Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Calabre (suite)

Il n’existe naturellement pas de grande ville. Crotone, d’antique mémoire, est la seule ville industrielle (52 000 hab.) ; Cosenza (102 000 hab.) et Catanzaro (87 000 hab.) sont de simples centres locaux. Quant à Reggio, complètement détruite par un séisme en 1908, c’est une ville moderne de 167 000 habitants, qui s’intègre à un ensemble urbain très spécial, la « conurbation du détroit », de part et d’autre du détroit de Messine. Sa fonction de transit vers la Sicile est essentielle.

E. D.

➙ Grèce d’Occident / Mezzogiorno.

 J. Meyriat (sous la dir. de), la Calabre (A. Colin, 1960). / L. Gambi, Calabria (Turin, 1965).

Calais

Ch.-l. d’arrond. du Pas-de-Calais, sur le pas de Calais ; 79 369 hab. (Calaisiens). L’agglomération compte plus de 100 000 habitants.



L’histoire

À l’époque romaine, quelques habitations existaient sans doute à l’emplacement de la ville actuelle. Calais-Sud paraît avoir été construit sur un banc de galets, dit « des Pierrettes », resté probablement exondé lors de la grande invasion marine du ve s. qui se prolongea jusqu’au viie s. Peu à peu, du viie s. au xiie s., la mer recula, laissant des terres bientôt asséchées. En 938, Arnoul, comte de Flandre, attribue aux moines de Saint-Bertin le fisc de Merk, vaste domaine s’agrandissant sans cesse des terres conquises sur la mer. Le premier groupe qui se rattache à celui de Merk est Pétresse, l’ancêtre du Saint-Pierre actuel. En 961, Arnoul fait don aux moines de Saint-Bertin de l’église de Pétresse. Non loin de là s’établissent des pêcheurs, qui seront rejoints au xiie s. par des marchands séduits par le site favorable. L’acte de naissance de la ville de Kaleis est la charte que Gérard de Gueldre, comte de Boulogne, concéda à ses bourgeois, leur octroyant des échevins communaux et l’établissement de deux foires annuelles. À partir du xiiie s., Calais devient le principal point de passage entre la France et l’Angleterre ; les comptes des baillis de Calais nous montrent que la ville, qui fait partie de la Hanse, importe des laines d’Angleterre, des bois du Nord, des fers de Suède. Tombée en 1237 sous la domination des comtes d’Artois, la cité prospère rapidement. Mais elle est occupée par les Anglais et, après un siège de onze mois (3 sept. 1346 - 3 août 1347) dirigé par Édouard III, la garnison et les habitants sont épargnés, à l’exception de six bourgeois, dont Eustache de Saint-Pierre : ceux-ci doivent se livrer au roi « la hart au col et les clefs de la ville en leurs mains », mais l’intervention de la reine d’Angleterre, Philippa de Hainaut, les sauve. Les habitants sont expulsés, et le Calaisis est peuplé d’Anglais. Calais devient alors une importante place forte et un grand centre commercial pour le transit des laines entre l’Angleterre et la Flandre (privilège de l’étape). Sous le règne d’Henri VIII est introduite la Réforme, à laquelle la population anglaise de Calais oppose une assez vive résistance. Prise le 8 janvier 1558 par le duc François de Guise, puis en 1596 par les Espagnols, la ville est restituée à la France au traité de Vervins (1598). Des travaux de fortifications sont alors entrepris afin de rendre Calais imprenable, mais la ville perd de son importance sous Louis XIV au profit de Dunkerque. Chef-lieu d’un bailliage ressortissant au parlement de Paris et à une subdélégation dépendant de la généralité d’Amiens, Calais est chef-lieu de district pendant la Révolution, puis devient un actif et lucratif foyer de contrebande au temps du Blocus* continental. Au xixe s., l’importation de l’industrie de la dentelle (tulle à Saint-Pierre-lès-Calais) et l’ouverture des lignes de chemins de fer aboutissant à Douvres et à Calais entraînent un rapide développement de la ville, qui ne compte pas moins de 60 000 habitants au début du xxe s. Pendant la Première Guerre mondiale, Calais, importante base d’opérations de l’armée britannique, est souvent bombardé. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de violents combats s’y déroulent, et la plus grande partie de Calais-Nord est incendiée en mai 1940.

P. T.


La ville actuelle

La ville est formée de deux parties nettement séparées. Calais-Nord est la ville primitive, encore entourée par les vestiges de son enceinte, ville de résidence bourgeoise ou moyenne, du commerce, du port ; elle a été reconstruite après les destructions de la guerre. Calais-Sud est l’ancienne commune de Saint-Pierre, liée au développement du textile au xixe s., ville où s’imbriquent les usines et les petites maisons ouvrières. La séparation entre les deux parties est fâcheusement accentuée par le canal et la voie ferrée. Vers l’est se développent une Z. U. P. et des zones industrielles sans doute appelées à rejoindre Dunkerque, tandis qu’à l’ouest un équipement tertiaire et industriel devait se créer en liaison avec le débouché du tunnel sous la Manche.


Le port

Il est remarquablement situé, au point le plus étroit du pas de Calais ; les profondeurs de 35 m, nécessaires aux navires de 500 000 t, sont encore proches du rivage, alors qu’elles s’en éloignent vers le nord.

Le trafic de marchandises approche 4 Mt. Aux entrées, prépondérantes, il se compose de rondins de papeterie, de pâte à papier, de minerais de plomb, de zinc, de titane, de manganèse, d’argile et de kaolin. Accessible aux navires de 10 000 à 12 000 t, le port est handicapé par la proximité de Dunkerque et la mauvaise qualité des liaisons avec l’intérieur.

Toutefois, malgré ces mauvaises liaisons et la concurrence belge, Calais est le premier port français de voyageurs (3,35 millions par an et environ 400 000 véhicules). Il dispose de moyens puissants, variés : malles, car-ferries et, depuis 1966, aéroglisseurs (300 000 voyageurs en 1969).


L’industrie

Calais est une ville plus industrielle que portuaire : l’industrie y occupe 63,7 p. 100 des actifs, le tertiaire, 32,8 p. 100.

C’est d’abord la dentelle, qui occupe 40 p. 100 de la main-d’œuvre industrielle et produit les trois quarts de la dentelle mécanique française.