Campanie romaine (suite)
Les « styles » de la peinture romaine
Traditionnel depuis l’ouvrage fondamental d’August Mau, le terme de style est en fait impropre. Il s’agit de conceptions du décor pariétal.
Le Ier style, qui règne en Campanie au iie s. av. J.-C., est entièrement emprunté au monde grec. On le trouve par exemple à Délos. Il consiste à imiter sur le mur, à l’aide de stuc peint, des placages de marbres précieux en plusieurs zones superposées ; parfois on suggère, en haut, une ouverture fictive sur le ciel.
Le IIe style, qui apparaît à Pompéi avec les colons de Sulla, vers 80 av. J.-C., est probablement d’origine italienne. Son principe consiste à suggérer par des architectures en trompe l’œil (colonnes, édicules...) l’existence d’un espace fictif en avant et surtout en arrière du plan de la paroi ; cet espace arrière appartient à un monde imaginaire, celui du théâtre selon l’opinion la plus répandue, celui des morts à notre avis. Les exemples les plus caractéristiques du IIe style nous sont donnés à Pompéi par la célèbre villa des Mystères et par la villa du Labyrinthe (v. 50 av. J.-C.), à Boscoreale par la maison de Fannius Synistor.
Cette tendance fantastique soulève de fortes oppositions chez les gens d’esprit classique et rationnel, dont Vitruve se fait l’interprète. Elle est déjà en régression dans la dernière phase du IIe style, et disparaît tout à fait avec le IIIe, qui s’impose vers 15 av. J.-C. Les échappées derrière la paroi disparaissent, la surface du mur est divisée régulièrement en panneaux qui encadrent la reproduction d’un tableau grec à sujet mythologique, occupant la place d’honneur. L’élément naturaliste prend de plus en plus d’importance à mesure qu’on approche du milieu du ier s.
La tendance fantastique reparaît sous le règne de Néron avec le IVe style, le mieux représenté à Pompéi. Les œuvres les plus caractéristiques évoquent une scène de théâtre avec des acteurs sortant du fond (maison de Pinarius Cerealis). Une autre manière, représentée dans la maison des Vettii et surtout dans celle de Loreius Tiburtinus, limite les échappées aux intervalles séparant des panneaux unis, au centre desquels se détache une figure. L’originalité créatrice de la peinture pariétale romaine est déjà en régression, d’ailleurs, lors de la destruction de Pompéi ; elle achèvera de mourir au iie s.
G. Ch. P.
➙ Pompéi / Romain (art).
A. Mau, Geschichte der dekorativen Wandmalerei in Pampeji (Berlin, 1882). / A. Maiuri, Pompéi (Rome, 1931 ; 8e éd., 1956) ; Ercolano (Rome, 1938 ; 4e éd., 1954) ; la Peinture romaine (Skira, Genève, 1953) ; Capri (Rome, 1956). / J. Heurgon, Recherches sur l’histoire, la religion et la civilisation de Capoue préromaine (E. de Boccard, 1945). / V. Spinazzola, Pompei alla luce degli scavi nuovi di Via dell’Abbondanza (Rome, 1953). / R. Étienne, la Vie quotidienne à Pompéi (Hachette, 1966).