Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Abeille (suite)

Abeilles inférieures

Andrène (Abeille des sables), au nid souterrain, très simple.

Nomade, Abeille parasite, pondant dans le nid d’autres Abeilles ; ses larves se nourrissant des provisions accumulées par l’hôte.

Collète, Abeille solitaire, qui établit son nid dans les sols meubles.

Halicte, Abeille à nid souterrain, dont les provisions sont uniquement constituées de pollen. Certaines espèces (Halictus marginatus, H. malachurus) sont sociales.


Reproduction et développement

La reine vient de quitter la ruche avec l’essaim, laissant orphelines quelques dizaines de milliers d’ouvrières ; situation provisoire, car, dans des alvéoles spéciaux, des adultes sexués, mâles et femelles, s’apprêtent à éclore. Dès qu’une jeune reine apparaît, elle tue les larves ou les nymphes d’autres reines dans leurs cellules ; si deux reines éclosent en même temps, elles se livrent un combat qui se termine par la mort de l’une d’elles ; ainsi se trouve assurée la monogynie (situation des sociétés d’insectes comprenant une seule femelle féconde).

Quelque temps après, la reine quitte la ruche, accompagnée par les faux bourdons ; c’est le vol nuptial, après lequel elle ne sortira plus de la ruche, du moins jusqu’au prochain essaimage. On a longtemps cru qu’au cours de ce vol un seul mâle fécondait la reine. On sait maintenant que celle-ci subit plusieurs fécondations : les spermatozoïdes sont conservés dans un réceptacle de son appareil génital, la spermathèque. La reine peut vivre cinq ans ; il semble qu’elle puisse accomplir plus d’un vol nuptial au cours de son existence.

C’est au moment de la ponte des œufs que le sexe est déterminé. Les œufs fécondés donneront des femelles, les œufs non fécondés des mâles. Le sexe, a-t-on dit, est à la disposition de la mère. En fait, l’âge de la reine intervient : elle ne pond des œufs parthénogénétiques qu’à son onzième mois ; des stimuli tactiles doivent aussi agir, la renseignant sur les dimensions des alvéoles, si bien que seuls ceux de taille moyenne recevront des œufs non fécondés. Chez les reines âgées, la réserve de spermatozoïdes peut être épuisée et, si une nouvelle fécondation n’est pas possible, tous les œufs donneront des mâles. C’est l’origine des « ruches bourdonneuses » improductives, que redoutent les apiculteurs et dont ils empêchent l’apparition en supprimant les reines âgées de plus de trois ans ; nous verrons plus loin comment, dans ces conditions, les ouvrières pourvoient au remplacement de la reine.

De l’œuf à l’imago, tout le développement de l’Abeille se déroule dans des alvéoles de cire, par métamorphoses complètes. La température constante qui règne dans la ruche permet au développement de s’accomplir en un temps défini : 15 jours pour une reine, 21 pour une ouvrière, 24 pour un mâle.

Suivons les étapes qui mènent à l’éclosion d’une ouvrière : un œuf fécondé a été pondu au fond d’un alvéole normal, c’est-à-dire de petite taille ; deux jours après, il en sort une larve blanche, annelée, apode, sorte de vermisseau fragile et vorace ; les nourricières lui apportent un peu de gelée royale pendant les trois jours suivants ; la larve grossit rapidement en subissant quatre mues ; son poids atteint 500 fois celui de l’œuf, et elle emplit maintenant tout l’alvéole, que les ouvrières ferment par un opercule de cire ; devenue prénymphe, elle s’isole des parois en sécrétant un cocon de soie et, par une nouvelle mue, devient nymphe. Vingt jours après la ponte, la nymphe mue en donnant un adulte qui, le lendemain, crève l’opercule, se dégage de l’alvéole et entre immédiatement en activité.

Lorsque la reine dépose un œuf fécondé dans une cellule de grande taille (alvéole royal), les phénomènes sont les mêmes, mais se déroulent à un rythme plus rapide, en particulier la nymphose. La différence essentielle réside dans la nourriture que reçoit la larve : uniquement de la gelée royale. Le développement « normal » de l’appareil génital est alors assuré, faisant apparaître une femelle féconde.

On comprend donc comment les ouvrières accidentellement privées de reine peuvent compenser cette perte qui entraînerait la disparition de la société : elles détruisent quelques cellules qui entourent de jeunes larves destinées à devenir ouvrières, placent les larves ainsi dans des alvéoles de grande taille et, au lieu de les sevrer au bout de trois jours, continuent à les alimenter de gelée royale ; de jeunes reines apparaissent alors ; pour que l’opération soit couronnée de succès, il faudra évidemment qu’elles puissent être fécondées, c’est-à-dire que l’éclosion se produise de mai à octobre, lorsqu’il y a des mâles dans la ruche.


L’essaimage

Au cours du printemps, la population de la ruche augmente régulièrement ; l’abondance des fleurs permet une ample récolte de nourriture, et la natalité l’emporte sur la mortalité ; la ruche est bientôt surpeuplée.

En mai, des cellules royales sont édifiées et reçoivent des œufs destinés à devenir des adultes féconds. Une activité frénétique inhabituelle règne dans la ruche, élevant la température jusqu’à 40 °C. Les ouvrières se gorgent de miel, puis, par une belle matinée, la reine sort avec la moitié de la population. On ignore encore ce qui détermine le clivage de la société, entre celles qui partent et celles qui restent.

À quelque distance, la reine se pose sur une branche et l’ensemble des ouvrières se suspend avec elle, formant l’essaim, grappe grouillante, mais où les insectes ont perdu momentanément le réflexe défensif de piqûre ; c’est ce qui explique que la cueillette de l’essaim offre peu de dangers et que l’homme ait pu domestiquer l’abeille.

Si l’essaim est laissé à lui-même, au bout de quelques heures ou de quelques jours il quitte l’endroit où il s’est posé, gagne un lieu abrité, par exemple un arbre creux, et s’y installe. La découverte d’un endroit propice a été faite par des ouvrières envoyées en éclaireuses dans différentes directions, tandis que l’essaim était posé ; en revenant près de lui, elles indiquent par une certaine manière de voler le résultat de leur recherche ; d’après les renseignements ainsi fournis, il semble que la reine opte pour l’un des abris et y entraîne l’essaim.