Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Charles Ier (suite)

Les vainqueurs sont profondément divisés ; mais le roi négocie avec tous et les trahit tous. Une nette opposition est apparue entre le Parlement, où les presbytériens sont légèrement majoritaires, et l’armée, dominée par les « indépendants », qui estiment que les communautés de fidèles dépendent de Dieu seul et n’ont pas à être intégrées dans une Église organisée. Cromwell, véritable porte-parole de l’armée au Parlement, devient rapidement l’homme de la situation. L’armée se saisit alors du roi, qui commence à négocier avec elle, mais qui, en novembre 1647, s’enfuit à l’île de Wight, où il s’allie cette fois aux presbytériens écossais.

C’est le début de la seconde guerre civile. Cette fois, la supériorité militaire est entièrement du côté de Cromwell, victorieux à Preston des royalistes, que les Écossais ne viennent pas secourir. Le 6 décembre 1648, le colonel Pride chasse les presbytériens du Parlement, et c’est devant un « Parlement croupion » entièrement aux mains des indépendants que va comparaître le roi, de nouveau prisonnier de l’armée. Malgré cela, Cromwell a beaucoup de mal à obtenir une condamnation à mort : devant une foule silencieuse, Charles Ier est décapité à Whitehall, le 30 janvier 1649. L’heure de Cromwell est venue.

J.-P. G.

➙ Angleterre / Anglicanisme / Cromwell (O.) / Écosse / Grande-Bretagne / Restauration / Révolution anglaise / Stuarts (les).

 C. A. Petrie, The Letters, Speeches and Proclamations of King Charles I (Londres, 1935). / G. Davies, The Early Stuarts, 1603-1660 (Oxford, 1937 ; 2e éd., Londres, 1959). / F. F. Madan, A New Bibliography of the Eikon Basilike of King Charles the First (Oxford, 1950). / M. Ashley, England in the Seventeenth Century (Harmondsworth, 1951 ; 3e éd., 1961). / C. V. Wedgwood, The Great Rebellion (Londres, 1955-1964 ; 3 vol.). / O. Millan (sous la dir. de), Abraham Van Der Doort’s Catalogue of the Collections of Charles I (Londres, 1960). / G. E. Aylmer, The King’s Servants (Londres, 1961).

Charles II

(Londres 1630 - id. 1685), roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande (1660-1685).


Deuxième fils de Charles Ier et d’Henriette-Marie de France, Charles Stuart a une éducation troublée par la guerre civile, qui éclate alors qu’il n’a que douze ans. Dès 1645, il assume des responsabilités politiques puisqu’il représente la cause parternelle dans l’ouest de l’Angleterre. Mais les défaites royales l’obligent à fuir à Paris, où il rejoint sa mère, tombant ainsi sous la coupe du parti catholique et extrémiste, qui a été si néfaste à son père. Charles continue ses études tout en participant de loin aux événements d’Angleterre. L’exécution de Charles Ier, le 30 janvier 1649, fait de lui le chef du parti royaliste. Charles est immédiatement proclamé roi en Écosse : mais, plutôt que d’être le roi des Écossais presbytériens, qui ont trahi son père, il va à Jersey pour y attendre l’occasion de rejoindre les troupes royalistes. En plusieurs endroits, en effet, celles-ci combattent encore (James Graham, marquis de Montrose en Écosse, et James Butler, marquis d’Ormonde en Irlande) : les désastres de Drogheda et de Wexford (sept.-oct. 1649), qu’inflige aux royalistes irlandais Cromwell lui-même, et la pendaison de Montrose à Édimbourg (21 mai 1650) le rejettent vers les presbytériens. Charles doit signer avec eux un accord qui ne lui laisse guère de pouvoirs : arrivé en Écosse le 23 juin 1650, il essaie bien d’échapper à ses partenaires, mais sa tentative de fuite échoue (« the Start »). La guerre commence mal pour les Écossais : battus à Dunbar en septembre 1650, ceux-ci profitent de l’hiver pour couronner Charles roi d’Écosse à Scone le 1er janvier 1651, puis ils descendent imprudemment vers le sud, et Cromwell, lorsqu’il les rejoint à Worcester, leur inflige une terrible défaite (3 sept. 1651). Charles peut, cependant, regagner le continent.

Il va alors tenter sa chance auprès de plusieurs pays : en France, il est repoussé ; il n’obtient de l’Espagne qu’une maigre pension, qui lui permet de subsister à Bruges et à Bruxelles. Clarendon devient à partir de 1658 son principal conseiller, sans, toutefois, éliminer les influences des catholiques et des presbytériens réfugiés auprès de lui.

Ce n’est pas l’étranger, mais l’Angleterre qui va lui permettre de regagner son trône. À la mort de Cromwell en 1658, son fils Richard lui avait succédé : l’armée s’empare facilement du pouvoir. Mais l’on n’est pas partout disposé à admettre d’un général John Lambert ce que l’on a admis de Cromwell. Et, bientôt, le général George Monk (1608-1670), franchissant la frontière écossaise à Coldstream, renverse Lambert et convoque un Parlement. Cela signifie la Restauration* des Stuarts*, car le Parlement a toujours été monarchiste dans sa majorité. Encore faut-il que Charles II se montre accommodant : de très actives négociations s’engagent à Breda, où le roi est réfugié. Tandis qu’un Parlement libre est convoqué pour avril 1660, Charles proclame la « déclaration de Breda » (4 avr. 1660), qui promet une amnistie générale, la liberté de conscience et le paiement de tous les arriérés dus à l’armée, en laissant au Parlement le soin de décider de l’application de ces principes.

Le « Parlement Convention » accepte, et, le 8 mai, Charles est proclamé roi. Arrivé à Douvres le 25, il est à Londres le 29.

Le grand homme du nouveau régime est Edward Hyde, comte de Clarendon ; pour éviter les difficultés politiques, il veut construire une monarchie fondée sur l’accord du roi et du Parlement, et, pour éviter les difficultés religieuses, il veut appuyer la monarchie sur une Église anglicane rénovée. S’il réussit bien dans le premier domaine, il échoue dans le second. Avec le « Parlement Convention », de difficiles problèmes sont réglés ; mais c’est surtout avec le « Long Parlement de la Restauration » (il siège de mai 1661 à 1679) qu’est pratiquée une collaboration entre la Couronne et les Assemblées : il s’agit d’un véritable banc d’essai de la monarchie parlementaire.