Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Caroline (suite)

L’agriculture s’est diversifiée. La Caroline du Nord est le premier producteur de tabac aux États-Unis ; le coton et le maïs ont perdu leur primauté ancienne, tandis que se répandaient la culture des oléagineux (soja, arachide, qui suivent le tabac pour la valeur de la production), les vergers (pêchers célèbres du Piedmont), les fourrages (pour le bétail laitier) et l’aviculture. L’expansion de l’agriculture a été stimulée par le développement urbain et industriel, par la proximité relative des grandes métropoles du nord-est, par l’exode rural, qui a permis l’agrandissement des exploitations (seulement 40 ha en moyenne en Caroline du Nord et 58 ha en Caroline du Sud, toutefois, malgré ces changements ; moyenne américaine : 142), et par l’utilisation croissante des engrais.

Les Carolines appartiennent au bloc forestier du Sud-Est ; pins et chênes se prêtent au sciage et à la fabrication du papier. Beaufort-Morehead City (Caroline du Nord) est le quatrième port de pêche des États-Unis (harengs d’Amérique, crevettes).

Les Carolines possédaient quelques manufactures anciennes (tabac) ou plus récentes (filature et tissage du coton), mais l’industrialisation a pris ces dernières années un essor très vigoureux, surtout dans le Piedmont de la Caroline du Nord. De 1950 à 1966, la production d’électricité a quadruplé dans cet État, permettant une certaine dispersion de l’industrie au profit des villes petites et moyennes. Les principales industries actuelles sont celles du tabac (Durham, Winston-Salem), de l’ameublement et de la papeterie (High Point) grâce au bois des Appalaches, du textile (filature et tissage du coton [le Piedmont de la Caroline du Nord est la plus importante région cotonnière des États-Unis] ou bonneterie, confection, rayonne et soie [High Point, Greensboro, Asheville]), de l’électrométallurgie, des aliments (conserves de pêche), de la chimie, du traitement des minéraux locaux (talc, mica, spath-fluor, amiante).

Ce développement industriel a peu profité aux capitales d’État, restées de petites villes, et aux ports de commerce, Charleston et Wilmington, qui n’assurent qu’un trafic modeste, mais a contribué à l’urbanisation du Piedmont de Charlotte (241 000 hab.) et surtout à la formation d’une nébuleuse urbaine dans le Piedmont de Greensboro : le district métropolitain de Greensboro - Winston-Salem - High Point rassemblait 571 000 habitants en 1966. La Caroline du Sud n’a pas connu la même expansion que sa voisine du nord ; elle a moins de ressources naturelles et souffre d’émigration par suite de sa structure sociale (grands propriétaires blancs et minifondiaires noirs). Au contraire, grâce à ses progrès, enregistrés tant dans le domaine agricole que sur le plan industriel, la Caroline du Nord sort du sous-développement de l’Old South (Vieux Sud).

P. B.

Carolingiens

Famille d’origine austrasienne qui, du viiie à la fin du xe s., « dilata » progressivement le Regnum Francorum de son berceau gaulois à l’ensemble des terres italiennes et germaniques : ainsi se constitua un vaste empire carolingien dont l’apogée territoriale coïncida avec le règne de Charlemagne (768-814), mais dont le caractère unitaire ne résista pas à la pratique du partage successoral auquel recoururent ses héritiers.



Les sources

Pour l’essentiel, la trame des événements n’apparaît que dans des chroniques assez succinctes, telle celle de Reginon de Prüm († 915), ou dans des annales officielles, dont les plus célèbres sont les Annales royales (741-829) et les Annales dites d’Éginhard, composées également au temps de Charlemagne et que complètent dans le temps les Annales parallèles, celles de Saint-Bertin et celles de Fulda notamment.

Plus élaborés sont les textes narratifs qui précisent le contenu des documents précédents, éclairant plus particulièrement le temps de Charlemagne et celui de ses héritiers, auxquels Éginhard, Thégan et Nithard consacrent leurs œuvres essentielles : le premier sa Vie de Charlemagne, le deuxième sa Vita Ludovici imperatoris et le troisième son Histoire des fils de Louis le Pieux, dont l’étude doit être abordée en n’oubliant pas que les attitudes politiques de leurs auteurs ont pu influencer leur interprétation des faits ; ainsi Nithard prit parti en faveur de Charles le Chauve dans la querelle de succession qui l’opposa surtout à son frère aîné, l’empereur Lothaire.

Moins suspects de partialité mais d’utilisation plus délicate sont les correspondances publiques et privées (celles d’Alcuin, d’Éginhard, d’Hincmar, de Loup de Ferrières notamment) et les ouvrages qui codifient des usages, tels que le De institutione regia de Jonas d’Orléans et que le De ordine Palatii d’Hincmar de Reims. Il en va de même des sources diplomatiques, qu’elles soient ecclésiastiques (actes des synodes et des conciles, polyptyques des abbayes) ou surtout laïques (capitulaires, diplômes royaux). Ces dernières sources sont d’une valeur exceptionnelle et nous permettent de connaître les institutions politiques, économiques et religieuses.

À ces sources écrites, l’archéologie médiévale apporte d’utiles compléments d’information, en particulier en ce qui concerne la vie économique (trésors monétaires d’Amiens, de Rennes) ou la vie intellectuelle et artistique de l’Empire, surtout au ixe s. (manuscrits, reliures, enluminures, etc.).


Les origines

Richement possessionnée en terres dans la région de Liège (Landen, Herstal, etc.), la famille carolingienne est directement issue de celle des Pippinides, qui entre dans l’histoire près d’un siècle et demi avant que l’un de ses membres accède à la dignité royale.

Profitant des crises de succession qui affaiblissent périodiquement l’autorité des rois mérovingiens, par ailleurs ruinés par leurs trop importantes concessions foncières à leurs fidèles et surtout à l’Église, les Pippinides exercent, en effet, dès le début du viie s., la réalité du pouvoir en Austrasie, dont les rois Clotaire II puis Dagobert Ier confient le gouvernement à Pépin l’Ancien, dit Pépin de Landen. Chef de l’aristocratie austrasienne lors de la chute de Brunehaut en 613, maire du palais d’Austrasie (v. 615-640), celui-ci exerce cette fonction en alternance avec son gendre Ansegisel (v. 634-639), époux de Begga et fils de l’évêque de Metz, saint Arnoul, autre ancêtre des Carolingiens.