Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cancer (suite)

Ses résultats sont fonction des difficultés d’approche, de l’extension et du stade. Ainsi, si dans les tumeurs du sein un bilan a pu être fait, il n’en est souvent pas de même en ce qui concerne le cancer de l’estomac, du pancréas ou du côlon. Des métastases péritonéales, une infiltration diffuse atteignant les éléments voisins et rendant toute dissection impossible au milieu d’un tissu remanié contraignent le plus souvent à une simple laparotomie exploratrice.


La radiothérapie

Elle peut compléter la chirurgie soit en préopératoire, soit en postopératoire, ou se faire seule. Elle se fait en principe à des périodes bien déterminées. Elle utilise surtout les rayons X ou des rayonnements γ (cobaltothérapie) et des rayonnements β (bêtatron). On peut rattacher la curiethérapie* à la radiothérapie.

Un calcul rigoureux des doses à administrer sera fait, évaluées en rads-tumeur, la dose administrée devant l’être en un temps donné, ni trop court ni trop étalé.

D’importants progrès ont été réalisés dans ce domaine en ce qui concerne la maladie de Hodgkin, où la radiothérapie est complétée par une chimiothérapie. Ici, la cobaltothérapie par grands champs avec irradiation préventive des territoires adjacents réalise un apport considérable. Dans le cancer du sein, l’irradiation est le plus souvent faite en période postopératoire pour compléter l’action de la chirurgie s’il y a un envahissement ganglionnaire. Dans les cancers des voies respiratoires supérieures, une association cobaltothérapie - chimiothérapie a été faite dans les tumeurs inaccessibles à la chirurgie. Dans les cancers du col de l’utérus, la curiethérapie* reste la méthode de choix, la radiothérapie pouvant être également utilisée en cas de métastases osseuses, où elle joue un rôle antalgique sur l’éventuel facteur douloureux.


La chimiothérapie

Selon les voies de leur découverte, leur origine, les modes de leur action, leurs indications, plusieurs classements des chimiothérapies anticancéreuses peuvent être proposés.

• Voies de la découverte. Trois classes peuvent être distinguées selon que la découverte est purement fortuite, liée à la connaissance des propriétés de certaines substances ou vraiment dirigée, inspirée par une hypothèse préalable.

La liste est longue des découvertes fortuites. La podophylline est employée par la médecine traditionnelle chinoise depuis plusieurs milliers d’années. L’uréthanne, modeste narcotique des animaux de laboratoire, devient, en 1946, un médicament antileucémique. Le pouvoir cytotoxique des Moutardes azotées est reconnu en 1942 par une enquête américaine qui étudiait les effets biologiques des gaz de combat. La Pervenche, que les paysannes du Québec donnaient en tisane aux diabétiques, se voit, au cours des contrôles, refuser ce pouvoir antidiabétique, mais reconnaître une action leucocytolytique. Et la double passion d’un savant de Floride, biochimiste éminent et pêcheur d’Éponges, permet d’isoler d’une Éponge la cytosine-arabinoside.

Moins nombreux déjà sont les médicaments proposés en raison de leurs propriétés mêmes. Telles les hormones hypophysaires et surrénales, à la suite de la connaissance des effets qu’elles exercent sur les tissus lymphoïdes. Tels encore les antibiotiques, supposés capables d’entraver la croissance cellulaire comme ils entravent la croissance bactérienne.

Plus rares encore sont les produits dont l’essai a été déduit d’une hypothèse rationnelle préalable. L’exemple le plus remarquable, celui des antimétabolites, fondé sur deux notions, celle d’analogues-antagonistes et celle de l’effet de l’acide folique sur les tumeurs, est suscité par la confrontation de ces deux données : certaines vitamines, certains facteurs de croissance accélèrent le développement des tumeurs. L’antivitamine que l’on prépare est analogue par sa structure à la vitamine correspondante, n’en différant que par une infime modification, mais elle est opposée par son action.

• Origine des médicaments chimiothérapiques. Les uns sont naturels, les autres produits par synthèse. Par un curieux retour, alors que la voie des synthèses paraissait la plus féconde, c’est du côté des substances naturelles que sont venus, en ces dernières années, les progrès les plus remarquables.

Substances naturelles. Excepté quelques produits minéraux un peu désuets (arsenic, antimoine) et de très rares produits d’origine animale, les substances naturelles sont presque toutes végétales, extraites soit des Plantes, soit des Champignons.

Ouverte empiriquement par l’emploi de la podophylle, l’histoire des chimiothérapies anticancéreuses commence scientifiquement avec les remarquables travaux de Dustin, reconnaissant l’action cytotoxique de la colchicine et le mécanisme de cette action, et se poursuit avec les déceptions que provoquera le plus souvent l’emploi en thérapeutique des dérivés de la colchicine.

L’étude récente des alcaloïdes de la Pervenche devait renouveler l’intérêt longtemps languissant porté aux substances extraites des plantes et conduire à la préparation de plusieurs médicaments de premier rang.

Parmi les substances d’origine fongique, on retiendra :
— les actinomycines, dont les indications sont limitées mais qui sont très efficaces dans certains cas précis, et qui sont devenues de remarquables outils de la biologie moléculaire ;
— la mitomycine japonaise, qui n’a pas tout à fait confirmé les espoirs initialement mis en elle ;
— la rufocromomycine française, utile médicament de certains sarcomes ;
— la rubidomycine française, identique à la daunomycine italienne, très active contre les leucémies, peu active contre les épithéliomas.

Produits de synthèse. Les produits de synthèse sont extrêmement nombreux et divers. Chaque année, dans certains centres, plusieurs milliers de ces produits sont passés au crible. Quelques centaines sont étudiés très complètement chez l’animal, quelques-uns seulement chez l’Homme.

On distinguera :
— des substances simples, telles que l’uréthanne, l’hydroxyurée, la Moutarde à l’azote, la méthyl-hydrazine ;
— des substances plus complexes, dérivées des précédentes, cyclophosphamide, melphalan, chlorambucil, mannomustine ;
— des substances très complexes, cytosine-arabinoside, méthyl-glyoxal bis-guanyl-hydrazone, 5-fluoro-uracile.

• Mode d’action. Notre connaissance du mode d’action des médicaments anticancéreux est à la fois imparfaite et inégale. Pour certains d’entre eux, l’analyse a pu être poussée jusqu’à l’échelle moléculaire. Pour d’autres, elle est demeurée grossière. Pour d’autres enfin, elle n’a pas donné de résultats nets.