Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Castro (Fidel) (suite)

C’est alors que Cuba se déclare « indéfectiblement solidaire de l’U. R. S. S. » et que l’escadre soviétique visite symboliquement La Havane, sans soulever le moindre émoi chez les Américains, que Cuba n’épouvante plus. Armando Hart déclare que Cuba doit suivre l’exemple russe des années trente, tandis que Castro lance le pays dans la « zafra » de 10 millions de tonnes pour 1970, effort gigantesque qui mobilise toutes les énergies sans atteindre son objectif, et au risque de désorganiser l’économie nationale. La militarisation croissante de la société cubaine, qui déplaisait tant à Guevara, le ralliement à l’U. R. S. S., la glorification du modèle russe des années trente, tout cela est lié à l’obsession productiviste de la bataille pour les 10 millions de tonnes, à l’échec, temporaire ou définitif, de la recherche d’une voie castriste, c’est-à-dire d’une voie cubaine originale du socialisme.

Cet état de choses n’aide pas à développer la démocratisation, la participation de la base aux décisions, préconisées par le « Che ». Le dogmatisme, lié au culte du chef, ne peut que profiter de cette résignation. Cela accroît encore le rôle de Fidel Castro, identifié depuis le début à la révolution cubaine. Chef suprême de l’armée, maître de la vie économique et politique, ministre de l’Agriculture, Fidel est l’homme à tout faire de la Révolution. Dirigeant lui-même son exploitation agricole modèle, parcourant l’île sans cesse, il veut tout voir, tout savoir, tout décider. Et quand les choses vont mal, les gens disent : « Ah ! si Fidel savait. » Fidel est doté d’un pouvoir personnel absolu, sans aucun contrôle, et cela conduit à des improvisations souvent hâtives, parfois catastrophiques. Le peuple est son peuple, et ce n’est pas un hasard si l’on dit indifféremment la révolution cubaine ou la révolution castriste.

J. M.

➙ Amérique latine / Cuba.

 L. Huberman et P. M. Sweezy, Cuba, Anatomy of a Revolution (New York, 1961) ; Socialism in Cuba (New York, 1969 ; trad. fr. le Socialisme cubain, Anthropos, 1970). / J. Arnault, Cuba et le marxisme (Éd. sociales, 1962). / R. Dumont et J. Coleou, la Réforme agraire à Cuba (P. U. F., 1962). / K. E. Meyer et T. Szulc, The Cuban Invasion (New York, 1962). / W. A. Williams, United States, Cuba and Castro (New York, 1962). / E. Abel, The Missile Crisis (New York, 1966). / H. L. Matthews, Castro, a Political Biography (New York, 1968 ; trad. fr. Fidel Castro, Éd. du Seuil, 1970). / K. S. Karol, les Guérilleros au pouvoir, l’itinéraire politique de la révolution cubaine (Laffont, 1970).

Casuarinales

Ordre d’arbres australiens, d’un type très primitif.


Dans les Dicotylédones ligneuses, le phylum des Casuarinées comprend un seul ordre (Casuarinales), une seule famille (Casuarinées) et un seul genre (Casuarina ; 50 espèces) ; il est d’origine presque exclusivement australienne.

Les Casuarinées, ordinairement de grands arbres dont les jeunes rameaux verts ont une section quadrangulaire ou cylindrique, portent des fleurs unisexuées groupées en chatons dressés, les uns mâles, les autres femelles. La fleur femelle est réduite à un ovaire à une loge, chaque fleur mâle ayant une seule étamine. Les phénomènes de la fécondation sont assez complexes et rappellent curieusement ceux des Cryptogames. Le fruit est une samare enfermée dans des bractées lignifiées ; à maturité, l’ensemble des fruits provenant d’un chaton femelle fait penser à un petit cône.

Dans les régions chaudes, ces arbres (Filaos) sont plantés dans les parcs ; à Madagascar, le Casuarina à quatre valves sert de support pour la culture de la vanille. Les Casuarinées sont très employées dans la région méditerranéenne ; de croissance très rapide, elles servent de « coupe-vent » et de fixateurs des sables, en particulier le long du canal de Suez. Leur bois très dur (bois de fer) peut servir à la construction. Cette famille extrêmement particulière présente certains caractères des Angiospermes typiques (v. Amentifères), mais par d’autres elle se rapproche de certains groupes primitifs : les Gymnospermes et même les Articulées (Prêles). C’est un type unique dans le monde végétal actuel.

J.-M. T. et F. T.

Catalogne

En esp. Cataluña, en catalan Catalunya, région du nord-est de l’Espagne, formée des quatre provinces de Barcelone, Gérone, Tarragone et Lérida ; 31 930 km2 ; 5 123 000 hab. (Catalans). Capit. Barcelone.



La géographie

La Catalogne est l’une des régions espagnoles à la personnalité la plus affirmée. Elle le doit autant à sa langue qu’à son histoire (tournée résolument vers la mer dès le Moyen Âge, la Catalogne a toujours vécu à l’écart de la Péninsule) et au dynamisme de ses habitants, qui, en investissant les capitaux accumulés par le commerce, ont su en faire un grand foyer industriel, dont Barcelone* est le centre directionnel et intellectuel. Aujourd’hui, elle a une densité de population de plus de 150 habitants au kilomètre carré, plus du double de la densité moyenne de l’Espagne.

Pourtant, rien ne semblait devoir imposer une si profonde unité à la Catalogne, faite de l’extrémité orientale des Pyrénées, d’une chaîne parallèle à la côte, la Cordillère catalane, et d’un morceau de bassin de l’Èbre, pris en coin entre ces deux systèmes montagneux. Mais la vallée du Llobregat et celle du Ter, que prolonge le Besós, ont grandement facilité les communications entre les diverses parties de la Catalogne et joué un rôle unificateur certain.


Les secteurs pyrénéens

Les Pyrénées, au nord, dressent comme une muraille les hautes cimes de la zone axiale, ciselées par l’érosion glaciaire, à une altitude oscillant autour de 3 000 m, du pic d’Aneto (3 404 m), à l’ouest, au Puigmal (2 913 m), à l’est. La seule brèche dans cette ligne de crêtes remarquablement continue est due à des effondrements (bassin de Seo de Urgel, Cerdagne) qui ouvrent un accès aisé au Roussillon par le Capcir. Les précipitations, supérieures à 1 000 mm, sont assez copieuses pour permettre à la forêt de chênes, hêtres et pins sylvestres, et, plus haut, de conifères, de draper les versants, et aux pâturages, d’altitude, d’accueillir en été les troupeaux transhumants.