Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Cali (suite)

Les étapes du développement

La région du Cauca, habitée primitivement par des Indiens, fut conquise par l’expédition de Sebastian de Belalcázar. Le site de Cali (à quelques kilomètres du Cauca, sur la petite rivière Cali, à environ 1 000 m d’altitude) fut choisi pour des raisons bien précises. Belalcázar cherchait une voie à travers la Cordillère occidentale pour atteindre le Pacifique. La ville de Cali devait donc être reliée à l’océan ; en fait, la liaison fut très difficile à réaliser et n’exista que beaucoup plus tard, avec le port de Buenaventura.

C’est en 1536 que Belalcázar fonda la ville et attribua à ses lieutenants les terres environnantes. Cali se peupla alors de propriétaires espagnols et de leurs serviteurs indiens. Vite décimés, ceux-ci furent remplacés par des esclaves noirs. La ville dut d’abord son développement à l’extension de l’élevage dans la région qui l’entoure. Mais, à partir du milieu du xixe s., ce centre agricole devint aussi une ville administrative, commerciale, financière et culturelle.


Les fonctions actuelles

La plus importante est sans doute la fonction commerciale régionale, car Cali est reliée par le chemin de fer à Buenaventura et à Popayán, et par la route à Bogotá et à Quito. Mais le développement industriel récent est très important, du moins à l’échelle assez limitée de la Colombie. Il résulte de la juxtaposition et de la conjonction de plusieurs facteurs : les capitaux venus de l’agriculture ; la proximité du port de Buenaventura, qui facilite l’arrivée des matières premières ; les facilités de communication avec le reste du pays pour redistribuer les produits fabriqués ; l’abondance des matières premières agricoles (sucre et coton en particulier) ; enfin la présence d’énergie grâce à la centrale hydro-électrique sur le fleuve Cauca. Cet ensemble de conditions favorables a permis le développement des industries alimentaires, textiles et chimiques ainsi que des fabriques de matériel de transport et de matériel électrique.

Malgré cet essor de l’industrie, les problèmes sont nombreux, car Cali est une ville d’immigrants, où les services et les habitations n’ont pas augmenté à un rythme aussi rapide que celui de la population, qui a plus que décuplé dans les quarante dernières années, et le nombre des sans-emploi est élevé.

M. R.

Californie

En angl. California, État de l’ouest des États-Unis, sur le Pacifique.


La Californie est aujourd’hui l’État américain le plus peuplé. Son climat et ses paysages, son histoire, son organisation de l’espace et de la société en font aussi un des plus originaux. Elle dispute la primauté économique à l’État de New York.


Le milieu

Une Vallée centrale, constituée par les bassins du Sacramento et du San Joaquin, est encadrée à l’est par la sierra Nevada, gigantesque bloc de roches cristallines relevé vers l’est (mont Whitney, 4 418 m), et à l’ouest par des chaînons côtiers de moindre altitude formés de sédiments plissés, obliques par rapport à la côte pacifique et coupés par la baie de San Francisco. Des accumulations volcaniques couronnent le sud de la chaîne des Cascades (mont Shasta, 4 317 m). Au sud se trouvent des régions basses (désert Mojave ; Vallée Impériale à – 73 m ; Vallée de la Mort à – 85 m). Des plaines discontinues bordent le Pacifique, notamment au sud (plaine de Los Angeles). La grande faille active de San Andreas coupe la Californie de San Francisco au bas Colorado (tremblement de terre de San Francisco, en 1906).

La Californie est réputée pour son climat de type méditerranéen. L’été, très chaud dans la Vallée Centrale, surtout au sud (moyenne de 28,5 °C et maximum de 38 °C en juillet à Bakersfield), est rafraîchi sur la côte par un courant froid (15 °C à San Francisco, où les brumes de mer sont fréquentes). La Vallée Centrale est peu arrosée, de 400 mm au nord à 150 mm dans le sud, où l’évaporation est supérieure aux précipitations. Les chaînons côtiers reçoivent de 550 à 900 mm, la sierra Nevada et les Cascades de 1 250 à 2 000 mm, dont une grande partie sous forme de neige (ces montagnes sont un château d’eau indispensable pour l’irrigation). Les pluies sont nulles ou faibles dans le désert Mojave, la Vallée de la Mort et la plaine côtière de Los Angeles - San Diego.

Le nord des chaînes côtières et de la sierra Nevada porte de belles forêts qui comprennent des conifères géants comme le sapin Douglas, l’épicéa d’Engelmann, les séquoias (red-woods). Les chaînes côtières du sud et le pourtour de la Vallée Centrale sont couverts d’une forêt claire (pins et chênes xérophiles, genévriers). Dans son état originel, la Vallée Centrale était garnie d’une formation herbacée. Le chaparral (petits chênes sempervirents associés à des plantes grasses et épineuses) subsiste encore dans les collines et plaines côtières du sud. Le creosote bush, formation encore plus ouverte de plantes grasses, ou l’absence totale de végétation caractérisent le sud-est aride.

P. B.


L’histoire


La Californie catholique et latine (1769-1846)

Découverte par les Espagnols et les Britanniques au xvie s., la Californie tire son nom d’un roman espagnol dans lequel le terme désignait une sorte de paradis terrestre.

En 1602-03, Sebastián Vizcaíno reconnaît la baie de Monterey. Puis, pendant un siècle et demi, les Indiens (environ 200 000) ne voient plus de Blancs. Au milieu du xviiie s., la pénétration espagnole reprend : sous l’impulsion du franciscain Junípero Serra, avec l’appui de quelques soldats, des missions sont fondées à partir de 1769 le long de la côte pacifique de San Diego à San Francisco, en passant par Los Angeles et Santa Barbara ; en tout, 21 établissements jusqu’à 1821.

Défendue par le fort militaire (presidio), accompagnée d’un village (pueblo) et d’un ranch (rancho) pour l’élevage, la mission a pour centre l’église, où les franciscains catéchisent les Indiens. Ceux-ci constituent la main-d’œuvre de la mission et apprennent les rudiments du travail artisanal. Ni massacrés ni vraiment émancipés, mais étroitement surveillés par les bons pères, les Indiens vivent dans la dépendance.

L’emprise espagnole reste faible. Très peu de colons viennent en Californie. Les Russes, les Anglais, les Français après le passage de La Pérouse manifestent leur présence sur la côte pacifique et guettent la proie. De fait, après l’émancipation de l’Amérique latine, la Californie tombe en 1822 entre les mains des Mexicains.