Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Campanie romaine (suite)

Les « styles » de la peinture romaine

Traditionnel depuis l’ouvrage fondamental d’August Mau, le terme de style est en fait impropre. Il s’agit de conceptions du décor pariétal.

Le Ier style, qui règne en Campanie au iie s. av. J.-C., est entièrement emprunté au monde grec. On le trouve par exemple à Délos. Il consiste à imiter sur le mur, à l’aide de stuc peint, des placages de marbres précieux en plusieurs zones superposées ; parfois on suggère, en haut, une ouverture fictive sur le ciel.

Le IIe style, qui apparaît à Pompéi avec les colons de Sulla, vers 80 av. J.-C., est probablement d’origine italienne. Son principe consiste à suggérer par des architectures en trompe l’œil (colonnes, édicules...) l’existence d’un espace fictif en avant et surtout en arrière du plan de la paroi ; cet espace arrière appartient à un monde imaginaire, celui du théâtre selon l’opinion la plus répandue, celui des morts à notre avis. Les exemples les plus caractéristiques du IIe style nous sont donnés à Pompéi par la célèbre villa des Mystères et par la villa du Labyrinthe (v. 50 av. J.-C.), à Boscoreale par la maison de Fannius Synistor.

Cette tendance fantastique soulève de fortes oppositions chez les gens d’esprit classique et rationnel, dont Vitruve se fait l’interprète. Elle est déjà en régression dans la dernière phase du IIe style, et disparaît tout à fait avec le IIIe, qui s’impose vers 15 av. J.-C. Les échappées derrière la paroi disparaissent, la surface du mur est divisée régulièrement en panneaux qui encadrent la reproduction d’un tableau grec à sujet mythologique, occupant la place d’honneur. L’élément naturaliste prend de plus en plus d’importance à mesure qu’on approche du milieu du ier s.

La tendance fantastique reparaît sous le règne de Néron avec le IVe style, le mieux représenté à Pompéi. Les œuvres les plus caractéristiques évoquent une scène de théâtre avec des acteurs sortant du fond (maison de Pinarius Cerealis). Une autre manière, représentée dans la maison des Vettii et surtout dans celle de Loreius Tiburtinus, limite les échappées aux intervalles séparant des panneaux unis, au centre desquels se détache une figure. L’originalité créatrice de la peinture pariétale romaine est déjà en régression, d’ailleurs, lors de la destruction de Pompéi ; elle achèvera de mourir au iie s.

G. Ch. P.

➙ Pompéi / Romain (art).

 A. Mau, Geschichte der dekorativen Wandmalerei in Pampeji (Berlin, 1882). / A. Maiuri, Pompéi (Rome, 1931 ; 8e éd., 1956) ; Ercolano (Rome, 1938 ; 4e éd., 1954) ; la Peinture romaine (Skira, Genève, 1953) ; Capri (Rome, 1956). / J. Heurgon, Recherches sur l’histoire, la religion et la civilisation de Capoue préromaine (E. de Boccard, 1945). / V. Spinazzola, Pompei alla luce degli scavi nuovi di Via dell’Abbondanza (Rome, 1953). / R. Étienne, la Vie quotidienne à Pompéi (Hachette, 1966).

Campanulales

Ordre de plantes dicotylédones dont la corolle est en forme de cloche.


Certains auteurs font entrer la famille des Campanulacées dans un ordre très vaste (Synanthérales) comprenant en particulier la famille des Composées ; d’autres, dont nous suivrons ici la classification, introduisent dans l’ordre des Campanulales seulement les familles des Campanulacées (à fleurs régulières) et des Lobéliacées (fleurs à deux lèvres).


Campanulacées

La famille des Campanulacées (1 000 espèces, 50 genres ; en France, 6 genres et 46 espèces) est surtout composée de plantes herbacées, à feuilles habituellement simples et alternes. Les fleurs, du type 5 et régulières, réunies en cymes ou en grappes plus ou moins lâches et même en capitules, portent des sépales ordinairement libres presque jusqu’à la base ; les pétales sont soudés en forme de cloche, et les étamines sont libres. L’ovaire, adhérent, est composé suivant les genres de 5, 3 ou même seulement 2 carpelles à nombreux ovules. Quoique relativement homogène, cette famille montre, dans certains genres, une évolution vers les Composées, et l’on peut par exemple passer chez les Campanules d’inflorescences lâches (épis de cymes) à des pseudo-capitules ; les capitules existent vraiment dans les genres voisins : Phyteuma et Jasione. Des recherches sérologiques ont permis de rapprocher Campanulacées et Cucurbitacées et de confirmer leurs affinités avec les Synanthérées. De nombreuses études caryologiques ont également été faites sur cette famille, en particulier par Guinochet sur l’espèce polymorphe Campanula rotundifolia.

Comme genres particuliers, on trouve, outre les Campanules (250 espèces), qui vivent surtout dans l’hémisphère boréal des deux Mondes : Phyteuma (Europe et Asie tempérée), avec 40 espèces ; Wahlenbergia (100 espèces), avec localisation surtout dans l’hémisphère Sud ; Jasione (15 espèces), principalement sur le pourtour méditerranéen. En France, 6 genres sont endémiques : les Campanules (25 espèces) ; Wahlenbergia (2) ; Trachelium (1) ; Specularia (5) ; Phyteuma (10) et Jasione (3). De très nombreuses espèces de Campanules sont cultivées comme plantes ornementales ; leur diversité écologique (plantes de rocailles sèches, calcaires et chaudes ou au contraire plantes de sols humides, siliceux), la variété de leur taille (petites plantes de haute montagne ou au contraire grandes herbes des stations de plaines) et la diversité de leur inflorescence leur donnent une grande facilité d’emploi ornemental.


Lobéliacées

Cette famille (500 espèces, 12 genres), très proche de la précédente, au point même que certains auteurs la considèrent comme une sous-famille, est caractérisée par sa corolle zygomorphe à deux lèvres (symétrie bilatérale) et ses étamines soudées. Ses différents représentants sont souvent localisés dans les régions tropicales de l’hémisphère Sud ; deux genres (Lobelia et Laurentia) et quatre espèces seulement sont présents en France. Les Lobelias, qui forment le genre le plus important de cette famille (plus de 300 espèces), sont, d’une part, des plantes herbacées de petite taille dans les régions tempérées (Europe, Amérique du Nord, Afrique du Sud) et, d’autre part, des espèces arbustives ou même arborescentes dans les zones élevées des montagnes équatoriales. Les Lobelias de ces régions donnent alors au paysage un aspect extrêmement curieux ; en effet, les feuilles sont imbriquées comme celles d’un Yucca, et, de leur centre, part, dressé, un très long épi rigide d’un mètre de haut et de vingt centimètres de diamètre (parfois plus). Sur les hautes montagnes d’Afrique (Kilimandjaro, Kivu, etc.), on les trouve vers l’altitude de 3 500 à 4 000 m, où ils forment, associés aux Séneçons géants, un biotope unique et des plus particuliers.

Des espèces herbacées de Lobelias d’Afrique du Sud sont employées en horticulture.

J.-M. T. et F. T.