Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cancer (suite)

• Cancérigènes physiques.
— a) La chaleur. On connaît chez l’Homme le rôle de l’absorption de boissons très chaudes dans le cancer de l’œsophage, ainsi que l’éventuelle cancérisation de brûlures cutanées.
— b) Les contusions. Elles ne sont pas responsables de l’apparition d’un cancer, mais peuvent être le facteur révélateur.
— c) Les lésions irritatives chroniques.
— d) Les rayons ultraviolets, qui semblent un facteur favorisant certaines tumeurs cutanées.
— e) Les radiations ionisantes.

Il est apparu, au début de l’utilisation des rayons X, des radiodermites dont la transformation maligne était possible ; la peau n’est d’ailleurs pas seule en cause, les os pouvant aussi être touchés, et on a décrit également des leucémies. Les radio-isotopes pourraient aussi provoquer des cancers, la radiumthérapie également.

Après Hiroshima, la fréquence des leucémies augmenta nettement chez les sujets exposés. Il s’agissait surtout de leucémies aiguës myéloblastiques. Les risques pour le fœtus sont loin d’être négligeables si l’on fait une radioscopie du bassin à une femme enceinte.

• Cancérigènes chimiques. On peut grouper les plus connus dans le tableau suivant :

• Les virus. L’expérimentation animale a montré que les virus pouvaient être un des facteurs déterminants du cancer. C’est pourquoi l’on s’attache à les rechercher dans les cellules cancéreuses humaines.

Un virus est un agent infectieux particulier par le fait qu’il ne possède qu’un seul acide nucléique ARN ou ADN, qu’il ne se divise pas mais se reproduit à partir de son seul matériel génétique, et ce uniquement dans la cellule qu’il a infectée. La particule virale est formée de deux molécules : l’une interne, l’acide nucléique ; l’autre externe, la protéine virale, ou capside. C’est le virus le plus simple. D’autres sont plus importants ; la capside est alors entourée d’une enveloppe ; c’est le cas en particulier des virus oncogènes, c’est-à-dire des virus qui engendrent des tumeurs.

Les virus sont des parasites intracellulaires stricts, car, ne possédant pas d’enzymes ni d’énergie propre, il leur est nécessaire d’emprunter celles de la cellule où ils se trouvent pour synthétiser leurs propres constituants.

L’action tumorale de certains virus a pu être démontrée in vitro dans des cultures de tissus. En effet, si l’on introduit un virion oncogène dans les cultures de tissu d’animal normal, une transformation maligne va se produire. Celle-ci est facilement visible, car pour les cellules normales existe une inhibition de contact, si bien que, lorsque deux cellules normales se touchent, elles cessent de se multiplier. Au contraire, les cellules tumorales vont croître, se diviser et former des amas cellulaires. D’autre part, elles produisent des protéines dotées de propriétés antigéniques spécifiques et suscitant, lorsqu’elles sont injectées, la formation d’anticorps.

L’étude du virus SV 40, parasite fréquent du Singe, a permis d’individualiser deux types de cellules hôtes en culture : celles qui sont tuées par le virus (cellules permissives) et celles qui se multiplient et deviennent cancéreuses, mais ne produisent pas de virion.

Si l’on met en culture des cellules rénales de Singe avec le virus SV 40, qui est un petit virus ADN proche du virus du papillome, on observe la lyse de cellules : ce sont ces cellules qui sont permissives, car elles permettent la multiplication du virus. Il en va tout autrement s’il s’agit de cultures de cellules de Hamster ou de Souris qui, sous l’action du SV 40, vont se « transformer », la preuve de ce fait étant attestée par les caractéristiques du tissu tumoral in vitro et par ses propriétés antigéniques. Il n’y a pas alors formation de virions, mais les cellules transformées conservent la totalité du génome viral, dont tous les gènes ne s’expriment pas. C’est donc ici qu’interviennent les phénomènes d’induction et de répression dont les mécanismes exacts ne sont pas encore connus.

D’autres virus oncogènes sont décrits chez l’animal.
— Le virus polyome, proche du SV 40, déclenche chez certaines souches de Souris des tumeurs parotidiennes et, en culture, se comporte comme le SV 40, soit en lysant les cellules, soit en les transformant ; l’injection d’extraits tissulaires transformés à des animaux isologues peut constituer des tumeurs. De nombreuses variétés de tumeurs peuvent être reproduites par passages successifs en culture à partir de virus, d’où son nom de polyome. Le virus du carcinome mammaire de la Souris est retrouvé dans le lait des souches à haute incidence de cancers. Mais, ici, on a pu démontrer que le rôle unique n’était pas dévolu au virus, mais que deux autres facteurs intervenaient : un facteur génétique (en effet, la démonstration de l’action du lait a pu être faite en nourrissant les souriceaux avec du lait provenant de souches à basse incidence, ceux-ci restant alors indemnes ; si l’on donne aux souriceaux de souches à basse incidence du lait contenant le virus, seulement un petit nombre de femelles sont atteintes ; pour que 90 p. 100 des Souris aient un carcinome mammaire, il faut à la fois la présence du virus et d’un facteur génétique) ; un facteur hormonal (les mâles, bien que de souches à haute incidence, ne sont atteints que si on leur injecte de la folliculine).
— Le virus du fibrome infectieux du Lapin provoque une tumeur bénigne qui reste localisée et n’acquiert un potentiel malin qu’après action d’agents cancérigènes physiques ou chimiques.
— Le premier virus leucémique a été décrit en 1908 chez la Poule. Il s’agit de virus à ARN dont la transmission se fait par l’œuf (transmission verticale) ; la transmission par contact est exceptionnelle. Chez la Souris, on a également pu isoler des virus responsables. Toutes les souches doivent posséder le matériel génétique viral, celui-ci s’exprimant différemment en fonction d’agents extérieurs.

Des constatations faites chez l’animal, on a tiré des enseignements en ce qui concerne les tumeurs malignes humaines, d’autant qu’il existe de nombreuses analogies. C’est pourquoi on s’est particulièrement tourné ces dernières années vers la recherche de particules virales chez l’Homme.