Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caryophyllales (suite)

Portulacacées

Cette famille d’une vingtaine de genres et de 500 espèces environ (4 espèces en France en 2 genres) est surtout présente en Amérique. Les Portulacacées sont des plantes le plus souvent succulentes, à feuilles alternes, avec des stipules minces et transparentes. Les fleurs ont ordinairement deux sépales et cinq pétales. Le Pourpier (Portulaca oleracea) est une petite plante annuelle charnue qui vit dans les régions tempérées et chaudes ; ses jeunes pousses sont consommées en salade. Une espèce voisine, P. grandifolia, du Brésil, est à l’origine de nombreuses races horticoles, les fleurs ayant de très brillantes couleurs. En France, à côté de P. oleracea vivent deux Montia (petites plantes des terrains siliceux frais) et Claytonia perfoliata, originaire d’Amérique du Nord, uniquement localisée dans un vallon rocailleux près de Cherbourg.


Aizoacées

Cette famille est surtout présente en Afrique du Sud, au Brésil, en Australie et dans la région méditerranéenne ; dénommée également Ficoïdacées ou Mésembryanthémacées, elle comprend plus d’un millier d’espèces, réparties en une vingtaine de genres. Le plus important était celui des Mesembryanthemum, qui, à lui seul, rassemble 800 espèces, mais que certains auteurs ont démembré en plus d’une vingtaine de petits genres ; seules 2 espèces vivent à l’état endémique en France (M. nodiflorum et M. crystallimum).

Les Aizoacées sont des plantes à feuilles charnues et opposées ; les fleurs sont ordinairement du type 4-5 avec beaucoup de variantes. Mais ce sont surtout la morphologie et la biologie de certaines espèces de cette famille qui retiennent l’attention. On peut d’abord citer deux Carpobrotus (C. acinaciformis et C. edule) originaires de l’Afrique australe (anciennement compris dans le genre Mesembryanthemum). Ils vivent couchés sur le sol, ont des feuilles de 5 à 6 cm de long, à section trigone (1 cm de côté), et sont très cultivés dans le midi de la France et en Bretagne dans les sols acides et les fentes de rochers maritimes, car ils ne craignent pas les milieux où il y a un léger apport de sel. Ces plantes ont des fleurs très sensibles aux conditions extérieures, qui s’ouvrent et se referment à heures fixes. Les Lithops, sans tiges, presque complètement enterrés dans le sol, vivent dans les déserts d’Afrique du Sud ; ils sont formés de deux feuilles charnues tronquées au ras du sol et dont la section est en forme de rein ; entre ces deux feuilles apparaissent, vers octobre-novembre, des fleurs très colorées. La biologie de ces espèces, vivant dans des régions à très forte intensité lumineuse, est assez curieuse, car la chlorophylle ne se trouve localisée qu’au « fond » des feuilles, dans la partie enterrée ; les parenchymes sont gorgés d’eau. À côté des Lithops se placent les Fenestraria, Faucaria, Conophyton, etc. Ces plantes, curiosités naturelles, sont fréquentes dans les collections de plantes désertiques, mais ne présentent d’intérêt que pour les collectionneurs avertis.

J.-M. T. et F. T.

Casablanca

En ar. Dar el-Beida, principal port et plus grande ville du Maroc, sur l’Atlantique ; 1 506 000 hab. Casablanca est la véritable capitale économique du Maroc.


L’agglomération, d’abord connue sous le nom d’Anfa (terme d’origine berbère et non phénicien), fut sans doute fondée par les Zenāta au xie s. Les Portugais la détruisirent en 1468. La ville fut recréée en 1770 et prit alors son nom actuel. À partir du traité de 1856 avec la Grande-Bretagne et de la convention de 1863 avec la France, Casablanca devint un important centre d’exportation de céréales et de laines ainsi que d’importation de produits fabriqués. En 1906, son trafic dépassa celui de Tanger, tandis que sa population était passée de 700 âmes en 1836 à 25 000, dont un millier d’Européens. Après la conférence d’Algésiras (1906), l’installation de contrôleurs européens à la douane et les activités d’une société française construisant le port entraînèrent une agitation xénophobe et le massacre de neuf ouvriers (juill. 1907). Le débarquement du corps de fusiliers marins du navire Galilée quelques jours plus tard (suivi des troupes du général Drude, le 7 août) allait faire de Casablanca (après Oujda) la grande base de la pénétration militaire française au Maroc. La décision prise par le résident général Lyautey, après la signature du traité de protectorat (1912) et en accord avec les représentants du grand capital français (Compagnie Schneider, Banque de l’Union parisienne, Banque de Paris et des Pays-Bas) déjà établis sur place, de faire de Casablanca le grand emporium marocain fixa le destin de la ville. La découverte, dans l’arrière-pays, de gisements de phosphate, dont l’exploitation commença en 1921, apporta au port un volant de trafic dont l’importance n’allait cesser de croître.

L’essor de la ville s’effectua alors à un rythme soutenu : les 50 000 habitants sont atteints dès 1912, les 100 000 en 1924, les 250 000 en 1936, les 500 000 en 1945, le million en 1961.

Le port a été le moteur de ce développement. Son aménagement a nécessité, à cause de la brutalité de la houle et de la faible profondeur de la plate-forme littorale, à la fois la construction d’une jetée longue de plus de 3,5 km et un remblaiement sur une largeur de 500 m, afin d’aller au droit des fonds de plus de 100 m. Avec un trafic de 17,3 Mt de marchandises, Casablanca concentre 70 p. 100 du total du commerce extérieur marocain. Aux exportations (14 Mt), les phosphates assurent 87 p. 100 du tonnage, mais, avec seulement quelque 600 000 t, les agrumes et les primeurs constituent en valeur un poste essentiel ; les minerais ne représentent plus que 21 p. 100 des sorties en valeur. Aux importations (3,4 Mt), les hydrocarbures (18 p. 100), les céréales (17 p. 100), le sucre (16 p. 100) devancent les produits chimiques (7 p. 100), les métaux, les huiles végétales.

Le port de pêche s’est spécialisé dans la fourniture du poisson frais (10 000 t). Le trafic des voyageurs (moins de 40 000 personnes) a baissé de plus de moitié depuis l’indépendance, touché par la réduction de la colonie européenne, la concurrence de la voie aérienne et de la route. Au total, le port offre de l’emploi à environ 10 000 travailleurs.