Île de l’Indonésie.
L’île de Célèbes (aujourd’hui Sulawesi) a 189 000 km2 et avait 8,5 millions d’habitants en 1971, soit une densité de 45 habitants au kilomètre carré : elle est administrativement divisée en quatre provinces aux densités de population très inégales.
La forme de l’île est extraordinaire : « une poignée de péninsules liées en leur milieu et jetées dans l’océan ». De ces quatre péninsules, rectangulaires, trois, celles du sud, du sud-est et du nord-est, sont encore assez massives et la quatrième, celle du nord, étire une forme coudée. Ces péninsules sont montagneuses ; l’altitude est le plus souvent supérieure à 1 000 m, voire à 2 000 m ; le point culminant, le Bukit Rantemario, ou Rantekombola, approche 3 500 m. Les plaines sont rares : plaine du lac Tempe (bras sud), vallée de Sampara (bras sud-est), petites plaines côtières. Au cœur de l’île, le lac Poso est profond de 1 500 m.
Le relief est lié à des failles et à des flexures très récentes (fin du Pliocène) qui ont porté des récifs coralliens à 1 000 m d’altitude, des pédiments à inselberg à 2 500 m. Inversement, failles et flexures ont provoqué des fossés continentaux (fossé du lac Poso) et surtout marins : détroit de Macassar (– 2 400 m), golfe de Bone (– 2 500 m), golfe de Tomini (– 3 700 m). La zone faillée la plus importante s’étend de la baie de Palu au golfe de Bone. Les lignes tectoniques guident les alignements des cours d’eau. Dans ces conditions, le relief est mal consolidé et les séismes sont nombreux. Par contre, le volcanisme récent est peu important, confiné à l’extrême sud du bras sud (Gunung Lompobatang) et à l’extrême nord du bras nord (Gunung Soputan, G. Klabat). Les failles pliocènes (ou même pléistocènes) ont affecté une structure alpine (oligo-miocène) avec nappes de charriages à l’est et une structure plissée (mio-pliocène) sans charriages à l’ouest.
L’île est fortement compartimentée, juxtaposant des climats très contrastés, variété due à l’exposition par rapport aux vents dominants (mousson du nord-ouest en été, alizé du sud-est en hiver). Des zones de sécheresse marquée se trouvent dans certaines vallées « sous le vent », par exemple la baie de Palu. L’île est aussi peu accessible en dépit de ses 5 000 km de côtes. Celles-ci, en effet, sont extrêmement dangereuses à cause des récifs coralliens : le principal, le « grand récif barrière de la Sonde », est situé dans le détroit de Macassar, entre Bornéo et Sulawesi.
Compartimentage et isolement dominent la géographie humaine. On ne compte pas moins de huit groupes de dialectes différents parmi les populations de l’île, dont la majorité appartient au groupe toraja : les Torajas sont des Proto-Malais, restés primitifs et vivant essentiellement de cultures sur brûlis. D’une façon générale, l’influence indienne a été faible et l’influence islamique tardive.