Chambers (sir William) (suite)
Chambers s’est imprégné des principes néo-classiques à Paris et à Rome : son « Casino » de Marino (près de Dublin, 1758-1776) en témoigne. Cependant, il demeure fidèle au type palladien de la Villa Rotonda, déjà employé par Colin Campbell († 1729) à Chiswick, et qui reste le mieux adapté aux conceptions traditionnelles des pays nordiques avec sa salle centrale et ses pièces rayonnant tout autour vers la variété des tableaux du jardin paysagiste. Chambers en développe le thème dans de nombreuses demeures campagnardes ou urbaines : villa de lord Bessborough, à Roehampton (Londres) [1760] ; Duddingston house, à Édimbourg (1762) ; Hedsor lodge, dans le Buckinghamshire (1778) ; Dundas house à Édimbourg ou Melbourne house à Londres, toutes deux en 1771... Partout, y compris dans divers projets de palais, il traite l’escalier, ou la tribune, comme un espace clos, autonome, et en multiplie les variantes. Si la construction d’habitations lui permet de donner libre cours à son penchant pour le détail, elle ne lui donne guère l’occasion de composer à grande échelle. Son œuvre la plus vaste, Somerset house (Londres, 1776-1786), n’est qu’une répétition d’éléments autour d’une vaste cour, avec plus de vivacité dans la façade sur la Tamise.
L’amitié du prince de Galles avait valu à Chambers de devenir architecte de la princesse douairière, à Kew, et le précepteur architectural du futur George III. Avec l’avènement de ce dernier et d’un gouvernement conservateur, Chambers va contribuer à la fondation de la Royal Academy (1768) et devenir, en 1782, l’architecte en chef des bâtiments royaux. Il est, aux yeux de ses contemporains, l’architecte par excellence, non seulement par ses écrits sur les jardins, mais par son Traité d’architecture civile (A Treatise on Civil Architecture), où, dès 1759, il se montrait traditionaliste, opposé au goût grec et peu sensible au gothique — d’où l’aspect moins médiéval qu’ottoman de Milton Abbey (Oxfordshire), qu’il réalise de 1769 à 1775. Sa renommée devait lui survivre plus d’un siècle, durant lequel son Traité et sa théorie des ordres seront acceptés sans contrôle par l’académisme déclinant.
H. P.
J. Harris, Sir William Chambers, Knight of the Polar Star (Londres, 1970).