Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

catholicisme (suite)

L’ordre et le mariage

• Le sacrement de l’ordre fait participer l’ordonné au sacerdoce du Christ ; comme le baptême, il ne peut être donné qu’une fois et imprime sur celui qui le reçoit un caractère ineffaçable. Le sacerdoce fait du prêtre le représentant de Dieu sur terre et celui des hommes devant Dieu ; c’est pourquoi il offre le sacrifice de la messe et donne les autres sacrements.

Par le prêtre, Dieu communique avec les hommes et les hommes avec Dieu. Il est le lien, le médiateur entre l’humanité et Dieu ; en ce sens, chaque prêtre est un pontife, il « fait le pont » entre les deux mondes, divin et humain. À travers le prêtre, l’Église enseigne que c’est le Christ lui-même qui baptise, qui consacre ou qui absout. Cette fonction de représentant du Christ exige donc une vie d’une vertu éminente, au dire de saint Thomas : « Pour s’acquitter dignement des fonctions sacerdotales il ne suffit pas d’une vertu quelconque : c’est une vertu excellente qui est requise afin que, de même que ceux qui reçoivent les ordres sont placés au-dessus des autres par leur rang, ils leur soient aussi supérieurs par les mérites de leur sainteté. » C’est dans cette perspective que l’Église catholique a imposé à ses prêtres le célibat ecclésiastique.

• Le signe du sacrement de mariage, c’est, selon l’Église, le consentement mutuel qu’échangent l’homme et la femme devant Dieu par l’intermédiaire du prêtre, qui le représente. L’Église prescrit aux époux de s’aimer et de se protéger mutuellement et leur interdit de rompre le lien conjugal que seule la mort peut dénouer. Il leur faut aussi pratiquer la continence en plusieurs circonstances, comme durant les absences, les maladies, ou lorsqu’ils ne désirent plus d’enfants, l’union charnelle étant en effet subordonnée à cette fin.

« Je voudrais, dit à ce propos saint Césaire d’Arles, que celui qui use de son épouse avec incontinence me dise quelle moisson il pourrait récolter, s’il labourait ou ensemençait son champ autant de fois dans l’année qu’il a cédé à son désir d’union avec son épouse. Car comme vous le savez très bien, toute terre qu’on a ensemencée fréquemment dans la même année est incapable de produire les fruits qui sont de sa nature. Pourquoi donc fait-on dans son corps ce qu’on ne voudrait pas faire dans son champ. »


L’eschatologie

L’eschatologie est la science des fins dernières de l’homme. Un sacrement y prépare, c’est celui des malades, dit aussi « extrême-onction ». Il doit être administré aux vivants en danger de mort et peut être aussi donné quelques heures après la mort. Si le malade, du fait de son état, est incapable de recevoir le sacrement de pénitence, il y supplée. Il donne aussi la force de supporter les souffrances et de faire face à l’angoisse des derniers moments.

L’Église affirme, dans son Credo, la croyance à la vie éternelle : « Justifiés par la grâce, écrit saint Paul, nous devenons héritiers en espérance de la vie éternelle. » Mais cette vie ne sera l’apanage que de ceux qui, au dernier moment, se seront mis en « état de grâce », c’est-à-dire dans la disposition de la recevoir. Sinon, l’homme pécheur sera séparé pour toujours de la possibilité de faire retour à Dieu : c’est cet état que l’Église appelle l’enfer. La croyance à l’enfer, à l’éternité des peines est fondée sur les paroles mêmes de Jésus dans l’Evangile : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, au feu éternel, préparé pour le diable et pour ses anges » ; et : « Ils s’en iront ; ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle. »

Mais même si, après la mort, l’âme se trouve en état de grâce, elle doit encore expier ses fautes, même déjà pardonnées, par une purification plus ou moins longue que l’Église nomme le purgatoire et dont elle affirme l’existence sur la foi de l’Écriture et de la Tradition. Elle incite aussi les chrétiens à aider les âmes du purgatoire par les prières ou les bonnes œuvres, dont les mérites, grâce à la communion des saints, peuvent être appliqués à leur soulagement.

Enfin, après ces purifications successives, la vision béatifique, c’est-à-dire la vision de Dieu sans voile, sera la récompense suprême de l’âme des justes, en attendant que leur corps ressuscité participe avec elle à ce bonheur éternel que saint Jean décrit dans son Apocalypse : « Puis il me montra le fleuve de vie, clair comme du cristal, jaillissant du trône de Dieu et de l’Agneau au milieu de la rue de la ville... Il n’y aura plus aucun anathème ; le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville ; ses serviteurs le serviront, et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. Il n’y aura plus de nuit ; et ils n’auront besoin ni de la lumière de la lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera ; et ils régneront aux siècles des siècles. »


Évolution actuelle du catholicisme

Qu’il s’agisse d’une explicitation de la doctrine plus élaborée ou de la morale, ou des rapports de la religion catholique avec le monde, de nombreuses et nouvelles orientations se sont fait jour dans le catholicisme. Ces orientations sont très souvent liées à une meilleure connaissance des positions des autres Églises chrétiennes : l’œcuménisme* aboutit en effet à un enrichissement réciproque. Qu’on songe seulement à l’apport du protestantisme à propos du rôle des laïcs dans l’Église ; la décléricalisation rapide du catholicisme s’explique ainsi en partie.

Voici quelques exemples de l’évolution actuelle en ces matières. On verra qu’ils portent sur les points essentiels de la doctrine ou sur les relations de l’Église avec le monde. Il va sans dire que ce sont là opinions de théologiens, sans qu’elles aient toujours été, jusqu’à maintenant, formellement approuvées par le magistère.

Tout d’abord, en ce qui concerne le péché originel et la chute du premier homme, les recherches s’orientent dans des voies nouvelles. La question des commencements paraît moins importante que par le passé. Que l’homme ait péché, et que le péché l’ait corrompu retient moins l’attention ; par contre, on insiste sur le fait que le péché d’Adam est en nous. On insiste sur le mal collectif, et l’Écriture, d’ailleurs, parle du péché comme étant l’affaire de tout le peuple. Le péché apparaît comme un état de fait qui contamine toute l’humanité. Il y a le « péché du monde », celui aussi des groupes (États racistes), des classes sociales (égoïsme des possédants), etc.