Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cartographie (suite)

De leur côté, certains utilisateurs de cartes ont recours, pour l’exploitation des messages documentaires, à des techniques de lecture particulières. On sait que les géographes cherchent à mettre en relation le plus de phénomènes possible ; or, la comparaison visuelle de nombreuses cartes analytiques, qu’elles soient dessinées de manière traditionnelle ou automatique, provoque des fluctuations d’attention qui entraînent une fatigue mentale limitant très rapidement les possibilités d’assimilation. Une fois franchi ce que les psychologues appellent le seuil de densité d’information, la mémoire devient incapable d’enregistrer. C’est pourquoi on a conçu des « aides », ou procédés statistiques capables de synthétiser en une formule ou en un dessin très simples les principales caractéristiques d’une répartition spatiale : ce sont les graphiques de paramètres de distribution ou les indices de dissimilarité et de concentration, qui sont construits à partir de mesures « cartométriques », dans le cadre de l’analyse des morphologies de répartition. La plupart des mesures sur cartes, qui font l’objet de la cartométrie, peuvent être réalisées automatiquement à l’aide de lecteurs optiques, ce qui augmente assez sensiblement l’intérêt de ces procédés statistiques.


La production cartographique

La double nature méthodologique et technique de la cartographie fait de celle-ci un outil scientifique ou utilitaire très coûteux. Lever, préparer, imprimer, diffuser une carte soulèvent quantité de problèmes économiques que l’édition privée ou publique cherche à résoudre à des coûts « optimaux » ; on a pour cela appliqué à l’enchaînement des travaux et à l’amortissement d’un matériel très spécialisé les enseignements de la recherche opérationnelle : c’est ce que l’on appelle le production control, que l’on peut traduire par « cartographie intégrée ».

Par ailleurs, l’Association cartographique internationale s’est préoccupée de la formation à donner aux techniciens et spécialistes qui doivent se placer aux différentes étapes de cette production très particulière. C’est une question d’autant plus délicate que la cartographie se trouve à une époque de transition entre l’artisanat, économiquement condamné, et l’automation, encore insuffisante. Ici comme ailleurs, les rapports entre la cybernétique et l’humain ne sont pas encore bien délimités : cette imprécision laisse la voie ouverte à beaucoup de progrès.

S. R.

➙ Altitude / Distance / Géodésie / Géoïde / Nivellement / Photogrammétrie / Projection / Tachéométrie / Topographie / Topométrie / Triangulation.

 A. H. Robinson, Elements of Cartography (New York, 1953 ; 3e éd., 1969). / F. Reignier, les Systèmes de projection et leurs applications (Institut géographique national, 1958 ; 2 vol.). / G. Alinhac, Cartographie historique et descriptive (Institut géographique national, 1962 ; 4 vol.). / W. Bunge, Theoretical Geography (Lund, 1962). / A. Libault, la Cartographie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1962 ; 3e éd., 1973). / S. Rimbert, Cartes et graphiques (S. E. D. E. S., 1962 ; nouv. éd., 1965). [Les graphiques nos 1, 2 et 3 sont extraits de cet ouvrage.] / J. Bertin, Sémiologie graphique (Mouton et Gauthier-Villars, 1967). / A. Caillemer, Topographie. Photogrammétrie (Technip, 1968). / G. A. Steward (sous la dir. de), Land Evaluation, Papers of a CSIRO Symposium Organized in Cooperation with UNESCO, Canberra, 26-31 August 1968 (Melbourne, 1968). / R. Cuénin, Cartographie générale (Eyrolles, 1972-73 ; 2 vol.).
On peut aussi consulter la Bibliographie internationale du Comité français de cartographie.

carton

Feuille épaisse, de fort grammage, en principe supérieur à 224 g/m2, et pouvant atteindre 900 g/m2, constituée essentiellement de fibres (ou d’éléments de fibres mêlées), adhérant les unes aux autres et très généralement extraites des végétaux, dont elles constituent certains tissus, ou provenant de « récupération » (vieux papiers).



Fabrication

La machine dite « à formes rondes » comprend un certain nombre de cylindres, appelés formes rondes, qui tournent dans des bacs contenant la pâte (fibres en suspension dans l’eau). Chacun de ces cylindres donne un jet, c’est-à-dire enlève une fine couche de fibres et la dépose sur un feutre preneur, contribuant ainsi à la formation de la feuille de carton sur le feutre preneur. Il s’agit d’un processus conduisant à la fabrication d’un matériau stratifié, et le carton en tirera une de ses grandes caractéristiques techniques : la rigidité. La feuille une fois formée contient beaucoup d’eau, puisque les fibres sont fortement diluées à leur arrivée sur chaque forme ronde ; elle passe alors dans des presses (effet de laminage, élimination d’une partie de l’eau), puis dans une importante batterie de cylindres chauffés à la vapeur (sécherie) afin d’éliminer presque complètement l’eau en excès. Le passage à un cylindre dit « frictionneur » achève l’aspect extérieur du carton. Le couchage (enduction) se fait, indifféremment, sur la machine elle-même ou hors machine. En bout de machine, le carton s’enroule pour former une grosse bobine.

La capacité d’une machine est fonction de sa largeur et de sa vitesse. Cependant, les machines à carton tournent moins vite que les machines à papier, en raison du grammage élevé de la feuille.


Matières premières

Les matières premières utilisées sont des pâtes écrues ou blanchies, des vieux papiers et des produits de couchage (talc, kaolin, latex). Les vieux papiers entrent dans la fabrication des cartons ordinaires lorsque la nature de ces matières premières est compatible avec les usages, ce qui est le cas pour les utilisations soit d’emballage, soit à caractère industriel. Dans certains cartons supérieurs, également lorsque cela est compatible avec l’usage, les jets intérieurs de la feuille sont à base de vieux papiers. Les pâtes entrent dans la composition des jets extérieurs ou de la totalité de la masse (carton pure pâte blanchie, par exemple). Les cartons devant recevoir de plus en plus des impressions en couleurs (matériau de conditionnement des produits de grande consommation), les produits de couchage servent à enduire une face du carton d’une couche blanche, lisse, brillante ou mate très « amoureuse » de l’encre. Des charges minérales interviennent donc au côté de liants.