Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cardiologie (suite)

Les grands noms de la cardiologie


Alfred Blalock,

chirurgien américain (Culloden, Géorgie, 1899). Il a réalisé les premières interventions chirurgicales sur les cardiopathies congénitales. Il fut directeur des services de chirurgie de l’université Johns Hopkins (Baltimore). Avec Helen Brooke Taussig, chirurgienne américaine (Cambridge, Massachusetts, 1898), il traita dès 1944 la sténose de l’orifice pulmonaire de la tétralogie de Fallot par une anastomose entre l’artère sous-clavière et l’artère pulmonaire, ouvrant par une action sur les vaisseaux la voie à la chirurgie cardiaque proprement dite.


Jean Bouillaud,

v. rhumatisme.


Auguste Chauveau,

vétérinaire et physiologiste français (Villeneuve-la-Guyard, Yonne, 1827 - Paris 1917). Il fut directeur de l’école vétérinaire de Lyon (1875), professeur à la faculté de médecine de Lyon (1877) et au Muséum d’histoire naturelle (1886). Il est, avec Marey, le créateur du cathétérisme cardiaque, moyen d’exploration des pressions dans les oreillettes et les ventricules.


André Cournand,

médecin américain d’origine française (Paris 1895). Fixé aux États-Unis (Rockefeller Institute, New York), il a mis au point la mesure des pressions intracardiaques par cathétérisme, utilisée en 1905 par Chauveau sur l’animal et que Werner Forssmann avait, jeune médecin, osé réaliser sur lui-même en 1929. A. Cournand a ouvert ainsi de nouvelles voies à la physiologie cardiaque et décrit l’insuffisance ventriculaire droite. Il a reçu avec Forssmann et D. W. Richards le prix Nobel de médecine en 1956.


Willem Einthoven,

v. électrocardiogramme.


William Harvey,

v. circulation.


William Heberden,

médecin anglais (Londres 1710 - id. 1801). Il fit une description magistrale de la douleur de l’angine de poitrine devant la Royal Society de Londres. On lui doit également la description des déformations des doigts au cours des rhumatismes chroniques (nodosités d’Heberden).


Charles Laubry,

médecin français (Saint-Florentin 1872 - Flogny, Yonne, 1960). Il poursuivit l’étude clinique des affections du cœur par l’auscultation, donnant notamment une description et une interprétation des bruits de galop. Perfectionnant le sphygmomanomètre de son maître Vaquez, il étudia l’hypertension artérielle et ses conséquences, et démontra définitivement le rôle prépondérant des coronaires dans la douleur des angines de poitrine. Il fut le premier titulaire, en 1936, de la chaire de cardiologie de Paris. (Acad. des sc., 1945.)


Jean Lenègre,

cardiologue français (Paris 1904 - id. 1972). Il a précisé les données électrocardiographiques et le traitement des affections coronariennes et de l’infarctus du myocarde. Il a insisté sur les facteurs de risques (hypertension, obésité, tabac).


Étienne Jules Marey,

médecin et physiologiste français (Beaune 1830 - Paris 1904). Professeur au Collège de France (1867), il a grandement contribué à l’étude de la physiologie cardiaque par la transmission pneumatique des impulsions et leur enregistrement graphique sur papier. Cette transmission lui a permis de réaliser, avec Chauveau, la mesure et l’enregistrement des pressions intracardiaques par cathétérisme. On lui doit également la chronophotographie, d’où dérive le cinéma*.


Egas Moniz,

médecin portugais (Avanca, Estarreja, 1874 - Lisbonne 1955). Titulaire de la chaire de neurologie à l’université de Lisbonne, il fut le premier à pratiquer l’artériographie. Neurologue, il s’en tint à l’étude des artères du cerveau, mais la voie était ouverte à toutes les autres artériographies et à l’angiocardiographie. Il obtint le prix Nobel de médecine en 1949 pour un autre apport, strictement neurologique, la leucotomie (v. neurochirurgie). Député et ministre du Portugal à Madrid en 1917, il présida la délégation portugaise à la Conférence de la paix (1918).


Jean-Baptiste Sénac,

médecin français (près de Lombez 1693 - Paris 1770). Il fut médecin du maréchal de Saxe puis premier médecin de Louis XV (1752). On lui doit un Traité de cardiologie qui peut être considéré comme le premier consacré à cette discipline. (Acad. des sc., 1723.)


Pierre Soulié,

cardiologue français (Montpellier 1903 - Neuilly-sur-Seine 1970). Il a contribué à l’exploration (micromanomètre) et à la préparation du traitement chirurgical des cardiopathies congénitales.


Henri Vaquez,

médecin français (Paris 1860 - id. 1936). Médecin des hôpitaux de Paris, professeur de clinique thérapeutique à la Faculté, il imagina le sphygmomanomètre permettant la mesure de la pression artérielle sans introduction d’une sonde dans l’artère. Il fit des travaux sur l’hypertension artérielle, les arythmies et décrivit la polyglobulie (augmentation du nombre des globules rouges), dite « maladie de Vaquez ».

Carducci (Giosuè)

Poète italien (Valdicastello 1835 - Bologne 1907).


Premier prix Nobel italien (1906), chantre de la « Nouvelle Italie » issue du Risorgimento, Carducci est passé à la postérité comme une institution nationale. De son vivant déjà, sa poésie était citée en exemple à des fins moins rhétoriques ou littéraires que morales et politiques. Cette image officielle ne rend compte en fait que du personnage de Carducci vieillissant, et méconnaît une œuvre dont la complexité est le signe même de son ouverture aux contradictions politico-culturelles de la « Nouvelle Italie ».

Élevé dans le culte de Manzoni et des premières luttes héroïques du Risorgimento, il devint ensuite un des adversaires les plus acharnés du gouvernement et des institutions qui avaient réalisé l’unité italienne au nom d’un jacobinisme teinté d’anarchisme libertaire, avant de se rallier à la monarchie libérale, qui le fit sénateur (1890) et dont il célébra les projets d’expansion coloniale. Professeur (il enseigna quarante-quatre ans à l’université de Bologne) et humaniste classique, il n’hésita pas à se mêler à la vie et aux luttes politiques, de Bologne d’abord, puis de l’Italie. Mais ce poète « civil » et officiel est aussi l’auteur d’écrits intimes d’une grande sensibilité (Confessioni e battaglie, 1882-1884), et sa correspondance, publiée organiquement à partir de 1938, révèle un amant délicat et passionné que ses familiers eux-mêmes furent loin de soupçonner. Son œuvre, modèle de classicisme formel et de noblesse morale, traditionnellement opposée (souvent de façon intéressée) à celle de ses contemporains « décadents » D’Annunzio et Pascoli, présente de nombreuses traces d’une inquiétude psychologique typiquement moderne, et, s’il fut l’ennemi déclaré du roman, Carducci a porté des jugements d’une grande sagacité sur les principaux poètes de son temps. Créateur d’un mythe héroïco-bucolique de la Toscane qui lui inspira quelques-uns de ses poèmes les plus justement célèbres (Idillio maremmano, Davanti San Guido) et les Risorse di San Miniato, Carducci n’en fut pas moins un assidu lecteur, et traducteur, de poésie anglaise, espagnole, portugaise, allemande (Heine, August von Platen, Goethe), française (Chénier, Hugo, puis Baudelaire), ainsi que d’historiens, critiques ou théoriciens français (Michelet, Quinet, Blanc, Proudhon, Taine, Sainte-Beuve). Enfin, l’inspiration le plus souvent historico-politique et les préoccupations morales de sa poésie ne doivent pas faire oublier les constantes recherches formelles de Carducci ni le culte de la perfection plastique, qui l’apparente aux parnassiens.