générale de la compagnie repose sur son assemblée générale qui élit tous les ans sa chambre syndicale. Celle-ci comprend dix personnes : le syndic, son président, et le premier adjoint, son vice-président, élus au scrutin uninominal par l’assemblée générale de la compagnie ; six adjoints, désignés au scrutin de liste, et deux personnes non agents de change : un représentant des sociétés cotées et un représentant élu du personnel de la compagnie.

Relèvent de la compétence de la chambre syndicale tous les problèmes d’organisation générale de la Bourse, la discipline corporative, l’arbitrage des litiges entre ses membres, la représentation de la profession en justice, l’administration de son patrimoine, le contrôle des charges, l’étude des dossiers d’admission des valeurs nouvelles à la cote. Elle fixe le règlement général de la compagnie, publié au Journal officiel après homologation par le ministre de l’Économie et des Finances, ainsi que son règlement intérieur.

La chambre syndicale est assistée de services administratifs, dirigés par un secrétaire général.

B. M.

agglomération urbaine

Espace géographique correspondant à l’ensemble formé par une ville et sa banlieue.



La genèse de l’agglomération

Selon l’importance des êtres urbains, on distinguait jusqu’au siècle dernier bourgs, villes, cités, métropoles et capitales. Leur superficie différait, mais l’on retrouvait partout la même disposition : la ville proprement dite était ceinturée de murs (qui ont laissé trace dans les plans sous forme de boulevards) ; au-delà des portes s’étaient édifiés des faubourgs, qui étaient aussi densément construits que la cité elle-même et dont le rôle était généralement très semblable. Enfin s’étendait la banlieue, qui avait été, à l’origine, « l’espace d’une lieue à l’entour d’une ville, dans lequel l’autorité faisait proclamer les bans et avait juridiction ». Dans cette ceinture, la proximité de la ville se lisait à des aménagements multiples du paysage : châteaux ou folies des familles riches ou simplement aisées, métairies des propriétaires urbains, guinguettes et lieux de plaisir, jardins, vignes et vergers. Ainsi voyait-on se succéder régulièrement les paysages lorsqu’on allait de la ville à la campagne.

La ville préindustrielle se définissait à la fois par les privilèges juridiques de ceux qui l’habitaient, par ses fonctions, par son paysage et par sa densité. À la fin du xixe s. ces critères demeuraient valables pour les villes françaises : on décida, à cette époque, de considérer comme urbaine toute commune comportant plus de 2 000 habitants agglomérés au chef-lieu, ce qui, dans le cas de la France, excluait les groupements purement agricoles. Cette définition permettait d’inclure deux des paysages urbains classiques — celui de la ville et celui du faubourg. Elle englobait aussi la banlieue au fur et à mesure que celle-ci se transformait : de zone rurale spécialisée, la banlieue devenait de plus en plus zone d’habitat continu. C’est là que se logeait une grande partie des nouveaux citadins. Les instructions aux maires relatives à la décomposition de la population des communes en vue du recensement de 1954 expriment très clairement cette conception de la ville : « On doit considérer comme agglomérée la population rassemblée dans des maisons contiguës ou réunies entre elles par des parcs, jardins, vergers, chantiers, ateliers ou autres enclos de ce genre, même si les habitations ou enclos sont séparés l’un de l’autre par une rue, une route, une rivière, un canal, une promenade, une voie de chemin de fer ou des remparts. Il n’y a pas d’interruption de l’agglomération quand on rencontre, entre deux immeubles bâtis, un ou plusieurs espaces non bâtis (même s’ils ne sont pas clos) de la grandeur normale d’un immeuble (cas fréquent dans les nouveaux quartiers en cours de construction). »

Ainsi délimitée, la ville comprend les vieux quartiers centraux, les faubourgs et la banlieue convertie en zone résidentielle. Les oppositions sont sensibles dans le paysage. Elles ne correspondent pas toujours à des différenciations nettes des fonctions. Selon les cas, les faubourgs ont des similitudes avec les quartiers centraux ou avec la nouvelle banlieue résidentielle qui les enserre.

Il arrive que l’ensemble ainsi défini atteigne une taille monstrueuse : ainsi en va-t-il, dès la fin du xixe s., pour Londres, pour Paris, pour New York. On commence alors à parler d’agglomération urbaine pour désigner, au-delà des limites administratives primitives, l’être urbain total qui est en train de naître.

Il est quelquefois fort complexe. Ainsi, dans les régions houillères de la France du Nord, de la Belgique, de la Ruhr, de l’Angleterre surtout, se multiplient des espaces agglomérés continus qui gravitent autour de centres multiples. Ils sont formés par la coalescence de villes industrielles ou d’espaces densément peuplés, mais imparfaitement équipés. Patrick Geddes, le premier des grands maîtres britanniques de l’aménagement de l’espace, proposa en 1915, pour nommer ces agglomérations, le terme de conurbation. Ce dernier connut une grande fortune en Angleterre pour désigner les régions de Liverpool, de Manchester, de Birmingham, de Leeds, de Bradford ou de Newcastle. On l’emploie parfois aujourd’hui à propos du Grand Londres, mais il est bon de posséder deux termes différents, celui d’« agglomération urbaine » pour désigner ce qui gravite autour d’un centre unique et celui de « conurbation » pour tenir compte des organismes qui regroupent des centres à l’origine indépendants.