Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

caricature (suite)

Toutefois, au début du xxe s., c’est peut-être en Allemagne que la caricature a connu le plus d’originalité, grâce d’une part à des artistes liés au Jugendstil ou à l’expressionnisme, tels Alfred Kubin (1877-1959), héritier dans une certaine mesure du Belge Ensor*, Jules Pascin (1885-1930), George Grosz (1893-1959), d’autre part aux dessinateurs du journal Simplicissimus, Thomas Theodor Heine (1867-1948), Olaf Gulbransson (1873-1958), Pascin lui-même, etc.

Plus tard s’affirme l’art des cartoonists américains, avec à leur tête Saul Steinberg*. Les dessins du New Yorker ont été à l’origine de la revalorisation d’un humour purement graphique, oscillant de l’ironie souriante au tragique burlesque, et qui a influencé, pour ne parler que de la France, des artistes comme André Farkas, dit André François (né en 1915), Moïse Depond, dit Mose (né en 1917), Yvan Le Louarn, dit Chaval (1915-1968).

M. G.

➙ Bande dessinée.

 Champfleury, Histoire de la caricature antique (Dentu, 1865) ; Histoire de la caricature moderne (Dentu, 1865). / A. Alexandre, l’Art du rire et de la caricature (May et Motteroz, 1892). / E. Fuchs, Die Karikatur der europäischen Völker (Berlin, 1902). / C. R. Ashbee, Caricature (New York, 1928). / E. H. J. Gombrich et E. Kris, Caricature (Harmondsworth, 1940). / W. Hofmann, Die Karikatur von Leonardo bis Picasso (Vienne, 1956 ; trad. fr. la Caricature de Vinci à Picasso, Somogy, 1958). / M. Ragon, le Dessin d’humour (A. Fayard, 1960) ; les Maîtres du dessin satirique de 1830 à nos jours (P. Horay, 1972). / La Caricature. Art et manifeste. Du xvie siècle à nos jours (Skira, Genève, 1974).

Carissimi (Giacomo)

Compositeur italien (Marino, Rome, 1605 - Rome 1674).


Il était le dernier des nombreux enfants d’un pauvre tonnelier, Amico, qui transmit à ses descendants le nom de famille de Carissimi, tiré du prénom de son propre père, Carissimo. On ignore où Giacomo commença ses études musicales, mais on sait qu’à l’âge de 18 ans il entra comme chanteur à la chapelle du dôme de Tivoli, où il tint ensuite l’orgue de 1625 à 1627. Après avoir été maître de chapelle à la cathédrale San Rufino d’Assise en 1628 et 1629, il obtint en 1630 la même charge à l’église Sant’Apollinare du Collège germanique de Rome. Dès lors, il n’allait plus quitter cette ville, déclinant même, semble-t-il, l’offre avantageuse que lui fit l’empereur Ferdinand III d’Autriche (et après lui son successeur Léopold Ier) d’entrer à son service à Vienne. Il est vrai que Rome réservait alors le plus chaleureux accueil aux œuvres du musicien, dont la renommée attirait à l’oratoire du Crucifix l’aristocratie cultivée qui fréquentait aussi les concerts du palais Barberini et de l’Académie royale fondée par Christine de Suède. Celle-ci, convertie au catholicisme, avait dès son premier voyage en Italie (1655-56) honoré le compositeur des insignes académiques et assisté à l’exécution de son Historia di Abramo e Isacco. Ainsi, entouré d’honneurs et d’admiration, Carissimi partagea sa paisible existence entre ses devoirs de professeur et la composition des nombreuses œuvres qui lui étaient commandées par la confrérie du Crucifix. C’est dans ses appartements du Collège germanique qu’il s’éteignit le 12 janvier 1674, et il fut enterré dans l’église Sant’Apollinare après des obsèques solennelles célébrées par ses élèves.

Parmi les compositeurs de l’école romaine du xviie s., Carissimi se détache par l’ampleur aussi bien que par la qualité de son œuvre, et ses contemporains ne se sont pas trompés en lui assignant le premier rang. Cependant, malgré la grande renommée qu’il avait acquise de son vivant, cette œuvre est restée jusqu’à nos jours pour la plus grande partie inconnue. Sans doute faut-il incriminer l’interdiction papale d’imprimer les musiques du Collège germanique et aussi la dispersion des archives de Sant’Apollinare, qui a entraîné la perte des manuscrits autographes de Carissimi, lors de la suppression de la Compagnie de Jésus en 1773. Toujours est-il que la plupart de ses compositions ne nous sont parvenues que grâce à des copies, destinées à l’exécution, faites par ses élèves et ses admirateurs, dont les manuscrits sont maintenant dispersés dans de nombreuses bibliothèques italiennes ou étrangères.

Bien que son œuvre profane soit loin d’être négligeable, avec 227 cantates sur texte italien (quelques-unes en français), c’est surtout dans le domaine de la musique sacrée que Carissimi s’est illustré, avec 8 messes de 3 à 12 voix et basse continue, 35 oratorios ou histoires sacrées de 1 à 12 voix et basse continue, et 172 motets de 1 à 8 voix et basse continue. De cette production massive, la postérité a retenu au premier chef les oratorios, genre dont on a coutume de lui attribuer la paternité. C’est lui en tout cas qui a le premier « sécularisé » l’oratorio musical sur texte latin tiré des Écritures en y introduisant toutes les ressources alors acquises par la musique de théâtre et la musique de chambre, sans pour cela diminuer la ferveur du sentiment religieux. Il rejoignait ainsi les buts des Jésuites, qui désiraient, grâce au concours de l’art, rendre le culte plus accessible aux fidèles et constituer un répertoire spirituel nouveau dans l’esprit de la Contre-Réforme. Par la force expressive de sa musique, Carissimi a su animer les textes bibliques et faire de ses oratorios de véritables drames où le récitant (historicus) expose les événements, tandis que les protagonistes, personnifiés chacun par un chanteur, vivent le drame, et que le chœur exprime éventuellement le sentiment collectif. Rompant délibérément avec la polyphonie palestinienne, Carissimi pratique avec habileté le style du récitatif et de l’air à voix seule, avec le seul soutien de la basse continue, atteignant toujours par les moyens les plus simples à une extraordinaire vérité de la déclamation musicale. L’orchestre, lorsqu’il existe, est le plus souvent réduit à 2 violons, mais sans doute la basse continue était-elle aussi réalisée par les instruments, l’improvisation venant ainsi enrichir l’harmonie, mais sans jamais troubler la compréhension des paroles ni distraire l’auditeur de l’émotion qui s’en dégage.