Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

céréales (suite)

Seul le Sorgho à grains est une céréale. Plante exigeante en chaleur (27 °C à 30 °C en pleine végétation), à cycle végétatif de 5 à 7 mois, elle est plus résistante que le Maïs à la sécheresse. Trois éléments contribuent à constituer cette résistance : son réseau racinaire, dense et fin, exploite à fond les réserves du sol ; sa morphologie cellulaire le rend apte à limiter sa transpiration (cuticules épaisses, petites cellules stomatiques) ; son mode de fécondation le met à l’abri des accidents provoqués par la sécheresse chez le Maïs. Mais le long cycle végétatif exige davantage d’eau que pour les Millets. Lorsque l’eau n’est pas facteur limitant, le Sorgho est comparable au Maïs, mais les difficultés de récolte mécanique et sa non-tolérance des basses températures (exigence de 12 °C à 15 °C pour germer) limitent encore son extension. Par contre, en condition tropicale, c’est la plante idéale qui se substitue au Riz dès que les ressources en eau manquent ; elle est remplacée par les Millets dans les conditions plus arides. On trouve le Sorgho dans les zones de 400 à 700 mm de pluies annuelles. En région humide, la densité de plantation est de 50 000 pieds à l’hectare ; elle peut tomber jusqu’à 20 000 pieds à l’hectare en région sèche. La lutte contre les adventices s’impose ; le sarclage est traditionnel en Afrique noire. En Afrique occidentale, le Sorgho est en tête de rotation derrière défriche, suivi du Millet et d’une jachère de dix ans. En Afrique orientale et aux États-Unis, le Sorgho est en rotation avec le Coton ou une autre culture sarclée, ce qui permet une lutte efficace contre les adventices. C’est notamment avec cette culture qu’ont été mises au point les méthodes de dry-farming aux États-Unis. En zone tropicale, le semis s’effectue avant la fin de la saison des pluies ; 4 à 6 mois après, la récolte a lieu en saison sèche, la panicule est coupée, séchée, battue et les grains (contenant 10 à 12 p. 100 d’humidité) sont stockés. Les rendements courants en région tropicale varient de 5 à 10 q/ha ; ils atteignent 20 q/ha dans les meilleures conditions. Aux États-Unis, les rendements moyens ont doublé en dix ans, grâce à l’extension hors des zones sèches et à la découverte des hybrides très productifs (en 1969, 329 q/ha).


Utilisation du Sorgho à grains

Le Sorgho est considéré comme la seconde céréale pour sa valeur alimentaire, derrière le Blé. Équivalent du Maïs pour sa valeur énergétique (340 cal/100 g), il a une teneur en protéines (10 à 12 p. 100) et en calcium proche de celle du Blé. Traditionnellement utilisée pour des bouillies et des galettes, la farine de Sorgho, mélangée à celle de Blé, est panifiable et fait un bon pain. Aux États-Unis et en Europe, le Sorgho est utilisé pour l’alimentation du bétail (Porcs et volailles).


Production et commercialisation

Les chiffres mondiaux sont à utiliser avec précaution, car Millets et Sorgho ne sont pas toujours distingués. En 1950, les États-Unis produisaient, sur 3 Mha, 4 Mt de Sorgho ; en 1966, sur 5 Mha, ils produisaient 20 Mt, dont ils exportaient 6 Mt (près de 90 p. 100 du commerce mondial). La venue du Sorgho sur la scène du commerce international est récente ; le volume commercialisé n’est pas stable. Les principaux clients des États-Unis sont l’Extrême-Orient (3 Mt en 1966) et l’Europe. Le groupe des céréales secondaires (Orge, Avoine, Seigle), qui avait déjà perdu le second rang dans le commerce mondial au profit du Maïs dans la période 1955-1960, s’est vu ravir le troisième rang par le Sorgho en 1967.


Les Millets

C’est le nom général donné aux céréales à très petits grains (ou petites céréales). Ce groupe est constitué par différentes espèces de Graminacées. La culture des Millets est très ancienne ; il en a été identifié dans de nombreuses stations néolithiques. En Europe, c’était au Moyen Âge une culture importante, qui a régressé à la suite du développement des cultures de Pomme de terre et de Maïs. Elle se maintient encore dans les régions pauvres et en Europe orientale. En Afrique, en Inde et en Extrême-Orient, des espèces se maintiennent là où ni le Riz ni le Sorgho ne peuvent être cultivés en culture principale.


Botanique

Les Millets sont des espèces annuelles que l’on peut rapporter à neuf genres distincts. Six d’entre eux appartiennent à la tribu des Panicées, caractérisée par des épillets à fleur complète le plus souvent accompagnée d’une fleur mâle ou stérile, des glumes herbacées ou membraneuses et des glumelles de fleurs fertiles souvent coriaces.
— Panicum miliaceum L, ou Millet commun. C’est le Millet type de nos régions, probablement connu des Romains. Il est encore cultivé en Europe orientale, en Inde, en Chine, en Corée. La tige peut atteindre 1,50 m ; l’inflorescence est une panicule étalée.
— Setaria italica, ou Millet des Oiseaux, ou Panic. Plante fourragère aux États-Unis, son grain sert à l’alimentation humaine en Inde et en Malaisie. L’inflorescence est une grappe compacte, les pédicelles ont des soies. Variable selon les variétés, la hauteur de tige peut atteindre 2 m.
— Digitaria exilis, le « fonio » du Fouta-Djalon et du Sénégal. C’est une petite plante (50 cm) dont l’inflorescence est constituée de 2 à 4 rameaux digités.
— Echinochloa frumentacea Link et E. colona Link. Ce genre est très répandu dans les régions tropicales, en Inde et en Chine.
— Paspalum scrobiculatum L. Cette plante est cultivée en Inde, sur les sols très pauvres.
— Pennisetum, ou petit mil, ou mil à chandelle, ou mil d’Égypte. On a reconnu huit espèces différentes du genre Pennisetum parmi les variétés cultivées. Ces espèces étant interfécondes, les types intermédiaires sont fréquents. La tige est haute (3 m), l’inflorescence terminale est un faux épi cylindrique, conique ou fusiforme, dont la longueur varie de 5 cm à 2 m, le diamètre de 1 à 7 cm. Originaire d’Afrique, le mil à chandelle y est très répandu et se cultive en Inde. Le genre Pennisetum est de loin le Millet le plus important des régions sèches ; il a fait l’objet de fructueuses améliorations génétiques au cours des dernières années.