Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Bulgarie (suite)

La Bulgarie joue un rôle spécifique dans le cadre des institutions et des commissions spécialisées du Comecon. Sans doute n’a-t-elle pas renoncé à produire de l’acier, mais la spécialisation de son économie industrielle l’oriente plutôt vers l’exploitation des minerais non ferreux, la fabrication d’engrais, la production en masse de textiles et de produits agricoles, tels que les conserves. Les secteurs les plus rentables de l’industrie mécanique ont été bien définis par le Comecon : la Bulgarie s’est vue confier une large partie de la fabrication de matériel électrique. Les trois quarts du commerce extérieur se font encore naturellement avec l’Union soviétique. Les ports de Varna et de Burgas effectuent la majeure partie de leur trafic avec Odessa et les autres ports de la mer Noire. Mais la part des échanges avec l’Ouest et les pays du tiers monde s’est accrue, et la Bulgarie joue un rôle certes modeste, mais non négligeable dans l’aide du camp soviétique aux pays sous-développés, envoyant des cadres, des architectes et des médecins en Afrique du Nord et dans le Moyen-Orient, participant aux travaux d’aménagement agricole, au montage de centrales ou d’usines de mécanique.

Enfin, comme la Roumanie et la Yougoslavie, la Bulgarie a remarquablement développé son équipement touristique, entreprend des campagnes de publicité à l’étranger, reçoit un nombre de plus en plus important de touristes occidentaux, qui lui apportent des devises, et développe ses équipements sur la côte de la mer Noire et même dans les montagnes. L’apport non négligeable de « ressources invisibles » contribue à la solidité de sa balance des échanges extérieurs. C’est avec juste raison qu’on appelle parfois la Bulgarie « la Suisse des pays socialistes ».


Aménagement du territoire et production

Les résultats de la politique économique ont été assez lents à se manifester : après une période de « décollage » et des difficultés nées des mesures incessantes de réorganisation, les taux de croissance, les indicateurs économiques et les productions globales par secteurs montrent que, depuis 1960, la Bulgarie est un pays en voie de développement rapide.

• L’agriculture reste une branche importante. Les trois quarts de la production se trouvent concentrés dans le secteur étatique et coopératif. L’État gère quelques grosses fermes spécialisées. Les coopératives, appelées ici « exploitations agricoles de travail coopératif », regroupent les terres de nombreuses exploitations privées et s’étendent généralement sur un et parfois sur plusieurs villages. Leur taille moyenne, de 4 000 ha, varie selon les régions : les coopératives peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d’hectares dans les plaines et les régions pastorales. Un Conseil national des coopératives, institué en 1967, est chargé de coordonner la production, de diffuser les techniques nouvelles (notamment l’emploi des engrais) et de développer l’industrialisation des communes restées rurales. Le plus grand effort concerne l’aménagement des pentes sous forme de terrassettes en vue de lutter contre l’érosion des sols, la réglementation des élevages provoquant la dégradation de la forêt, et surtout les travaux d’irrigation. Il semble que la Bulgarie arrive en tête des pays balkaniques pour les superficies irriguées : plus d’un million d’hectares au total (près de la moitié dans la plaine alluviale et les plaines affluentes du Danube ; 400 000 ha dans le bassin de la Marica). Ces périmètres sont alimentés soit par un grand nombre de lacs de collines, soit par des barrages de grande taille dans les vallées montagnardes du Rhodope et de la Stara Planina, qui fournissent également de l’électricité (Iskăr, Batak, Studen Kladenec dans le Rhodope ; Aleksandăr Stambolijski et Dimitrov dans la Stara Planina). L’équipement du Danube doit être achevé, en collaboration avec la Roumanie, par la construction de deux grands ouvrages : l’un en aval, en Dobrudža, l’autre au niveau de Islaz-Somovit. Les résultats de la politique agricole sont sensibles dans le domaine de la production. Les rendements des céréales ont presque doublé, sans que les superficies se soient notablement accrues. En revanche, les surfaces consacrées à la betterave à sucre ont quintuplé ; celles qui sont consacrées au coton ont triplé ; les cultures maraîchères, fruitières et industrielles (pommes de terre, tomates, melons, tabac et tournesol) s’étendent sur le cinquième du territoire cultivé, mais fournissent plus du tiers du revenu agricole global. Le cheptel se compose encore d’une douzaine de millions d’ovins, et le développement rapide des cultures fourragères a permis d’élever l’effectif bovin, encore faible (moins de 2 millions de têtes).

• La Bulgarie équipe ses mines. Insignifiante avant la guerre, la production minière a connu un essor rapide. L’énergie est fournie dans la proportion des deux tiers par les lignites du bassin de la Marica, utilisés surtout dans des centrales thermiques géantes. Des prospections récentes ont permis l’exploitation d’un gisement de gaz naturel dans le district de Vraca, d’hydrocarbures dans la vallée de la Kamčija (région de Tjulenovo), qu’un oléoduc de 160 km conduit à Varna. Le minerai de fer est extrait dans la région de Kremikovci, et une sidérurgie s’est développée, d’abord à Pernik (anc. Dimitrovo), ensuite à Kremikovci, à partir du fer local, mais aussi de coke et de fer soviétiques. Les minerais non ferreux assurent le plus d’originalité à l’industrie minière bulgare. Le district de Kărdžali fournit du plomb et du zinc et l’arrière-pays de Varna du manganèse ; la production de cuivre, de loin la plus importante, se concentre dans la région de Pirdop, entre la Stara Planina et la Sărnena Planina.

• Ainsi étaient créées les conditions de développement d’une industrie lourde et d’une industrie de transformation : c’est évidemment cette dernière qui prend le plus d’importance. La valeur de la production est assurée par trois branches principales : la chimie, la métallurgie légère et le textile. La raffinerie de Burgas s’agrandit et se complète avec la construction d’un combinat pétrochimique qui doit fournir des matières plastiques, des textiles synthétiques et du caoutchouc. De grosses usines d’engrais ammoniacés à Stara Zagora et phosphatés à Dimitrovgrad, dans la vallée de la Marica, ainsi que de gros combinats chimiques (dérivés du cuivre dans la région de Pirdop ; soude à l’usine « Karl Marx » de Reka Devnja) concentrent les trois quarts de la production. La métallurgie est relativement plus dispersée : l’acier et les non-ferreux alimentent les constructions navales de Varna et de Burgas ainsi que des entreprises moyennes de construction mécanique dans presque toutes les villes. Le textile, enfin, est dispersé en une foule d’ateliers assurant une production de qualité (tapis, soie) ou concentré en trois gros combinats fournissant une production de masse, dont une partie est réservée à l’exportation (le combinat Marica de Plovdiv, l’usine « Ernst Thälmann » à Sofia et celle, plus récente, de Gabrovo).